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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Lobet, Jean: Michel Bourdin Orléanais
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0325

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NOTRE BIBLIOTHEQUE. 3oi

soumet son cas à M. Eudoxc Marcille, l'aimable et savant direc-
teur du musée d'Orléans.

<t Bourdin n'est pas Orléanais mais Parisien, répond
M. Marcille. C'est aussi l'avis de M. Herluison, que je viens de
voir. »

Mais l'artiste de l'Yonne, qui a nom M. VauJin, a le
naturel tenace :

« Bourdin est né dans votre ville, répond-il. Presque
toutes ses œuvres signées le prouvent. Le monogramme du
tombeau de l'église de Saint-Valérien donne seulement son nom,
mais c'est une exception. Voyez, à l'église Sainte-Croix, la
statue de la Vierge qu'on lui attribue; vous y trouverez proba-
blement cette indication. »

M. Marcille s'empresse de vérifier la chose ; il obtient que
la statue soit débarrassée des objets d'autel qui l'entourent, et
voici ce qu'il écrit le 17 décembre dernier à M. Vaudin :

« La Vierge de Bourdin est signée à droite, en lettres
majuscules :

michael bovrdin avrelius fecit. »

Plus de doute, dès lors; Bourdin est tout ce qu'il y a de
plus Orléanais. Orléanais aussi Thomas Bourdin, son frère,
qui sculpta sept des quarante et un fameux groupes extérieurs
du chœur de la cathédrale de Chartres. S'ils n'atteignent pas à
la suprême beauté de ceux de Jean Texier, a le Raphaël de la
sculpture française » au xvi° siècle, comme l'a nommé Emeric
David, du moins ne sont-ils pas trop écrasés par ce terrible

voisinage. antique et moderne

Deux inscriptions en marbre noir, placées à côté des neuf I J. Lobet

groupes de Thomas Bourdin, nous apprennent qu'il les sculpta
dans les années 1611 et 1612. Emeric David lui en attribue
« dix-huit ou dix-neuf », dit-il. C'est une erreur dont nous
devons la rectification à M. Ch. Brou, chanoine de la cathédrale
et artiste à ses heures. Nous lui devons également les noms,
dont plusieurs peu connus, des premiers auteurs de la ceinture
de Chartres, cette œuvre capitale de notre ancienne statuaire.

Ni Thomas, ni Michel Bourdin ne furent des artistes de haut
vol, de ceux dont on puisse inscrire le nom parmi les demi-
dieux de l'art ; mais que dans la ville natale de ces praticiens,
après tout habiles et féconds, on ait pu ignorer à ce point leur
vie et leurs œuvres, cela, hélas! s'est vu et pourra se voir encore
en France, mais en France seulement. On ignorerait encore le
nom du patriarche des sculpteurs français, le nom qui paraît le
premier dans notre histoire de l'art comme celui d'un maître,
de Pierre Bontemps, enfin, si un patient chercheur ne l'eût
retiré par hasard des archives de la Cour des comptes. De même,
sans le hasard récent que nous venons de raconter par le menu,
l'une de nos grandes villes de France ignorerait encore qu'elle
a vu naître deux artistes qui ont jeté sur elle un certain éclat

c Quand on voit dans quelle obscurité est plongée l'histoire
de l'art en France, on comprend quel immense service a rendu
h l'histoire de l'art italien Vasari, malgré ses lacunes et ses
erreurs ».

Chaque année qui s'en va, chaque heure qui s'écoule,
apporte une sanction nouvelle à cette conclusion exprimée par
M. René Ménard, dans son beau et substantiel livre : Sculpture

NOTRE BIBLIOTHÈQUE

CCXXXII

Musée des Thermes et de l'hôtel de Cluny. Catalogue et
description des objets d'art de l'antiquité, du moyen âge et de
la Renaissance, exposés au Musée, par E. du Sommerard,
directeur du Musée, membre de la Commission des monu-
ments historiques et du Comité des travaux historiques au
Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. Paris,
Hôtel de Cluny, 1881. Un volume in-8° de 690 pages.

On ne saurait trop recommander le très considérable et
très instructif travail que vient de publier M. du Sommerard et
qui fait le plus grand honneur à son goût, à son savoir et à son
zèle éminemment consciencieux.

Je ne crois pas qu'aucun directeur de musée ait jamais
apporté tant de soins, tant de patientes recherches, tant de
profonde érudition à la rédaction d'un catalogue. Ajoutez que
M. du Sommerard a l'inappréciable avantage de n'être pas seu-
lement très savant, mais aussi très connaisseur, deux mérites
indispensables dans sa position, mais que réunissent très rare-
ment les hommes placés à la tête des collections publiques.

Prosper Mérimée, qui a écrit une notice consacrée à la vie
et aux travaux d'Alexandre du Sommerard, fondateur des
collections du Musée de Cluny, commence ainsi cette intéres-
sante étude : « Le sentiment du beau dans les arts n'est donné
qu'à un petit nombre d'esprits d'élite, et dans notre pays, qui a
produit de grands artistes, il est trop souvent faussé par la
tyrannie de la mode. » Ce qui équivaut à dire qu'il y a beaucoup
plus d'amateurs que de connaisseurs, vérité qui n'est pas près
de périr. Aussi Mérimée a-t-il soin d'ajouter : « On doit de la
reconnaissance aux hommes qui résistent aux entraînements de

la foule, et qui, par leur persévérance, parviennent à réformer
ses jugements irréfléchis. »

M. Alexandre du Sommerard, en l'honneur de qui ces lignes
furent écrites, a dans son fils le plus digne successeur.

Le Catalogue de M. E. du Sommerard débute par une Notice
historique sur le Palais des Thermes et l'Hôtel de Cluny, suivie
d'un rapport au Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts, président de la Commission des monuments historiques,
sur l'état des collections du Musée, et se termine par la Notice
de Mérimée et huit pages comprenant la longue liste des dona-
teurs qui ont contribué à augmenter les richesses de l'Hôtel de
Cluny.

Quelques-uns des chapitres de ce catalogue sont précédés
d'un très excellent résumé « de l'histoire de certaines industries
et de leurs principales transformations pendant les diverses
périodes du moyen âge et de la Renaissance ». Ces pages sont
en tout point remarquables; elles doublent l'extrême intérêt du
travail si complet de M. du Sommerard qui a pris soin d'indi-
quer tous les ouvrages spéciaux à ceux qui désirent compléter
l'instruction que l'éminent Directeur du Musée de Cluny leur
fait si utilement acquérir.

Aucun musée français n'a reçu de plus rapides, de plus
nombreux, de plus brillants accroissements; c'est qu'il a
l'immense avantage d'une direction omnipotente mais respon-
sable. Nous ne comprendrons jamais la supériorité du système
en vigueur pour les Musées nationaux. Notre infériorité intel-
lectuelle s'oppose absolument h ce que nous nous rendions
compte des avantages que présente un Conservatoire dont tous
les membres ont à émettre un vote, même à propos d'acquisitions
qui ne sont pas de leur ressort et auxquelles leurs études les
rendent le plus étrangers ; nous nous permettrons de citer un
 
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