DOI Heft:
Chronique française et étrangère
DOI Heft:Nécrologie
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CHRONIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE
France. — La magnifique collection de M. le bnron Adolphe
de Rothschild s'est récemment enrichie de quatre pièces en
cristal de roche des plus pre'cieuses, achete'es à la famille Von
der Leijn, de Crefeld ; ce sont : une aiguière du xiv siècle avec
monture en vermeil, exécutée au siècle suivant; une autre
aiguière, travail du xvi0 siècle, avec monture en vermeil de la
même époque; une coupe avec monture en or émaillé du
xvie siècle, et une merveilleuse cuillère également avec monture
en or émaillé du xvi° siècle.
— L'Académie des Beaux-Arts a procédé, le 5 février, à
l'élection d'un membre ordinaire dans la section de peinture,
en remplacement de M. Cognict.
Il y a eu trente-trois votants. Les suffrages se répartissent
ainsi au premier tour de scrutin :
MM. Bonnat............. 19 voix.
Jalabert............ 1 — -
Boulanger........... 6 —
Maillot............. 6 —
Em. Lévy........... 1 —
M. Bonnat est élu. Le digne Léon Cogniet ne pouvait
désirer plus brillant successeur.
La section de peinture ayant à élire un correspondant
étranger, en remplacement de M. Liévin de Winne (Bruxelles),
présente la liste suivante de candidats : i° M. Aima Tadéma, à
Londres; i« M. Mackart, à Vienne; 5° M. Consoni, à Rome.
L'Académie ajoute à la liste M. Israëls. à La Haye.
La commission mixte chargée de dresser la liste de candi-
dats pour le remplacement de M. Visconti. correspondant, pré-
sente en première ligne M. Constantin Carapanos, à Athènes;
en seconde ligne, M. Tullo Massarani, à Milan. L'Académie
ajoute M. Thausig, à Vienne.
— Un comité vient de se constituer sous la présidence de
M. Leblond, sénateur, pour élever un monument à la mémoire
de M. Valentin, l'héroïque préfet de Strasbourg.
— Mmc Jules Héreau, née Louise Darru. la veuve du peintre
mort dans les conditions douloureuses que l'on sait, vient d'être
nommée inspectrice des écoles de dessin de la ville de Paris.
M™0 Héreau s'est fait une réputation méritée comme peintre de
fleurs. Son talent se recommande par un faire large et souple ;
aussi le choix de cette artiste pour les importantes fonctions qui
lui sont confiées est-il excellent sous tous les rapports. C'est
une de ces nominations qui ne rencontrent que des approbateurs.
Allemagne. — Le 18 février, un horrible malheur a signalé
le bal masqué organisé à Munich par les élèves de l'Académie
de Peinture. Un d'eux, costumé en Esquimau, alluma un
cigare, qui mit le feu à ses vêtements d'étoupe ; l'infortuné,
saisi de terreur, parcourut le bal en enflammant les costumes
de plusieurs de ses amis. Quatre artistes furent brûlés vifs, huit
autres si grièvement blessés que quatre d'entre eux ne tarderont
pas à succomber aussi.
NECROLOGIE
—■ M. Jacques-Edouard Gatteaux , doyen d'âge de
l'Académie des beaux-arts, s'est éteint le 9 février dans son
domicile de la rue de Lille, à l'âge de quatre-vingt-treize
ans. 11 était né à Paris en 1788. Nous ne rappellerons
pas ici la vie et les œuvres de M. Gatteaux, notre in-
tention étant d'en publier prochainement une notice
détaillée.
— Un jeune artiste français, Edouard Marlois est
mort à Londres, enlevé en quelques jours par une bron-
chite, à l'âge de trente-trois ans.
Edouard Marlois était un ancien élève de l'école
Nidermeyer où il avait reçu, entre autres, des leçons de
M. Saint-Saëns, dont il était resté un des meilleurs amis.
A Londres, il était professeur à l'Institut musical du docteur
Wylde. C'était une remarquable intelligence. Frappé de la
divergence qui existe entre les traités d'harmonie et l'état
actuel de la musique, divergence qui augmente tous les
jours, il travaillait à un ouvrage considérable qui aurait
demandé plusieurs années de travail et qui ne visait à rien
moins qu'à placer la théorie de la musique sur des bases
nouvelles. Voici un fragment d'une lettre qu'il écrivait
dernièrement à ce sujet à M. Camille Saint-Saëns.
