Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

DOI Artikel:
Selvatico, Pietro: La maison de Louis Cornaro, [2]: surnommé Vita Sobria, à Padoue
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0283

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
242 L'ART.

et arrêtons-nous sur celles qui restent encore debout dans la cour, et qui seules peut-être sont
dues au compas de Falconetto.

Pour bien apprécier la valeur artistique de ces parties, il faut signaler leur destination, ce qu'il
est facile de conjecturer par des témoignages contemporains, et plus encore par ce que nous dit le
Cornaro lui-même dans plusieurs passages de ses Discorsi délia vita sobria.

Le corps de bâtiment placé au'milieu était destiné, à ce qu'il paraît, à recevoir, en certains jours,
les savants de Padoue liés d'amitié avec le maître, ce qui revient à dire, à tout ce qu'il y avait alors
dans la ville de plus distingué dans la littérature et les sciences. Un homme qui, comme le Cor-
naro, comptait parmi ses intimes monseigneur Pietro Bembo, Ruzzante Peolio, Sperone Speroni,
Daniel Barbaro, devait être fêté continuellement par tous les esprits d'élite qui alors abondaient à
Padoue, attirés par l'Université que la République de Venise venait d'ouvrir de nouveau en 1517, après
huit ans de clôture

L'autre corps, à droite, était réservé pour écouter de la musique, art que notre patricien aimait
passionnément, et dans lequel il excellait, jouant à merveille de plusieurs instruments. Sur le troisième
corps, qui devait servir de pendant à celui que nous avons décrit, il est impossible de rien dire, car il
fut abattu, et il n'existe pas de notice qui nous permette d'en deviner l'usage.

L'édifice central, que nous appellerons la Loggia, comme on l'appelait jadis et comme on
l'appelle encore à présent, est une bâtisse à deux étages, dont le rez-de-chaussée forme la véritable
Loggia. Celle-ci présente sur la façade cinq arcades, qui reposent sur six pieds droits desquels se
détachent en saillie, soutenues par des piédestaux, six demi-colonnes doriques qui portent un entable-.
ment. L'arcade centrale est plus large que les autres, et s'en distingue aussi par deux belles Victoires
qui sont sculptées en ronde bosse d'un côté et de l'autre du claveau. Sur cette arcade l'entablement
vient en saillie tout entier, tandis que sur les autres il est en retrait, s'avançant en saillie seulement
sur les colonnes. Les impostes, très-saillantes aussi, se profilent du côté de la colonne pour n'en pas
couper le fût.

L'intérieur de cette Loggia se compose d'une seule pièce dont les décorations dés portes et des
fenêtres sont presque effacées, excepté dans le plafond en voûte surbaissée qui laisse encore discerner
les encadrements à stucs qui ont renfermé autrefois des figures peintes, dont à présent il est devenu
impossible de reconnaître les sujets. L'étage supérieur, à ce qu'il paraît, ne forma jamais qu'une
seule salle destinée probablement aux réunions d'hiver ou composant la bibliothèque. Le front de cet
étage est divisé en cinq compartiments par six pilastres ioniques, soutenus par un égal nombre de
piédestaux. Un entablement qui a la même saillie que celui du rez-de-chaussée couronne le petit
édifice. Dans les cinq interpilastres s'ouvrent, alternées entre elles, deux fenêtres et trois niches. Les
premières sont surmontées par des frontons courbés, les secondes, au contraire, par des frontons
triangulaires.

Les niches contiennent trois statues très-remarquables par leur style largement emprunté à
l'antique. Celles des niches latérales représentent à droite Minerve, à gauche Apollon; celle du
centre contient une Vénus avec un petit Amour qui embrasse un de ses genoux 2.

Ces belles statues furent sculptées, selon l'écrivain anonyme que nous avons déjà cité 3, par Jean
de Padoue, élève du célèbre Cristoforo Solari, dit le Gobbo di Milano. Il fut aussi l'auteur des deux Vic-
toires qui, comme nous avons vu, flanquent le claveau de l'arcade centrale, et à sa main on doit aussi
les têtes, vraiment admirables, qui forment agrafe sur le milieu de tous les archivoltes.

L'ensemble de ce petit édifice est plein d'harmonie, et ses détails méritent l'attention sérieuse des
architectes, notamment l'arcade centrale du rez-de-chaussée, d'une proportion sévère et élégante, et
les profils des chambranles qui entourent les niches et les fenêtres. Les consoles en particulier, qui en

Siinto. dont le nom de famille étaic Cesaro} peignit aussi les fresques d'une chapelle dans l'église de Saint-François a Padoue, fresques qui
existent encore, et qui ont une grande valeur de coloris. Et pourtant les historiens de l'art ont presque oublié cet ar;iste.

1. La guerre amenée par la ligue de Cambray avait été la cause de cette clôture.

2. Donner la place d'honneur à la Déesse de ces plaisirs que le Cornaro avait abandonnés quand il rérorma ses mœurs ne ferait-il
pas soupçonner que l'austère gentilhomme sentait encore du penchant pour ses vieilles erreurs?

3. Le livre : Notifie d'opere di disegno, page 10. Il paraît que le nom de famille de cet artiste fut Moscu. (V. ClCOGNARA, Storia
delta Sculturjj au vol. Ve, page 489, et Pjetrucci, Biograjia degli artisti padovani.
 
Annotationen