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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Carr, J. Comyns: Les grandes expositions d'hiver a Londres, [1]: Royal Academy of Arts, Burlington House, Winter Exhibition
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Expositions: place Vendome- Rue Volney- Rue Laffitte
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0283

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EXPOSITIONS.

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altérées. Néanmoins, telle qu'elle est, elle conserve encore tout
le charme de sa gracieuse composition et nous initie à l'extra-
ordinaire aptitude du peintre à interpréter les séductions de
l'enfance. Reynolds nous a laissé quelques portraits d'enfants,
portraits non surpassés, mais même ses meilleurs en ce genre ne
distancent pas ces jeunes types rustiques, h l'attitude, à l'expres-
sion si naïves, si absolument sincères.

De Gainsborough encore, mais dans sa manière courante,
nous avons un excellent portrait en pied de la comtesse
Ligonier1, cette grande dame dont la carrière singulièrement
fantasque se lit en quelque sorte dans la mobile beauté de ses
traits. Comme témoignage du goût du peintre et de ses raffine-
ments de coloriste, il suffirait de la tète piquante de la jeune
Miss Tryon-, qui a tout le charme d'une élude d'après nature,
faite par l'artiste pour son propre délassement, sans autre but
apparent que de réaliser une exquise symphonie de rose et de
gris ; ce qui n'empêche de sentir, en outre, bien que le modèle
ne soit plus, que son image est ici rendue avec la plus scrupu-
leuse vérité.

Comme paysagiste, Gainsborough est cette fois représenté
de façon complètement insuffisante, sort qu'il partage avec toute
notre école de paysage. Un Calme sur la Medway3, par Callcott,
est une belle œuvre de ce maître que ne hanta jamais le génie;
il y a aussi un petit Crome et un Constable, tout aussi peu
important. En revanche, le Turner de M. H. L. Bischoff'sheim
est un des chefs-d'œuvre de la période où le style de cet illustre
inspiré fut le plus pur, le plus magistral. Cette merveilleuse toile,
qui représente Kilgarran Castle* et a été peinte en 1799, a fait
partie de la célèbre collection de feu M. Joseph Gillott, de
Birmingham.

Reynolds se montre une fois déplus le maître le plus régu-
lièrement puissant et soutenu que l'école anglaise ait encore

produit. Dans ses plus heureux moments d'inspiration, Gains-
borough semble parfois surpasser son grand rival, mais dès que
l'occasion se présente de comparer un certain nombre d'oeuvres
de ces deux artistes, il est impossible de ne pas s'avouer que
Reynolds est de plus haute race; son champ est plus vaste, plus
varié. Le temps, hélas! et la propre imprudence du peintre qui
affectionnait le dangereux emploi du bitume, infligent chaque
jour de nouveaux désastresaux meilleures œuvres de Sir Joshua.
C'est ainsi que la Nymphe et Pan qui joue de la flûte*, autrefois
une merveille de coloris, n'est plus qu'une toile assombrie, dont
les craquelures et les rugosités font songer à la peau d'un
rhinocéros. L'admirable groupe de Master Angerstein and iiis
Sister Julia0 a fort heureusement beaucoup moins souffert, et
le grand tableau représentant Lady Elisabeth Herbert, after-
wards Countess of Carnarvon, and Child", quoique ayant poussé
au noir, est relativement presque intact; c'est là une des pro-
ductions les plus caractéristiques du maître. On y trouve des
faiblesses de dessin surtout là où Sir Joshua s'attaque au nu ;
— ces faiblesses-là se rencontrent dans la plupart de ses dessins, —
mais en même temps, comme il nous donne toute sa mesure de
coloriste, que de goût il prodigue dans ses harmonies se jouant
sur une gamme très restreinte de tons!

Enfin tous ceux qui tiendront à se rendre compte de la
science qui se cache sous la virtuosité technique du coloriste, et
de l'habileté prodigieuse de ce pinceau à traduire les vivacités
d'expression d'un modèle, devront s'arrêter longtemps devant
l'étude inachevée de la tète de cette spirituelle Kitty Fisher*
que Reynolds peignit maintes fois de 1759 à 1767, et dont l'un
des plus parfaits portraits se trouve à Bute House dans la riche
collection de M. Bischoff'sheim.

