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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Soldi, Émile: Les camées et les pierres gravées, [2]: histoire d'un art qui tombe
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0291

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250 L'ART.

M. de Nieuwerkerke commanda aussi la copie sur une agate colossale de l'apothéose de Napoléon Ier
par Ingres, un des plafonds de l'ancien Hôtel ds ville incendié. Cette pierre terminée dernièrement a
été par exception placée au Musée du Luxembourg; elle est malheureusement monochrome, ce qui ôte
beaucoup d'intérêt artistique à cette copie. Enfin M. Haussmann fit exécuter pour le salon de la Paix
du même monument une cheminée au fronton de laquelle se silhouettait trois figures où l'argent et la
pierre fine jouaient le plus grand rôle; mais le travail fut donné au rabais, aucun artiste ne voulut
l'accepter et l'orfèvre qui l'entreprit fut obligé de les faire graver en partie en Allemagne ; l'exécution
fut des plus faibles et l'ensemble manqué. Le choix de pierres translucides pour les extrémités des
figures eut pour résultat que le corps de celles-ci fondu en argent paraissait tronqué. La perte de ce
travail est peu regrettable.

L'adaptation des pierres gravées à nos usages peut être infinie. Nous nous rappelons avoir com-
posé une décoration où la pierre fine se mêlait à l'or et à l'émail, elle devait servir à remplacer les
insignes distinctives assez banales que portaient sous l'empire les dames des conseillers municipaux
dans les réceptions de la ville.

Il serait utile de rétablir le prix de Rome spécial à la gravure en pierre fine, tel qu'il a existé
jusqu'en 1810 ; sa réunion avec celui de la gravure en médaille a été une erreur; sauf une ou deux
exceptions, les prix de Rome de gravure en médaille et en pierre fine ont presque tous abandonné la
glyptique dès leur retour de la villa Médicis. Du reste ces deux arts n'ont aucune ressemblance, ni en
théorie, ni en pratique. Comme avant, on alternerait le prix de gravure en pierre fine avec celui de gra-
vure en médaille, ce qui diminuerait le nombre de ces derniers, qui pour la plupart n'ont pas de travaux.

La création d'une classe spéciale de gravure en pierre fine à l'École des Beaux-Arts, à l'imitation
de celle si prospère de Munich, serait désirable. En tout cas, il est incroyable que cette classe n'existe
pas à l'Ecole municipale de l'art appliqué à l'industrie. Il nous manque une école nationale où l'orfè-
vrerie, la gravure en pierre fine, la sculpture sur bois, etc., etc., auraient un enseignement spécial. Nous
avons entendu vaguement parler d'un projet semblable du directeur des Beaux-Arts, M. le marquis de
Chennevières. Profitez de la bonne volonté des Chambres et du conseil municipal et hâtez-en l'exécu-
tion, monsieur le directeur; c'est une fondation des plus urgentes et qui vous fera grand honneur!

Depuis longtemps, la place du graveur en pierre fine est vacante à l'Institut; la tentative faite
il y a deux ans pour la remplir n'a pas réussi, et c'est un troisième graveur au burin, M. François, qui
a été nommé. Nous n'avons pas à préjuger le mérite des graveurs en pierre fine que l'Institut avait
admis à se présenter et qui n'ont pas été élus; mais nous tenons à rappeler aux artistes graveurs que
la place existe et que c'est une belle récompense réservée à celui qui saura assez élever son art
et lui sacrifier une petite part des bénéfices que donne le métier appliqué à l'industrie.

Le Salon de 1876 a vu quelques heureuses innovations que nous n'avions jamais cessé de récla-
mer. Un graveur en pierre fine a été adjoint au jury de sculpture; cet honneur a échu à M. Galbrunner,
dont j'ai parlé plus haut. Les graveurs ont pu envoyer dans un cadre n'excédant pas un mètre autant
d'oeuvres qu'ils ont voulu. Peu d'artistes en ont profité cette année, la plupart croyant le règlement
aussi dur à leur égard que les autres fois. D'ailleurs, on ne peut guère aimer ces lignes de petits cadres
placés bout à bout sur une cimaise. Pourquoi ne procéderait-on pas comme les joailliers et ne place-
rait-on pas une grande vitrine au milieu d'une des grandes salles de peinture? Cette vitrine, à étagère
ou à pans inclinés, serait tendue de soie blanche sur laquelle la réunion des intailles et des camées
formerait un tout attrayant et agréable à l'oeil.

Malgré la faiblesse de l'exposition, il est bien extraordinaire que l'art de la glyptique ait survécu à
tant d'indifférence. Est-ce que la sculpture et la peinture d'histoire auraient encore de si brillants
représentants sans toutes les protections que l'Etat et l'élite de la société n'ont cessé de leur prodiguer?
Cette protection, la pierre gravée en a joui jusqu'à la chute de la monarchie. Coldoré, qui possédait le
titre de graveur en pierre fine du roi, partageait avec Molière celui de valet de chambre de Sa Majesté!
faveur étrange, mais vivement ambitionnée alors. La protection et les privilèges accordés par le roi aux
artistes n'étaient pas spéciaux aux peintres, sculpteurs et architectes, mais à tous ceux qui faisaient
œuvres d'art sous n'importe quelle forme. Les ateliers du Louvre étaient occupés aussi bien et au
même titre par les faïenciers, joailliers, fabricants de petits meubles, serruriers, etc. Les dénominations
 
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