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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Ménard, René: Histoire artistique du métal, [10]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0345

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HISTOIRE ARTISTIQUE DU MÉTAL1

. IV
LE MÉTAL

DANS LES TEMPS MODERNES

( suite)

LES BRONZES

« Tout le monde sait, disait M. Guillaume, dans une confé-
rence faite à l'Union centrale des Beaux-Arts appliqués à
l'Industrie, que l'on range sous la dénomination très générale de
bronzes une nombreuse série d'alliages dans lesquels le cuivre,
dominant dans une proportion très forte, se trouve uni, soit à de
l'étain, soit à du zinc, ceux-ci étant purs ou mêlés avec du
plomb, soit avec tous ces métaux diversement associés. Il y a
aussi des bronzes qui contiennent de l'argent ou de l'antimoine,
et quelques-uns dans lesquels on rencontre des traces de fer. Les
combinaisons qui peuvent résulter du mélange de ces différents
éléments sont nombreuses. Quelles qu'elles soient, leur densité
est supérieure à celle du cuivre; elles sont plus dures et plus
tenaces que lui, et cependant plus fusibles; elles coulent mieux
aussi lorsqu'elles sont en fusion. Refroidies, elles offrent plus de
résistance aux agents extérieurs et leur grain serré les rend sus-
ceptibles de recevoir par la main-d'œuvre un fini plus parfait.

« La composition du bronze a une grande importance, car
des rapports que l'on établit entre ses parties constitutives résul-
tent les qualités essentielles qu'il doit posséder: ce sont avant
tout la fluidité, la ductilité, la résistance.

« Il faut, en effet, que le métal liquéfié pénètre activement
dans toutes les parties du moule, en épouse tous les replis ; il
faut qu'il reçoive sans se briser le travail du marteau, sans se
déchirer celui du ciseau ou du burin, sans s'érailler ou s'empâter
celui de la lime; il doit avoirla ténacité qui, tout en assurant la
solidité des ouvrages, permet à l'artiste de leur donner le carac-
tère et l'effet que la matière comporte ; déplus il est nécessaire
que la fonte ait naturellement une belle couleur, car on peut
vouloir conserver celle-ci; il faut, en tout cas, qu'elle puisse
bien prendre la patine.

« La couleur naturelle offre à mon sens un grand intérêt.
On n'en tient pas tout le compte qu'il faudrait ; elle peut seconder
les vues de l'artiste; il est possible de la fixer. D'un autre côté,
la coloration que le bronze contracte par une légère oxydation
de la surface, et qui est la patine, cette coloration tient aussi
dans la sculpture en bronze une place importante. On arrive
artificiellement à donner des teintes qui, bien que factices, sont
solides, et on peut par là introduire dans une œuvre une variété
que l'art ne répudie point. Mais suivant que la patine, qui est
l'effet du temps, se produit avec une couleur légère ou pesante,
suivant qu'elle a l'apparence d'un émail brillant ou d'un sédiment
terreux, elle devient pour le métal une marque de noblesse ou
un signe d'infériorité. Aussi, pour tous ces motifs, s'est-on beau-
coup occupé de rechercher et de déterminer les proportions de
l'alliage. »

L'antiquité nous a laissé quelques bronzes admirables, aussi
bien sous le rapport de l'exécution technique que sous celui
de la conception sculpturale. Il nous suffira de rappeler la belle
figure d'Hermès ou Mercure, conservée au musée de Naples.

Dans les villes anciennes les ouvrages en bronze étaient beaucoup
plus communs que ceux en marbre. Mais comme le bronze est
facile à fondre quand on veut l'employer pour d'autres usages,
la destruction a été systématique et universelle, tandis que les
statues en marbre, ne représentant rien comme valeur intrin-
sèque, étaient négligées par les pillards. Nous devons à cela d'en
avoir conservé un assez grand nombre en marbre, tandis que les
ouvrages en bronze sont partout assez rares. Pour les bronzes
antiques, le musée de Naples est de beaucoup le plus riche de
l'Europe et il le doit aux villes de Pompei et Herculanum, qui,
ayant été détruites avant les invasions barbares et ayant ainsi
échappé au moyen âge, ont été retrouvées à peu près intactes.
Le musée du Louvre, si riche en monuments de marbre, n'a
qu'une.salle consacrée aux bronzes de l'antiquité. Elle contient
une curieuse série d'ustensiles étrusques et romains, parmi les-
quels on remarque quelques belles cistes, une collection assez
complète d'armes et de candélabres, des chaudrons, des vases de
tous genres et de toutes formes, des coupes dont plusieurs sont
d'une belle conservation, et quelques objets d'un caractère plus
spécial, par exemple les strigiles dont se servaient les athlètes
pour se gratter la peau encore tout imprégnée d'huile et de
sable, et qui plus tard sont devenus d'un usage général dans les
bains publics. Parmi les statuettes, il faut signaler, outre les
images des divinités dont quelques-unes sont fort belles, quelques
figurines d'acteurs et de mimes, des acrobates faisant divers
tours, des masques tragiques ou comiques, des figures gro-
tesques, des figures de gladiateurs et d'auriges, et d'autres per-
sonnages du même genre, qui rappellent la passion des anciens
pour les spectacles.

Nous avons déjà parlé plus haut des bustes antiques en
bronze, mais nous avons omis de signaler à l'attention du lec-
teur la manière particulière dont les anciens traitaient souvent
les cheveux et la barbe, et qui ne semble pas avoir été adoptée
par nos statuaires modernes.

« Il n'est pas à ma connaissance, dit M. Guillaume, que l'on
ait jamais imité, même de loin, le beau buste de Bacchus, dit
le Platon, de Naples, qui offre cet exemple si digne de remarque
que les mèches de cheveux et de la barbe sont terminées par des
fils de métal roulé qui ont la mobilité et la légèreté des boucles
naturelles. Même observation pour la tête de Vespasien qui est
au Louvre, et qui porte une couronne dont les feuilles ont été
rapportées une à une, ce qui donne à l'image une singulière
ampleur. »

Le moyen âge, qui nous a laissé dans l'orfèvrerie de si admi-
rables modèles, est resté en arrière pour les grands ouvrages
en bronze, et le xv° siècle italien a été, à ce point de vue, une
véritable résurrection. Florence, indépendamment de ses mer-
veilleuses collections, peut être considérée comme un immense
musée, par le nombre et la qualité des ouvrages en bronze
qui décorent ses places publiques et la façade de ses édifices.
Sous les arcades du portique appelé la Loggia de' Lan^i on voit

1. Voir l'Art, 6e année, tome W, page 30;, tome IV, pages 20 , 44, 67, 90, 114, 161, 212 et 23S; T année, tome I", pages 6;, 88, m, [ ;t>, 158, iSf, 20J,
236 et 287.
 
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