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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Ménard, René: Jean de Bologne
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0229

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198 L'ART.

Borghini, qui en a fait la description, ajoute : « La première chambre est entourée de modèles par Gian
Bologna, et de statues, dessins et tableaux d'autres maîtres; en somme, on trouve dans cette villa tout
ce qui peut plaire au corps et nourrir l'esprit. »

• Jean de Bologne a passé en ce lieu les plus belles années de sa jeunesse, et il n'est pas douteux
qu'un pareil séjour n'ait eu sur son talent une influence considérable.

On commençait à parler de lui dans Florence, mais comme les mauvaises langues vont toujours leur
train, on insinuait que le jeune artiste flamand faisait de ravissantes maquettes en cire ou en argile, mais
que, faute d'études suffisantes, il serait incapable de faire une véritable statue. Piqué de ce propos, Jean
de Bologne exécuta en marbre une Venus que Vecchietti trouva si remarquable qu'il alla sur-le-champ
la montrer au duc François, en lui présentant son protégé. Le duc, ravi de ce qu'on lui montrait, accorda
immédiatement au jeune artiste son patronage avec une pension annuelle et se rendit acquéreur de la
Vénus, qu'il fit placer dans sa chambre à coucher. Cette Vénus, le premier ouvrage important de Jean de
Bologne, est aujourd'hui placée dans la grotte faisant face à l'entrée des jardins Boboli.

Le sculpteur flamand est là en bonne compagnie ; ce n'est pas d'ailleurs la seu^e œuvre de lui qui se
trouve au jardin Boboli. Le bassin de l'Isoletto est formé d'une grande vasque d'où s'élève une statue de
Neptune par Jean de Bologne. Aux pieds de la statue, trois figures personnifiant le Gange, le Nil et
l'Euphrate, versent dans la vasque l'eau qui s'échappe d'une urne. En haut des terrasses qui dominent le
jardin, on voit aussi une statue de l'Abondance, dont Jean de Bologne a fourni le modèle, mais la figure a
été terminée par Tacca, son élève. Dans le principe, cette figure était destinée à représenter Jeanne
d'Autriche, femme de François, le duc régnant alors, et mère de Marie de Médicis. On peut voir au
Louvre le portrait du duc François et celui de la duchesse peints par Rubens.

Ce duc François était un homme profondément vicieux, mais comme tous les Médicis, il était grand
amateur de beaux-arts. Il résolut d'élever une fontaine sur la place de la Seigneurie, à Florence, et un
concours fut ouvert à cet effet. Seulement, au lieu d'un concours sérieux comme celui qui avait eu lieu
autrefois pourles portes du baptistère de Florence, nous assistons à des intrigues dont Jean de Bologne
fut la victime, mais dont les détails sont fort curieux parce qu'ils nous font pénétrer dans l'intimité des
mœurs de cette époque.

Le sujet proposé pour la fontaine devait être un Neptune, et on avait apporté à Florence un
superbe bloc de marbre destiné au sculpteur qui aurait la commande. Il y avait alors à Florence plu-
sieurs sculpteurs très-renommés, et l'opinion publique désignait hautement Cellini, qui avait sur ses
rivaux l'avantage d'une ancienne et immense réputation ; mais il était haï de la duchesse, qui tout en
laissant faire un semblant de concours, avait arrêté d'avance le choix du sculpteur auquel la commande
devait être faite : c'était Bartolommeo Ammanato.

Cependant Cellini, qui avait reçu du duc l'ordre secrefde faire un modèle, se mit à y travailler
avec ardeur, et plusieurs autres artistes, ne connaissant pas les intentions delà duchesse et pre-
nant le concours au sérieux, se mirent en masure de préparer des esquisses. Parmi les concurrents,
Cellini cite Jean de Bologne, sans toutefois dire un seul mot sur sa composition. Vasari qui, n'étant
pas concurrent, n'est pas suspect de partialité, dit que le modèle de Jean de Bologne était supérieur
à tous les autres, mais que le duc ne l'alla pas même voir. Il est aisé de reconnaître là une de ces
manœuvres d'artistes si communes à cette époque. Cellini se croyait absolument sûr de la victoire,
quand ayant été invité à dîner, il revint avec d'épouvantables coliques, qu'il attribua à un empoisonne-
ment, d'autant plus qu'il se rappela avoir mangé d'un plat auquel les autres n'avaient pas touché.
« De tout cela je conclus, dit-il dans ses Mémoires, que l'on m'avait administré une dose de sublimé
dans une sauce fort bien accommodée et d'un goût fort agréable. En effet, le sublimé produit tous les
symptômes qui se manifestèrent chez moi. Par bonheur, je mange ordinairement la viande sans sauce et
sans autre assaisonnement que du sel. C'est pourquoi je ne pris que deux bouchées de cette sauce, et
encore parce qu'elle avait une saveur exquise... Bien que je me sentisse grièvement malade, je ne laissai
pas que de vouloir travailler à mon modèle de Neptune ; mais au bout de quelques jours mes souf-
frances s'accrurent au point que je fus obligé de garder le lit. Aussitôt que la duchesse en fut informée,
elle fit adjuger, sans concours, le malheureux bloc de marbre à Bartolommeo Ammanato. Celui-ci m'en-
voie dire par messer... qui demeure ruedu... que j'étais libre de disposer comme bon me semblerait de mon
 
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