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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Chronique française et étrangère
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Nécrologie
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192

L'ART.

Angleterre. — Le 20 janvier, M. Frank Dicksee, artiste
peintre, et M. Hamo Thornycroft, sculpteur, ont été élus
A. R. A., c'est-à-dire Membres Associés de la Royal Academy.

— M. Richard Redgrave, membre de la Royal Academy, a
donné sa démission de Conservateur des tableaux de la Reine
(Surveyor of Her Majesty's pictures) ; il a été décoré de l'Ordre
du Bain, et remplacé par M. J. C. Robinson, pendant longtemps
directeur des collections d'art du South Kensington Muséum
qu'il a puissamment contribué à enrichir.

Le choix de M. Robinson est excellent; il est aussi connais-
seur, aussi compétent que l'était peu M. Richard Redgrave,
homme d'une extrême honorabilité et paysagiste médiocrissime,
ce qui ne l'a pas empêché d'être, durant de très nombreuses
années, à la tète de l'Art Division, du Science and Art Depart-
ment of the Committee of Council on Education. Lorsqu'il prit
sa retraite, il laissa pour principal souvenir son inaltérable
horreur de tout ce qui ressemblait à du French Taste. Le goût
français était absolument la béte noire du brave homme qui
vient de couronner sa carrière administrative par une preuve
concluante de son goût personnel. Il est impossible de rêver
quelque chose de plus abominablement laid que le cadre tout
battant neuf du Lucas de Leyde — l'Adoration des Mages de
Buckingham Palace, — exposé en ce moment à la Royal Aca-

demy, pas plus qu'on ne saurait rêver plus fausse attribution
que celle des Portraits des infantes Isabelle et Catherine d'Es-
pagne à Antonio Moro, de même provenance et exhibés, non
moins hideusement encadrés, en compagnie du Lucas de Leyde.
Il était grand temps que les tableaux de la Reine, qui possède
tant de chefs-d'œuvre, fussent enfin placés sous la direction d'un
juge autorisé. M. Robinson a tout le savoir nécessaire pour rem-
plir dignement les sérieux devoirs de sa charge ; on est en droit
d'attendre beaucoup d'un homme de sa valeur. Fl y a tout lieu
de croire que l'approbation générale, qui a salué sa nomination,
ne tardera pas à être justifiée par d'utiles et indispensables
réformes, car M. Robinson est plus que personne à même de
publier des catalogues raisonnésdes œuvres d'art de chacune des
résidences royales, et de procéder à une réorganisation radicale
des tableaux du palais de Hampton Court où l'ivraie vit, depuis
trop longtemps, en promiscuité monstrueuse avec le bon grain,
et corrompt sans cesse, sous le patronage royal, le goût d'une
foule de crédules visiteurs.

Les fonctions de M. Robinson sont libéralement rémuné-
rées; il reçoit mille livres sterling par an (25,000 francs).

Italie. — Le 20 décembre, le théâtre, de la Scala, à Milan,
a fait sa réouverture avec un nouvel opéra du compositeur
Ponchiello. Il Figlio Prodigo a remporté un très grand succès.



NECROLOGIE

— Un des plus célèbres Curieux de ce temps, M. Léo-
pold Double, est mort à l'âge de soixante-huit ans, le
i"* février, dans son hôtel de la rue Louis-le-Grand, n° 9,
dont il avait fait un véritable musée d'objets d'art, pour la
plupart historiques, de l'époque Louis XV et Louis XVI. Il
avait notamment en sa possession plusieurs meubles ayant
appartenu à Marie-Antoinette et provenant de Trianon.
Chacune des pièces de sa vaste habitation était un modèle
accompli d'ameublement français. La sûreté de son goût
lui avait fait réunir exclusivement des modèles de choix,
les spécimens les plus rares de ses époques favorites.

M. Double, ancien élève de l'Ecole polytechnique,
avait été l'aide de camp du maréchal Soult, et possédait
dans le monde artistique et littéraire des amitiés dévouées.
Au nombre de ses fidèles, il faut citer le Bibliophile Jacob
et notre cher et si regretté Théophile Thoré, qui avait
décidé M. Double à se donner le Rembrandt et le Frans
Hais, deux des principaux joyaux des magnifiques collec-
tions de l'hôtel de la rue Louis-le-Grand.

M. Léopold Double, qui mettait le plus aimable empres-
sement h faire les honneurs de ses richesses artistiques,
avait conservé le culte de la mémoire de Bûrger, et ne
manquait jamais de rappeler que c'était à notre ami qu'il
devait d'être devenu un des fanatiques de l'école hollandaise.

—■ M. Lemmens est mort le 30 janvier au château de
Linterpoort, sous Sempst, près Malines. Né en 1823 à
Zoerle-Parwys, près Tessenderloo, Nicolas-Joseph Lem-
mens s'était fait comme organiste une grande réputation.
Ancien professeur d'orgue au conservatoire de Bruxelles,
organiste du roi Léopold Ier, il a formé de nombreux
élevés qui ont porté à l'étranger la renommée de l'école
belge. Longtemps il habita Londres, où son talent et celui

de sa femme, Mmc Lemmens-Sherrington, l'habile canta-
trice, étaient très appréciés. Depuis peu d'années, il était
rentré en Belgique et avait fondé à Malines une école de
musique religieuse. Il laisse un assez grand nombre de
compositions et une méthode pour son instrument. Ses
funérailles ont été célébrées à Sempst le 3 février.

— Un des principaux marchands de tableaux de Londres
et de Paris, M. Prosper-Léopold Everard, est décédé à
Londres, le 29 janvier, à la suite d'une courte maladie. Né à
Tournai, M. Everard s'était fait par son activité, son intel-
ligence des affaires, et son instinct du goût public en
matière d'art, une situation importante dans le commerce
des tableaux modernes. Il avait à Londres une maison depuis
longtemps florissante, et, depuis 1878, il avait ouvert à
Paris, au coin du boulevard des Italiens et de la rue du
Helder, un magasin très achalandé. Sa mort causera de
vifs regrets parmi les artistes. M. Everard n'avait que
quarante-sept ans. Ses funérailles ont été célébrées à
Londres, le 3 février; l'inhumation a eu lieu au cimetière
de Kensal Green.

— Un artiste gantois qui eut son heure de célébrité,
F. Seghers, vient de mourir dans un âge très avancé.
Élève de Baillot et remarquable violoniste, il s'était fait
connaître surtout comme chef d'orchestre. Bien avant la
fondation des concerts populaires, il avait créé dans la salle
Sainte-Cécile (qui a disparu depuis) une Société de concerts,
où plusieurs œuvres de Berlioz, de Reber, les symphonies
de Schumann, les ouvertures de Richard Wagner, et bien
d'autres œuvres remarquables et devenues célèbres depuis
lors, ont été entendues pour la première fois. C'est égale-
ment dans ces concerts que les premières œuvres de
MM. Gounod, Gouvy et Saint-Saé'ns ont été exécutées.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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