Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

DOI Artikel:
Yriarte, Charles: Lettres de Milan, [3]
DOI Artikel:
Un congrès de peintres en 1468
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18879#0237

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
UN CONGRÈS DE PEINTRES EN 1468.

209

rarement on les a réunies en plus grand nombre. Plus de cent
d'entre elles sont du commencement du xvi" siècle et ont été
trouvées en bloc dans une vieille forteresse prés de Bologne.
On en découvrit plus de deux mille en une seule fois, rangées
dans un magasin en dépôt; l'Etat les mit en vente et les
amateurs de Milan et de Bologne s'en rendaient acquéreurs
en payant la pièce de 5 à 10 francs; il y a des raisons de
croire que ces casques n'avaient pas encore servi et consti-
tuaient un dépôt d'armement des dernières compagnies
d'aventure au service des Bentivoglio.

Le corps môme de la salle est occupé par les armures
équestres de joute et de tournois, et par les vitrines qui
contiennent les pièces de choix; tout en bas, adossées au mur
à hauteur d'appui ou debout appuyées à la muraille, sont les
armures de pied, les plus riches ou les plus intéressantes au
point de vue de la provenance ou de l'histoire. Enfin, tout en
bas, au-dessous de la plinthe, protégés par des barrières à
hauteur d'appui, sont posés sur le sol les engins de rempart,
les bombardes, les sarbacanes (cierbottanej, les boulets de
pierre ou de métal, les obusiers, coulevrines, modèles et
projectiles de toute nature, qui peuvent jeter un jour sur
l'histoire de l'artillerie ou qui présentent un intérêt par la
forme ou la provenance.

On voit que je ne fais qu'indiquer rapidement la nature

des choses dans ce vol d'oiseau trop rapide, et on n'attend
pas de moi l'énumération des 1,128 pièces dont se compose
YArmeria; signalons cependant, au milieu des nombreuses
vitrines qui occupent tout le centre de la salle sur toute sa
longueur, la vitrine H, qui contient onze casques, cuirasses,
brassards et jambières en bronze, quatre freins, trois poignards
et une dague, le tout provenant de fouilles faites dans la
Basilicate et qu'on doit rattacher à la précieuse période de
l'art de la Grande-Grèce, à laquelle appartient le fameux frag-
ment de la collection Eugène Piot, la Jambe d'une statue d'un
lutteur aux jeux olympiques. Le casque n° 1 est une pièce sans
prix, il porte en caractères messapiques l'inscription suivante :
Ve^io Pisio... anas de Metaponte; c'est le nom de l'artiste ou
du donataire.

Je n'insiste pas davantage ; on pourra à l'avenir publier
des notices détaillées sur tel ou tel objet, et nous l'eussions
certainement fait s'il nous eût été permis de faire photogra-
phier quelques-unes des pièces les plus rares des collections
Poldi Pezzoli, mais la fondation vient à peine d'être ouverte
au public, nous nous sommes borné à en signaler l'importance
aux voyageurs. Milan compte désormais un attrait de plus
pour les visiteurs et c'est à la libéralité éclairée de Poldi
Pezzoli qu'il le doit.

Charles Yriarte.

UN CONGRÈS DE PEINTRES EN 1468'

Les congrès artistiques ne sont pas d'invention moderne,
ainsi qu'on pourrait bien le croire, au moins en Belgique.
Cette notice en fournira la preuve.

