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FLORENCE ET LA CENTRALISATION ARTISTIQUE
i
a ruine de Florence sera, dans l'histoire, une tache pour la révolution italienne.
Il est vrai qu'il' y a un an, on s'est décidé, non sans peine, à voter un
certain nombre de millions, afin d'empêcher une banqueroute qui eût été une
honte, non pour la ville, mais pour l'Italie, et qui aurait porté au crédit de
l'État une atteinte profonde.
Mais ce secours a été donné de mauvaise grâce et avec une déplorable
parcimonie.
On s'est arrangé de façon à faire aux créanciers une position acceptable,
Lettre de G. Mitelli. - . ' , * - «
mais a laisser la municipalité dans un état de gene tel que tout effort pour
rendre à la ville quelque prospérité est absolument impossible; un bien léger sacrifice eût
suffi pour rendre la position absolument bonne.
On dirait que, tout en évitant le scandale d'une banqueroute, on a voulu rendre certaine
la ruine de Florence, en ne laissant pas même aux habitants le droit de se plaindre.
La responsabilité de ces procédés ne doit pas remonter à la partie supérieure du
gouvernement, c'est-à-dire au Roi et aux ministres. Ceux-ci ont même montré un certain
courage en faisant voter une indemnité, qui était le payement d'une dette, en dépit de
mauvais vouloir de tout genre et de passions envieuses de la plus basse espèce.
Mais on sait qu'en fait, le détail des lois et des mesures financières est réglé par des
personnages obscurs et même inconnus, appartenant à cette corporation omnipotente et
irresponsable qu'on appelle la bureaucratie.
Or, comme nous l'avons dit ailleurs, cette bureaucratie a fait contre Florence le serment
qu'Annibal fit jadis contre Rome1.
II
Aujourd'hui cette bureaucratie médite et commence à exécuter une entreprise qu'il est
temps, peut-être encore, de dénoncer à l'opinion publique.
Elle veut centraliser à Rome toute l'activité artistique de l'Italie, ainsi que le commerce
des objets d'art qui en est la conséquence naturelle.
Il y a là un véritable attentat contre l'art ; tous ceux qui dans le monde s'intéressent
aux choses artistiques ont le droit d'élever la voix.
Les grands foyers intellectuels comme l'a été Florence à un si haut degré, et comme
i. Journal des Débats du i5 septembre 1880.
Encadrements de F. Magnini, tirés de l'ouvrage intitulé : « L'Augusta ducale Basilica dell' Evangelista San Marco.....in Venezia MDCCLXI. Presso Antonio Zatta ».
FLORENCE ET LA CENTRALISATION ARTISTIQUE
i
a ruine de Florence sera, dans l'histoire, une tache pour la révolution italienne.
Il est vrai qu'il' y a un an, on s'est décidé, non sans peine, à voter un
certain nombre de millions, afin d'empêcher une banqueroute qui eût été une
honte, non pour la ville, mais pour l'Italie, et qui aurait porté au crédit de
l'État une atteinte profonde.
Mais ce secours a été donné de mauvaise grâce et avec une déplorable
parcimonie.
On s'est arrangé de façon à faire aux créanciers une position acceptable,
Lettre de G. Mitelli. - . ' , * - «
mais a laisser la municipalité dans un état de gene tel que tout effort pour
rendre à la ville quelque prospérité est absolument impossible; un bien léger sacrifice eût
suffi pour rendre la position absolument bonne.
On dirait que, tout en évitant le scandale d'une banqueroute, on a voulu rendre certaine
la ruine de Florence, en ne laissant pas même aux habitants le droit de se plaindre.
La responsabilité de ces procédés ne doit pas remonter à la partie supérieure du
gouvernement, c'est-à-dire au Roi et aux ministres. Ceux-ci ont même montré un certain
courage en faisant voter une indemnité, qui était le payement d'une dette, en dépit de
mauvais vouloir de tout genre et de passions envieuses de la plus basse espèce.
Mais on sait qu'en fait, le détail des lois et des mesures financières est réglé par des
personnages obscurs et même inconnus, appartenant à cette corporation omnipotente et
irresponsable qu'on appelle la bureaucratie.
Or, comme nous l'avons dit ailleurs, cette bureaucratie a fait contre Florence le serment
qu'Annibal fit jadis contre Rome1.
II
Aujourd'hui cette bureaucratie médite et commence à exécuter une entreprise qu'il est
temps, peut-être encore, de dénoncer à l'opinion publique.
Elle veut centraliser à Rome toute l'activité artistique de l'Italie, ainsi que le commerce
des objets d'art qui en est la conséquence naturelle.
Il y a là un véritable attentat contre l'art ; tous ceux qui dans le monde s'intéressent
aux choses artistiques ont le droit d'élever la voix.
Les grands foyers intellectuels comme l'a été Florence à un si haut degré, et comme
i. Journal des Débats du i5 septembre 1880.
Encadrements de F. Magnini, tirés de l'ouvrage intitulé : « L'Augusta ducale Basilica dell' Evangelista San Marco.....in Venezia MDCCLXI. Presso Antonio Zatta ».