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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Guide raisonné de l'amateur et du curieux
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Carr, J. Comyns; Dubouloz, John: Les grandes expositions d'hiver a Londres, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0389

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LES GRANDES EXPOSITIONS D'HIVER A LONDRES.

35J

ignorants ont prétendu être un Pieter Codde, trop aveugles sans
doute pour comparer séance tenante la Claveciniste à la Cou-
rante, ce chef-d'œuvre de Pieter Codde qu'il faut féliciter le
Prince de Lichtenstein d'avoir conquis au prix de 34,900 fr.
La différence des deux mani êtes sautait aux yeux de quiconque
a des yeux ou ne les remplace poirt par le pédantisme.

Ce Palamèdcs — M. Courtin l'a payé 12,100 fr. — ce Pala-
mèdes a appartenu à M. Stephan Bourgeois, le savant expert de
Cologne, aujourd'hui établi à. Paris, qui l'ayant acheté 400 fr.,
à Hambourg, il y a de longues années, le revendit immédiate-
ment 500 a M. Alexis Febvrc ; 600 fr. en rendirent propriétaire
M. Meffre de qui Thoré-Burger, l'illustre critique, l'acquit pour
800 fr. La Claveciniste entra plus tard dans la collection de
M. Albert Picard, de Bruxelles, pour prendre ensuite place
dans la galerie de M. John W. Wilson. Vouloir faire de ce
Palamèdes un Pieter Codde, c'est être de la force d'un artiste
de très grand talent, M. J.-J. Henner, que tout son mérite
n'oblige pas à se connaître en maîtres anciens; aussi a-t-il doc-
tement proclamé nrbi et orbi que les Rembrandt et les Rubens
de M. Wilson n'ont jamais été des Rubens et des Rembrandt!!!
On en rit encore d'un bout à l'autre de Paris et on ne cessera
pas d'en rire de si tôt. Heureusement que le savoir de M. Hen-
ner, comme expert, ne l'a pas empêché de peindre la Made-
leine ', ce régal de gourmet, et ne nous privera pas du plaisir
de lui voir produire maintes autres œuvres de raffiné.

XV

LA VENTE ROXARD DE LA SALLE

Nous Interrompons le compte rendu de la vente des
tableaux de M. J. W. Wilson. sinon l'espace nous manque-
rait pour parler de la vente de la collection de M. de La Salle,
fixée au 28 mars, et nous regardons comme un devoir d'en
parler. C'est que M. Roxard de la Salle est un de ces collec-
tionneurs fervents qui ont le culte des maîtres qu'ils ont passé
leur vie à conquérir et dont ils ne voudraient se séparer à aucun
prix. C'est la cécité, hélas! qui a décidé sa vente. Les connais-
seurs y trouveront un beau Van Bcyercn, ce Raphaël des pois-
sons, — le mot est de M. Ingres; — un bon portrait, par Jean de
Bray; un grand Govert Camphuysen, dont les blondes harmo-
nies feront la joie des délicats; trois Van Goyen; un Frans Hais;
l'Intérieur hollandais, de Pieter de Hooch, que l'on a tour à
tour admiré dans la collection de Mccklembourg et dans la
galerie de MM. Percire; d'agréables portraits de Carie van Loo
et de Nattier; un Aart van der Neer de premier ordre ; un des
meilleurs Ribera de l'ancienne galerie Salamanca, et un Simon
de Vlieger des plus intéressants. Les amateurs ont là une belle
occasion de délier les cordons de leur bourse pour se donner
le plaisir délicat d'acquérir des œuvres de choix en prouvant à
l'un d'eux, atteint d'une si terrible infortune, qu'il était homme
de goût et fin connaisseur.

LES GRANDES EXPOSITIONS D'HIVER A LONDRES^

ROYAL ACADEMY OF ARTS, BURLINGTON HOUSE.
WINTER EXHIBITION.

FIN)

es grands maîtres italiens ont souvent été
plus brillamment représentés à Burlington-
House, quoique cette fois le contingent ne
soit pas a dédaigner. C'est dans la quatrième
galerie qu'avait été réunie une série de pri-
mitifs dont plusieurs avaient été étrange-
ment baptisés, mais qui n'en étaient pas
moins intéressants à étudier. Au milieu
d'autres Madones appartenant toutes aux
écoles primitives, se faisaient surtout re-
marquer un panneau d'une puissante colo-
ration, attribué à Baklassare Peruzzi 3, et
un admirable spécimen de Matteo di Giovanni da Siena 4.

L'illustre nom de Mantegna ne se rencontre qu'une seule
ois dans le Catalogue, et l'œuvre qui lui est attribuée est d'une
authenticité plus que douteuse. L'austère simplicité de son style,
sans parler du sentiment classique qui l'inspirait, ne permet pas
de lui donner la Pietà^ de Sir William N. Abdy. L'abondance
ornementale de la composition et l'élaboration minutieuse des
multiples détails de l'architecture et du paysage font songer h

d'autres artistes du Nord de l'Italie, mais non à Mantegna. Il
n'est pas impossible que nous nous trouvions ici en présence
d'un des premiers efforts de Basaiti; l'arrière-plan est, en effet,
absolument caractéristique de sa manière. Quoi qu'il en soit,
cette Pictà est la bienvenue à titre de spécimen du style véni-
tien à une époque où il commençait à subir l'influence des
Bellini et de Mantegna sans avoir encore totalement rompu
avec la manière archaïque de l'école de Murano.

De cette dernière école, voici un important morceau — la
Vierge, l'Enfant Jésus et quatre saints 6 — prêté par un des
académiciens, M. G. Richmond.

Quelques fragments de fresques enlevés à l'église de Santa
Maria del Carminé, l'année qui a précédé la destruction de cet
édifice par un incendie, représentent l'art de Giotto ; on s'arrêtait
aussi dans la même salle à un Cima da Conegliano et à un
Pesellino, mais l'attention y était plus particulièrement absorbée
par deux merveilleux portraits attribués à Francia dans la
collection de Sir William Abdy, — attribution deux fois erronée.
Le premier7, par son dessin, par sa couleur, révèle Antonello
da Messina, tandis que le second8 fait songer à Andréa Solario
dont il a cette magie de tonalité, spéciale à l'école mila-
naise.

De tous les noms fameux dans l'histoire de l'art italien, les
seuls dignement représentés sont ceux de Raphaël, d'Andréa del
Sarto et de Paul Véronèse. La grande Sainte famille13 donnée
au Titien a bien plus l'air d'être un Bonifazio et, si vrais que
puissent être les portraits des trois princesses, filles de Ferdinand

1. Voir dans l'Art, 4e année, tome III, page 312, la magistrale estampe d'Adrien Didier d'après cette très excellente toile d'Hcnner.

3. Voir l'Art, 7= année, tome I", pages 261 et 29S.

3. N° 183 du Catalogne. Cette Madone appartient à M. Charles lîutler.

A- N" 1S7. La Vierge, l'enfant Jésus et deux anges, à M. Andrew T. Taylor, tableau d'une conservation exceptionnelle.

5. N» it>i>.

6. N« 223.

7- N° 192, Catalogué comme étant le portrait de Francesco Francia

8. N» 200. Catalogué comme étant le portrait de Giovanni Bentivoglio, de Bologne.

9- N« 149. Au Comte de Straft'ord.

Tome XXIV. 43
 
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