Deux fois, au temps des ducs de Bourgogne, un grand
nombre d'artistes se trouvèrent réunis pour collaborer en
commun à des travaux ordonnés par ces princes. En 1464, une
quarantaine de peintres, maîtres et apprentis ou valets, comme
on disait alors, avaient été engagés à Tournai, à Arras, à
Douai, à Bruges, à Audenarde, et jusqu'à Amiens, afin de se
rendre à Lille où ils devaient exécuter ces fameux entremets
composés de scènes, de décors et de pièces montées qui ser-
vaient d'intermèdes pour égayer les banquets d'alors. Olivier
de la Marche nous en a conservé une description des plus
détaillées. Philippe le Bon avait invité à une fête qu'il donna
au mois de février les principaux seigneurs et dames de sa
cour, et c'est dans cette circonstance que furent prononcés par
les ducs et ses chevaliers, sur le corps d'un pauvre faisan, les
vœux solennels de se rendre en Orient pour arracher la Pales-
tine aux mains des disciples de Mahomet. L'expédition resta
à l'état de projet.

Au mois de juillet 1468 eurent lieu à Bruges les splendides
réjouissances organisées à l'occasion du mariage de Charles
le Téméraire avec Marguerite d'York, la sœur du roi d'Angle-
terre. Elles consistèrent en tournois, festins et récréations de
tous genres. Les yeux et les oreilles des spectateurs furent
également satisfaits. Des sommes énormes ont été dépensées
à cette occasion. Un précieux document qui a été conservé
fait connaître la très large part qu'eurent les peintres, sculp-
teurs et enlumineurs dans les travaux commandés pour célé-
brer somptueusement les noces du duc. Différents ouvrages
modernes en ont publié des extraits dans lesquels sont consi-
gnés les noms des artistes qui y furent employés. C'est encore
Olivier de la Marche qui nous a décrit fort minutieusement les
festivités de Bruges de 1468. Il en avait été, du reste, l'ordon-

I. Nous empruntons cette très intéressante notice de notre savant collaborate

Tome XXVI.

nateur avec Jacques de Villers, écuyer, échanson d'Isabelle
de Portugal, duchesse douairière de Bourgogne.

Les peintres réunis à cette époque dans la métropole de
la France étaient venus d'Anvers, de Bruxelles, de Gand, de
Louvain, d'Audenarde, de Tournay, de Lille, de Valenciennes,
de Douai, d'Arras, de Cambrai, etc. Plusieurs d'entre eux
avaient travaillé à Lille en 1454. Sans compter ceux de Bruges,
il y en avait environ cent quarante. Jean Hannekart et Pierre
Coustain, les peintres officiers du duc, étaient allés les recruter
un peu partout. Le prince leur avait donné verbalement la
mission de rechercher « les meilleurs maistres paintres et autres
compagnons d'icelui mestier qu'on peust trouver ne finer dans
ses bonnes villes de par-deçà. » On sait qu'au xv1' siècle ceux
qui exerçaient cette profession peignaient à la fois des sculp-
tures de toutes sortes, les chariots à l'usage de nos souverains,
les caparaçons et les selles des chevaux pour les tournois, les
armoiries sur les boucliers, les péririons, les bannières et les
cottes des hérauts, etc., et qu'ils étaient notamment chargés
de décorer ces gigantesques pâtés destinés aux festins, et dans
lesquels on enfermait des oiseaux, des animaux, et souvent
des nains et des enfants.

Le magistrat de Bruges fit distribuer 3 livres de gros aux
peintres, sculpteurs et ouvriers des divers métiers occupés à
confectionner dans la maison des Passementiers les décors et
engins de la fête nuptiale, pour payer, croyons-nous, une
partie des dépenses qu'ils firent à l'occasion d'un banquet.

Cette réunion accidentelle d'un nombre aussi considé-
rable de peintres et d'enlumineurs, qui pendant plusieurs mois
concoururent à l'exécution des mêmes travaux, dut avoir sans
aucun doute une influence directe sur les arts. Les plus habiles
ne tardèrent pas à être distingués, et parmi eux il y en a qui
ont leur place marquée dans l'histoire. Dans leurs rapports
journaliers, et surtout dans leurs entretiens du soir, à leur
ostel, ils devaient naturellement parler des œuvres qu'ils

', M. Alexandre Pinchart, au Bulletin de l'Académie royale de Belgique.

27
 
Annotationen