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Champfleury: Études sur l'art, la littérature, la musique d'après les vignettes romantiques, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0021
Frise dessinée par Louis Tettelin et gravée par L. Ferdinand.
ÉTUDES
SUR
L'ART, LA LITTÉRATURE, LA MUSIQUE
D'APRÈS LES VIGNETTES ROMANTIQUES1
(suite)
III
DE l'INFLUENCE GERMANIQUE SUR l'aRT ROMANTIQUE
e n'est pas une vaine curiosité qui pousse un peuple à s'inquiéter
du mouvement intellectuel des nations voisines, et le libre-
échange, malgré les difficultés qu'il crée, a sa raison d'être en art
comme en produits industriels. Si parfois un engouement momen-
tané résulte de cet échange d'idées et de forme entre deux
peuples, les littératures et les arts de l'Orient ne montrent-ils
pas le danger de vivre sur un fonds archaïque, sans appliquer
des greffes à des rameaux épuisés pour en obtenir de nouvelles
fleurs? L'Inde, la Chine, qui furent des foyers de littératures
mères, se figèrent clans leurs panthéons consacrés à un bouddhisme
Lettre du xvi° siècle. Collection BonnarTé.
accroupi.
La France, fertile en soubresauts, échappa à ces dangers. Vers 1820, les romantiques eurent
raison d'aller à l'Allemagne : trente ans auparavant, Goethe et Schiller étaient bien allés à la
France. Un guide enthousiaste, Mme de Staël, avec son livre de l'Allemagne, guidait la littérature
dans ce voyage au-delà du Rhin. Ce fut une empreinte marquée qu'en reçut la poésie française,
empreinte qui ne s'était pas entièrement effacée en 1847, époque à laquelle débutait une nouvelle
génération, et qui dura jusqu'en i85o, comme pour bien marquer la fin du demi-siècle; mais
déjà la marque devenait fruste par trop de moulages successifs et les esprits jeunes n'eurent que
1. Voir l'Art, 6e année, tome IV, page 273.
ÉTUDES
SUR
L'ART, LA LITTÉRATURE, LA MUSIQUE
D'APRÈS LES VIGNETTES ROMANTIQUES1
(suite)
III
DE l'INFLUENCE GERMANIQUE SUR l'aRT ROMANTIQUE
e n'est pas une vaine curiosité qui pousse un peuple à s'inquiéter
du mouvement intellectuel des nations voisines, et le libre-
échange, malgré les difficultés qu'il crée, a sa raison d'être en art
comme en produits industriels. Si parfois un engouement momen-
tané résulte de cet échange d'idées et de forme entre deux
peuples, les littératures et les arts de l'Orient ne montrent-ils
pas le danger de vivre sur un fonds archaïque, sans appliquer
des greffes à des rameaux épuisés pour en obtenir de nouvelles
fleurs? L'Inde, la Chine, qui furent des foyers de littératures
mères, se figèrent clans leurs panthéons consacrés à un bouddhisme
Lettre du xvi° siècle. Collection BonnarTé.
accroupi.
La France, fertile en soubresauts, échappa à ces dangers. Vers 1820, les romantiques eurent
raison d'aller à l'Allemagne : trente ans auparavant, Goethe et Schiller étaient bien allés à la
France. Un guide enthousiaste, Mme de Staël, avec son livre de l'Allemagne, guidait la littérature
dans ce voyage au-delà du Rhin. Ce fut une empreinte marquée qu'en reçut la poésie française,
empreinte qui ne s'était pas entièrement effacée en 1847, époque à laquelle débutait une nouvelle
génération, et qui dura jusqu'en i85o, comme pour bien marquer la fin du demi-siècle; mais
déjà la marque devenait fruste par trop de moulages successifs et les esprits jeunes n'eurent que
1. Voir l'Art, 6e année, tome IV, page 273.