Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

DOI Heft:
Notre bibliothèque
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0127

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
NOTRE BIBLIOTHEQUE

CCXXVIII

Légende de la Vierge de Munster. Un volume grand in-8° de
io8 pages, par Quatrelles, avec de nombreuses illustrations
de Eug. Courboin. Paris, Charpentier, éditeur, 1881.

Nous sommes en 1535. Munster révolte'est investi depuis
quinze mois par les troupesdu prince-évèque dépossédé François

Éducation du perroquet.
Dessin de E. Courboin.

de Waldeck. Le comte Wirich de Valkenstein les commande.
Pendant que « le roi de justice » Jean de Leyde pille l'intérieur

L'Enfant ressuscité.
Dessin de E. Courboin.

de la ville, Wirich de Valkenstein pille les alentours. Un pieux
sculpteur, Hensel Eck, indigné des crimes des anabaptistes, I

parvient à s'échapper de Munster avec ses deux frères et tombe
avec eux entre les mains de Valkenstein, auquel il reproche de
laisser les troupes épiscopales insulter par leurs orgies aux fétes
saintes de la Pentecôte. C'est pour le punir que Dieu tarde si
longtemps à lui livrer la ville. La foi et la prière peuvent seules
lui donner la victoire. Le général, irrité de cette leçon, déclare
à Hensel Eck qu'il lui donne la liberté, mais qu'il garde ses
frères. Si dans un mois il n'est pas parvenu, « par la foi et la
prière », à façonner une statue de la Vierge assez haute pour
dominer les remparts de Munster, ses frères seront pendus.

Hensel Eck se met à l'œuvre. Jésus, déguisé en apprenti,
vient le servir, lui procure un immense et magnifique bloc
de marbre, qu'il va chercher avec lui dans une grotte merveil-
leuse où vivent les morts. Le bloc une fois trouvé, les anges en
font une statue colossale. A la vue de l'image miraculeuse,
Valkenstein rend la liberté aux deux frères de Hensel Eck et
attaque Munster. Au milieu de la bataille, la statue se met en
marche, pénètre dans la ville et fait disparaître toute trace de
révolte et de guerre.

Voilà la légende que M. Quatrelles a mise en oeuvre avec
tout l'esprit qu'on lui connaît. Aussi ne douté-je pas que beau-
coup de personnes ne trouvent un grand plaisir à lire ce conte
merveilleux où les prodiges les plus extraordinaires se mêlent
aux réflexions et aux saillies les plus spirituelles.

Et cependant, à dire sincèrement mon avis, pour mon compte
personnel, je goûte peu ce mélange de deux genres si différents.
Les légendes miraculeuses comme celles-ci ne parlent à l'imagi-
nation que si elles sont contées dans un style dont la naïveté
soit en harmonie avec celle des esprits qui les ont conçues.
L'esprit, sous quelque forme qu'il se présente, surtout l'esprit
alerte, éveillé, produit en ce genre de littérature des discor-
dances désagréables. Les contes de Perrault, égayés des pointes
les plus spirituelles, perdraient tout le charme qu'ils doivent
surtout à la simplicité et à la naïveté du style. Les histoires
merveilleuses sont déjà par elles-mêmes assez difficiles à admettre
sans que l'auteur s'ingénie à rendre impossible toute illusion,
en nous forçant à comprendre qu'il n'y a là qu'une fiction et
un jeu d'esprit. C'est précisément ce manque d'unité que nous
reprochons tous les jours à la soi-disant peinture religieuse
contemporaine. L'absence de conviction se trahit toujours par
quelque discordance du même genre entre le sujet et l'exécution.
Nous ne saurions approuver dans la littérature ce que nous
blâmons dans la peinture.

L'harmonie manque également dans l'illustration. En tète
de chaque chapitre nous trouvons une frise et une lettre ornée
qui ne s'accordent ni pour le style ni pour la couleur. De même
pour les deux séries de dessins reproduits par l'héliogravure et
par la photogravure. Tandis que les premiers sont d'un noir
intense, les autres sont d'un gris pâle dont le contraste n'a rien
d'agréable.

Quant à la composition même de ces dessins, il s'en trouve
 
Annotationen