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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Chronique française
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Nécrologie: Narcisse Diaz
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0257

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2l6'<

L'ART.

manière notable la somme a consacrer chaque année aux acqui-
sitions.

L'Exposition durera du 8 janvier 1877 au 6 mars suivant.

Les artistes de Paris peuvent faire leurs envois à M. Toussaint,
rue du Dragon, n° 13, à Paris. Les autres devront s'adresser à
M. le secrétaire de la Société des Amis des Arts, à Pau.

NECROLOGIE

NARCISSE DIAZ.

Encore un deuil pour la peinture française! La mort qui
fauche avec une égale impassibilité les vieux et les jeunes,
les forts et les faibles, vient de frapper un des représentants
les plus brillants et les plus populaires de cette vaillante
génération d'artistes qui s'épanouit au lendemain de 1830,
et qui depuis près d'un demi-siècle a jeté tant d'éclat sur la
France. Narcisse Virgile Diazde la Pefiaest mort à Menton,
le 18 novembre, dans sa soixante-dixième année. Il était né le
20 août 1807, à Bordeaux, où s'étaient réfugiés ses parents,
chassés d'Espagne à la suite d'une conspiration contre Joseph
Bonaparte. Cette origine espagnole que révèle clairement un
nom sonore et fier se trahit parfois dans la peinture du célèbre
artiste. Si Diaz a pu deviner l'Orient qu'il n'avait jamais vu,
s'il a pu inventer un Orient tout personnel, mais dont la
fantaisie garde comme un reflet de la réalité, s'il a pu créer
toutes ces odalisques, ces bohémiennes, toutes ces turqueries
charmantes, dont les étincelantes tonalités et les délicieux
bouquets de couleur ont fait si longtemps illusion, à ce point
qu'on n'a pas hésité à lui attribuer un grand voyage à travers
les contrées que son imagination avait seule explorées, cela
tient peut-être à ce que l'auteur de ces « orientales » est un
enfant de cette Espagne que l'Orient, par les Maures, a
marquée d'une empreinte indélébile. Dans ses Vénus au
contraire, ses Baigneuses, ses Dianes, et toutes ces scènes
voluptueuses qu'il a quelque peu prodiguées, Diaz a cherché
le Corrége, vers lequel il se sentait attiré par un charme
irrésistible, et d'Espagnol s'est fait Italien. Mais né en
France, élevé en France, Diaz est bien Français, et surtout
par le paysage, qui restera son plus beau titre de gloire. A
côté de Théodore Rousseau, dont il fut l'ami dévoué, l'ad-
mirateur enthousiaste, et dont il contribua puissamment à
faire apprécier le génie longtemps contesté, il a sa place à la
tête de ce groupe de maîtres qui a fait de l'école française
du paysage au xixe siècle la rivale de l'école néerlandaise
du xvne et de l'école anglaise du xvme siècle. Les géné-

1. Voir l'Art, t" année, tome III, page 20Û.

rations nouvelles auront quelque peine à combler les vides
que laissent, en disparaissant tour à tour, ces initiateurs si
brillamment doués. Il se peut qu'ils aient parfois cédé aux
séductions de la production facile, qu'ils aient fait du métier,
travaillé pour la vente, gaspillé leur talent en des œuvres
médiocres, indignes de leur renommée ; mais, natures vigou-
reusement trempées, ils avaient des retours sur eux-mêmes
et des réveils de conscience qui leur donnaient de solides et
superbes revanches. S'ils se sont répétés pour complaire au
public, ils n'en ont pas moins dit ce qu'ils avaient à dire, et
de telle façon qu'il est impossible de le redire après eux,
fût-ce même autrement. Diaz eut de ces retours et de ces
réveils, et assez puissants pour laisser au milieu d'une pro-
duction surabondante un nombre de chefs-d'œuvre qui lui
assurent l'immortalité. Il fut par excellence le peintre des
dessous de bois ensoleillés, et si la forêt après avoir inspiré
tant d'artistes fait hésiter aujourd'hui et reculer le paysagiste,
la faute' en est pour une grande part à Diaz, un des maîtres
contemporains qui en ont fait leur chose, y onc mis leur
griffe, et en ont fouillé les mystères de telle sorte qu'elle
n'a plus de secrets à raconter. Notre intention n'est pas de
nous livrer en ce moment à une étude approfondie sur la
vie et l'œuvre de Diaz. Déjà notre collaborateur, M. Jules
Claretie, en quelques pages que les lecteurs de l'Art n'ont
pas oubliées1, a caractérisé l'homme et le peintre, —l'homme
non moins sympathique que l'artiste, âme généreuse, expan-
sive, esprit plein d'humour et d'originalité, nature droite,
franche et gaie, — le peintre un des magiciens de la couleur.
L'Art ne manquera pas de rendre hommage au maître qui
s'en va ; nous reprendrons l'analyse de son œuvre, en réunis-
sant quelques-unes de ses plus remarquables productions.
Pour aujourd'hui nous avons voulu seulement exprimer les
profonds regrets, les douloureux sentiments qu'une telle
mort inspire aux amis du peintre, et à tous ceux qui ont le
culte de nos gloires artistiques.

Le Directeur-Gérant : EUGENE VÉRON.

Fac-similé d'un dessin de L. Gauchcrel.
 
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