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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Courrier des musées
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Nécrologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0180

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des bienheureux; en haut, un temple, à l'entrée duquel on voit
le Père e'ternel, et, dans l'inte'rieur, deux élus qui chantent avec
un psautier dans les mains. Sur les marches de l'escalier du
temple, un ange guide une sainte femme, la tête nimbée ; elle
tient de la main gauche un réticule. Enfin, au pied de l'escalier,
deux saintes personnes, la tète également entourée du cercle
lumineux.

« Sur l'intérieur du grand volet, à gauche, on voit l'Adora-
tion des Mages.

« Au centre, la sainte Vierge debout, avec nimbe, portant
du bras droit l'Enfant Jésus, de la main gauche tenant la coupe
d'or offerte par le roi Mage, à genoux devant le Sauveur. Il a les
mains jointes, la tète découverte.

« A droite, le second roi Mage, debout, la tète couverte
d'un bonnet, avec un encensoir d'or dans les mains.

« A gauche, l'autre Mage, un nègre, debout, se découvrant
la tète de la main gauche qui tient une couronne, tandis qu'il a
dans la main droite un vase d'or.

« Dans l'intérieur de l'étable, saint Joseph, la main droite
portée à son bonnet.

« Les trois Mages sont richement vêtus.

« Les peintures se distinguent par un dessin large et bien
exécuté ; les tètes sont jolies et très achevées.

« Ce retable provient d'un monastère de Ctarisses-Urba-
nistes (religieuses de l'ordre de sainte Claire, à Megen, petite
ville du Brabant septentrional).

« En plusieurs endroits, sur l'extérieur du retable, cette

marque //~--\\ gravée en creux.

« On voit aussi ces signes :

^3

Si intéressantes que soient ces peintures, elles ne peuvent
être attribuées à Van der Weyden le vieux, comme le font cer-
tains journaux belges en annonçant l'exposition actuelle de
cet important retable.

NECROLOGIE

— Un deuil cruel vient de frapper l'école française ;
M. Jules Lafrance a succombé le 26 janvier aux atteintes
d'un mal qui l'a littéralement foudroyé ; il n'avait que
trente-neuf ans.

Jules-Isidore Lafrance était né à Paris. En 1870, le jeune
sculpteur remportait le Grand Prix de Rome; à la suite du
Salon de 1874, il recevait une médaille de première classe;
en 1878, il était nommé chevalier de la Légion d'honneur.
L'an dernier, au Salon, il était brillamment représenté par
son buste de M"1 Alice Lody et par le plâtre de sa statue
de l'inventeur de l'hélice : Frédéric Sauvage, statue qui
doit être .érigée cette année à Boulogne-sur-Mer.
M. Charles Bigot, qui a dignement loué dans le XIXe Siècle
du 30 janvier l'auteur du Saint Jean-Baptiste enfant, nous
permettra de reproduire ici ses lignes émues, écrites immé-
diatement après les funérailles de Jules Lafrance qui ont
eu lieu le 20 janvier :

« Nous avons conduitaujourd'hui à la dernière demeure,
celle qui nous attend tous, notre camarade de Rome, le
statuaire Jules Lafrance. Il avait trente-neuf ans. Un mal
terrible, qui atteint les jeunes gens aussi bien que les
vieillards, l'avait frappé et il n'a pas survécu à une opé-
ration devenue nécessaire. Il avait obtenu, en 1870, le grand
prix de sculpture. En 1874, il remportait au Salon une
première médaille avec sa charmante statue de Saint Jean-
Baptiste enfant. Son dernier envoi avait été un superbe
Achille jouant de la lyre, auquel servaient de légende deux
vers de l'Iliade inscrits sur le socle. Il possédait la force en
même temps que la grâce. L'Exposition de 1878 lui avait
apporté la croix d'honneur en même temps qu'une pre-
mière médaille au grand concours des artistes de tous les
pays. Au dernier Salon, celui de 1880, il avait exposé une
grande figure de l'ingénieur Sauvage. Il se délassait de ses
grands travaux en exécutant, pour nos arts industriels, des

modèles pleins d'élégance et de délicatesse. Il est tombé au
moment même où la vie lui devenait facile, où il avait
conquis son rang parmi les artistes les plus estimés, où les
commandes affluaient à son atelier. Le public qui connaît,
en fait d'artistes, les peintres surtout, et admire leurs
succès faciles, ne saura jamais ce qu'il faut, en notre temps
encore, de talent, de patience, de persévérance à un
sculpteur, pour acquérir un nom, et faire, comme l'on dit.
« son trou ». C'est un dur métier, et un métier malsain,
que celui de manier la terre glaise et de vivre du matin au
soir dans un atelier qui ne peut être bon qu'à la condition
d'être humide. Lafrance avait pris les fièvres à Rome et ne
s'en était jamais bien remis : sa santé en était restée
ébranlée : une opération, qu'un autre eût supportée peut-
être, s'est ainsi trouvée mortelle pour lui.

« Sa perte est une perte sensible pour l'art français,
elle est cruelle pour ses amis. Il n'était pas de garçon plus
doux, plus bienveillant, plus modeste, plus disposé à se
réjouir du succès d'un camarade que Jules Lafrance. Je ne
crois pas que personne ait jamais entendu de lui un mot
qui sentît la jalousie ou la mauvaise humeur. Tous ceux
qui l'ont connu l'ont aimé, et ce n'est pas là un éloge banal
La terre abonde en braves garçons qui n'ont pas de talent,
et les gens à Paris ne sont pas rares non plus qui ont du
talent sans être de braves gens; mais avoir en même temps
du cœur et du talent, c'est là une alliance peu commune :
et ta mémoire nous restera chère à tous comme l'était ta
personne, mon pauvre Jules Lafrance, sitôt parti! »

— M. Victor Calmât, ancien inspecteur des travaux
de l'Hôtel-de-Ville, est mort à Paris. Architecte et graveur,
il laisse plusieurs ouvrages importants, entre autres : Hôtel-
de-Ville de Paris, mesuré, dessiné et gravé. Il a été le fon-
dateur et le directeur de l'Encyclopédie d'architecture.
M. Calliat était né le icr septembre 1S01.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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