« Je travaille avec acharnement, d'un côté au Feu du
ciel, de l'autre à_____? Je ne sais vraiment pas comment il
faudra appeler ce bouquin. — J'ai lu le livre du comte
Durutte; c'est tout à fait remarquable et je vous assure que
j'ai été très fier de voir là beaucoup de choses que je pen-
sais avant même de connaître l'existence de cet ouvrage. Je
le trouve cependant imparfait puisqu'il contient encore
certaines restrictions sur la Pédale, les Suspensions, les
Appogiatures, etc., etc. Mais tout cela disparaîtra facile-
ment en prouvant que le tempérament est une chose idiote,
qu'il est impossible de faire un do bécarre avec un si diè^e
et qu'il faut véritablement avoir bien l'envie de rester en
arrière pour déclarer que l'échelle des sons est infinie mais
qu'on va bien vite poser des limites à la science qui va
combiner ces sons. — Du reste, ces limites sont inutiles,
puisque la première chose que l'on fait quand on a du
talent, c'est de les franchir. »
Ces quelques lignes suffisent à montrer que l'art
musical fait en la personne d'Edouard Marlois une perte
sérieuse.
Edouard Marlois a laissé divers morceaux de piano et
de chant, publiés à Londres, et de fort belles pièces d'orgue.
— Le 24 janvier est décédé à Londres, à l'âge de
soixante-six ans, un des membres de la Royal Academy,
M. Alfred Elmore, qui était né en Irlande à Clonakilty, le
jour de la bataille de Waterloo. 'Il laisse un nombre consi-
dérable de tableaux de genre d'un mérite très secondaire.
— M. Texier, ancien architecte des palais nationaux,
vient de mourir à Paris.
— Adolf Wegelin, l'aquarelliste favori du feu roi de
Prusse, Frédéric-Guillaume IV, est mort récemment à
Cologne.
— Le sculpteur Éli Johnson est mort à Northampton,
sa ville natale, le 14 janvier, à l'âge de trente et un ans.
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Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
France. — La magnifique collection de M. le bnron Adolphe
de Rothschild s'est récemment enrichie de quatre pièces en
cristal de roche des plus pre'cieuses, achete'es à la famille Von
der Leijn, de Crefeld ; ce sont : une aiguière du xiv siècle avec
monture en vermeil, exécutée au siècle suivant; une autre
aiguière, travail du xvi0 siècle, avec monture en vermeil de la
même époque; une coupe avec monture en or émaillé du
xvie siècle, et une merveilleuse cuillère également avec monture
en or émaillé du xvi° siècle.
— L'Académie des Beaux-Arts a procédé, le 5 février, à
l'élection d'un membre ordinaire dans la section de peinture,
en remplacement de M. Cognict.
Il y a eu trente-trois votants. Les suffrages se répartissent
ainsi au premier tour de scrutin :
MM. Bonnat............. 19 voix.
Jalabert............ 1 — -
Boulanger........... 6 —
Maillot............. 6 —
Em. Lévy........... 1 —
M. Bonnat est élu. Le digne Léon Cogniet ne pouvait
désirer plus brillant successeur.
La section de peinture ayant à élire un correspondant
étranger, en remplacement de M. Liévin de Winne (Bruxelles),
présente la liste suivante de candidats : i° M. Aima Tadéma, à
Londres; i« M. Mackart, à Vienne; 5° M. Consoni, à Rome.
L'Académie ajoute à la liste M. Israëls. à La Haye.
La commission mixte chargée de dresser la liste de candi-
dats pour le remplacement de M. Visconti. correspondant, pré-
sente en première ligne M. Constantin Carapanos, à Athènes;
en seconde ligne, M. Tullo Massarani, à Milan. L'Académie
ajoute M. Thausig, à Vienne.
— Un comité vient de se constituer sous la présidence de
M. Leblond, sénateur, pour élever un monument à la mémoire
de M. Valentin, l'héroïque préfet de Strasbourg.
— Mmc Jules Héreau, née Louise Darru. la veuve du peintre
mort dans les conditions douloureuses que l'on sait, vient d'être
nommée inspectrice des écoles de dessin de la ville de Paris.