J. COMYNS CARR.

( t.a suite au prochain numéro.)

EXPOSITIONS

PLACE VENDOME — RUE VOLNEY — RUE LAFFITTE

I

Les deux expositions du Cercle de l'Union artistique et du
Cercle artistique'et littéraire ont, comme d'habitude, servi de
préface au Salon. Rue Volney, on ne nous a pas montré moins
de deux cent quatre-vingt-seize œuvres d'art, tandis que, Place
Vendôme, on n'en avait réuni que cent quarante-deux.

Nous ne nous arrêterons qu'au dessus du panier, et nous
suivrons l'ordre alphabétique adopté, des deux côtés, pour les
notices courtoisement distribuées aux visiteurs9.

M. Bastien-Lepage, quoi qu'on en ait dit, ne triomphait
pas moins « aux Mirlitons » que rue Volney, où ses Blés mûrs,
peinture d'une sincérité inouïe, et son Portrait de femme âgée,
si vrai, si étonnant d'observation et de rendu, remportaient tous
les suffrages. Nous connaissions depuis longtemps le Portrait de
S. A. R. Mgr. le Prince de Galles — il a été exposé à Londres,

à la Grosvenor Gallery, où son succès fut éclatant. A Paris,
les badauds se sont mis à la remorque de critiques improvisés
qui parlent haut de ce dont ils ne connaissent mot, et qui
écrivent force phrases brillamment creuses pour juger ce que
leur ignorance leur interdira toujours de comprendre. 11 en est
résulté qu'une des œuvres les plus distinguées dont nous nous
souvenions, a été ridiculement attaquée et sottement malmenée.
M. Bastien-Lepage a pour se consoler l'applaudissement una-
nime de tous ceux qui savent, de tous ceux qui font de l'art une
étude assidue au lieu d'en bavarder à tort et à travers. A tous ses
critiques de rencontre, M. Bastien-Lepage peut opposer, avec le
plus légitime orgueil, le jugement que nous avons entendu
porter sur son Prince de Galles, par un artiste aussi sincère que
réellement connaisseur—rarissima avis! —par un vrai maître,
M. Antoine Vollon. Nous avons trouvé ce vaillant absorbé dans
la contemplation de ce petit portrait d'un parti-pris si original,

1. N° 177 du Catalogue. Ce portrait a été peint en 1771.

2. N° 38. Elle a quinze ans.

3. N° 46; Calm on tlie Medway, appartenant au comte de Durham. Sir Augustus Wall Callcott naquit à Kcnsington, le 20 novembre 1779, fut élève de John
Hoppner, R. A., devint lui-même académicien en 1810, fut anobli en 1837 par la Reine Victoria, nommé conservateur des tableaux de la Couronne en 1844, et
mourut le 25 novembre de la même année.

4. N° 173.

5. N° 35.

6. N* 30. Ces deux tableaux appartiennent à M. William Angerstein dont le père possédait les chefs-d'œuvre acquis par la nation pour fonder la National
Gallery.

7. N» 180. Commencés en 1775, ces portraits ne furent achevés qu'en 1777.

8. N» 58. Cette si séduisante étude appartient au comte de Carysfort qui a exposé aussi un bon portrait de la première femme du second Lord Carysfort, par
Sir Joshua Rcynold. et le portrait de la seconde épouse de ce même ancêtre, la Comtesse de Carysfort, peinture d'une tonalité distinguée due au pinceau de John
Hoppner, R. A.

9. La Notice du Cercle artistique et littéraire donne l'adresse de chaque exposant, mais n'indique pas, comme on le fait place Vendôme, à qui appartiennent
les œuvres cataloguées. Les deux Cercles ont chacun une amélioration à s'emprunter pour donner toute satisfaction aux visiteurs.
 
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