M™0 Héreau s'est fait une réputation méritée comme peintre de
fleurs. Son talent se recommande par un faire large et souple ;
aussi le choix de cette artiste pour les importantes fonctions qui
lui sont confiées est-il excellent sous tous les rapports. C'est
une de ces nominations qui ne rencontrent que des approbateurs.
Allemagne. — Le 18 février, un horrible malheur a signalé
le bal masqué organisé à Munich par les élèves de l'Académie
de Peinture. Un d'eux, costumé en Esquimau, alluma un
cigare, qui mit le feu à ses vêtements d'étoupe ; l'infortuné,
saisi de terreur, parcourut le bal en enflammant les costumes
de plusieurs de ses amis. Quatre artistes furent brûlés vifs, huit
autres si grièvement blessés que quatre d'entre eux ne tarderont
pas à succomber aussi.
NECROLOGIE
—■ M. Jacques-Edouard Gatteaux , doyen d'âge de
l'Académie des beaux-arts, s'est éteint le 9 février dans son
domicile de la rue de Lille, à l'âge de quatre-vingt-treize
ans. 11 était né à Paris en 1788. Nous ne rappellerons
pas ici la vie et les œuvres de M. Gatteaux, notre in-
tention étant d'en publier prochainement une notice
détaillée.
— Un jeune artiste français, Edouard Marlois est
mort à Londres, enlevé en quelques jours par une bron-
chite, à l'âge de trente-trois ans.
Edouard Marlois était un ancien élève de l'école
Nidermeyer où il avait reçu, entre autres, des leçons de
M. Saint-Saëns, dont il était resté un des meilleurs amis.
A Londres, il était professeur à l'Institut musical du docteur
Wylde. C'était une remarquable intelligence. Frappé de la
divergence qui existe entre les traités d'harmonie et l'état
actuel de la musique, divergence qui augmente tous les
jours, il travaillait à un ouvrage considérable qui aurait
demandé plusieurs années de travail et qui ne visait à rien
moins qu'à placer la théorie de la musique sur des bases
nouvelles. Voici un fragment d'une lettre qu'il écrivait
dernièrement à ce sujet à M. Camille Saint-Saëns.
« Je travaille avec acharnement, d'un côté au Feu du
ciel, de l'autre à_____? Je ne sais vraiment pas comment il
faudra appeler ce bouquin. — J'ai lu le livre du comte
Durutte; c'est tout à fait remarquable et je vous assure que
j'ai été très fier de voir là beaucoup de choses que je pen-
sais avant même de connaître l'existence de cet ouvrage. Je
le trouve cependant imparfait puisqu'il contient encore
certaines restrictions sur la Pédale, les Suspensions, les
Appogiatures, etc., etc. Mais tout cela disparaîtra facile-
ment en prouvant que le tempérament est une chose idiote,
qu'il est impossible de faire un do bécarre avec un si diè^e
et qu'il faut véritablement avoir bien l'envie de rester en
arrière pour déclarer que l'échelle des sons est infinie mais
qu'on va bien vite poser des limites à la science qui va
combiner ces sons. — Du reste, ces limites sont inutiles,
puisque la première chose que l'on fait quand on a du
talent, c'est de les franchir. »
Ces quelques lignes suffisent à montrer que l'art
musical fait en la personne d'Edouard Marlois une perte
sérieuse.
Edouard Marlois a laissé divers morceaux de piano et
de chant, publiés à Londres, et de fort belles pièces d'orgue.
— Le 24 janvier est décédé à Londres, à l'âge de
soixante-six ans, un des membres de la Royal Academy,
M. Alfred Elmore, qui était né en Irlande à Clonakilty, le
jour de la bataille de Waterloo. 'Il laisse un nombre consi-
dérable de tableaux de genre d'un mérite très secondaire.
— M. Texier, ancien architecte des palais nationaux,
vient de mourir à Paris.
— Adolf Wegelin, l'aquarelliste favori du feu roi de
Prusse, Frédéric-Guillaume IV, est mort récemment à
Cologne.
— Le sculpteur Éli Johnson est mort à Northampton,
sa ville natale, le 14 janvier, à l'âge de trente et un ans.
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Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.