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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Heulhard, Arthur: Art dramatique, [2]
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Exposition de la Société des Amis des Arts de Lyon
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0224

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EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE LYON.

Chouard, son beau-père, fat jadis le premier amant de Nana,
et, pour comble de contrariété', au milieu de ce sang et de cette
boue, voilà M"1 Hugon, qui vient lui réclamer, avec des
sanglots dans la voix, l'honneur de Philippe et le cadavre de
Georges. Ce n'est pas tout, il faut que Muffat trouve un amant
installé auprès de sa femme, lassée de ses dédains, et que, dans
un élan conjugal singulièrement lyrique, les deux époux récon-
ciliés allument l'incendie dans l'hôtel déshonoré des Muffat.

Et maintenant, il est grand temps que Nana. responsable ou
non de tant d'atrocités, paye sa dette à la société. Elle meurt
de la petite vérole; Dieu, dans sa miséricorde infinie, lui accorde
le bénéfice des circonstances atténuantes. Le châtiment est
néanmoins épouvantable, et le dernier tableau, qui représente
la chambre n° 206 du Grand-Hôtel où Nana expire, contient
des effets d'horreur d'une violence indescriptible. J'ajoute que
ces effets sont réglés avec des artifices de scène qui ne sont point
étrangers à l'art dramatique. Nana gît agonisante sur son lit,
les rideaux tirés. Sur la table de nuit, une veilleuse brûle triste-
ment. Des salons du Grand-Hôtel, une symphonie de bal, légè-
rement étouffée par les plafonds, apporte à la moribonde un
écho assourdi de la valse qu'elle chantait dans la Blonde Vénus.
A intervalles, Nana, brûlée par la soif, crie : « A boire! » D'an-
ciennes compagnes de plaisir, attirées par la curiosité, causent
chiffons et bains de mer à une fenêtre ouverte en comptant avec
insouciance les amants de Nana qui passent sur le boulevard.
« A boire! » crie Nana; mais aucune de ces respectables dames
n'ose approcher; une seule, Clarisse Besnus, hésite à lui
tendre la tisane, puis cédant à la peur, gagne la porte sur la
pointe des pieds. La chambre est vide. Tout à coup, Nana,
désespérant d'être entendue, écarte de la main les rideaux, se
met sur son séant, et parvient à se tenir debout. Horrible, re-
poussante, les cheveux brouillés par les plis de l'oreiller, la peau
tournée à la terre glaise, les yeux à demi fermés par les pus-
tules, une aile du nez rongée, elle traverse la chambre, défaillant
à chaque pas, cognant à chaque meuble; arrivée auprès de la
cheminée elle se regarde dans la glace, pousse un cri effroyable

EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ

et s'affaisse sur le plancher. Mais la mort vient, voici le der-
nier râle qui grince et les derniers souvenirs de la vie qui
s'envolent : « Où es-tu, mon Louiset, mon pauvre mignon
chéri ? Mort. Où est le comte? Mort. Où es-tu, Georges, et toi,
Philippe, où es-tu? Morts, tous morts!!! soupire-t-elle, et...
elle meurt. Cette scène, d'un réalisme foudroyant, a fait frisson-
ner les sceptiques les plus robustes; elle domine de toute son
horreur les impressions reçues pendant le cours de la pièce, et
efface presque de notre mémoire les merveilleux décors des
Ruines de Chaînant et de l'Incendie, des chefs-d'œuvre de Ché-
ret et de Robecchi, et la pittoresque toile de Zarra, l'Enceinte
du pesage.

M. Chabrillat nous a donné, en même temps qu'une mise
en scène luxueuse, une interprétation supérieure. Dailly, qui
joue le banquier Steiner, un M es-Bottes en habit, déchaîne le rire
à volonté. Lacressonnière a bien rendu certaines parties du rôle
ridicule et tragique de Muffat, mais il a la dignité lourde et le
débit emphatique. On a beaucoup remarqué M. Hébert, le débu-
tant qui a fait Georges Hugon; ce jeune homme, qui a dix-sept
ou dix-huit ans, l'âge du rôle, dit juste et avec une sobriété qui
n'exclut ni la conviction, ni la chaleur. Les personnages fémi-
nins ont été joués avec un relief plus saisissant encore, par
Mllc Honorine (cette chiffonnière Pomaré qui tire un si cruel ho-
roscope de la destinée de Nana), parM"° Leriche (cettesoubrette
féroce, qui a si peu d'illusions sur le monde en général et sur le
demi-monde en particulier), et par M110 Lina Munte (cette com-
tesse Sabine si fière avant comme après la chute).

La création du rôle de Nana, dont M. Zola s'exagère la por-
tée, est un triomphe pour M'10 Massin qui aborde pour la pre-
mière fois des rôles de telle envergure; il lui a fallu du courage
pour se prêter à la formidable réclame à Jennerqui termine les
exploits de l'héroïne. Dans son agonie, elle nous a remué et
jusqu'à un certain point inquiété ; il nous a paru qu'elle nous
inoculait une nouvelle variété de la variole, la variole par per-
suasion.

Arthur Heulhard.

DES AMIS DES ARTS DE LYON

Notre quarante-quatrième exposition de la Société des Amis
des Arts est ouverte depuis le 22 janvier 1881.

Enfin nous inaugurons un local définitif! Notre vieux
Palais Saint-Pierre, ancien couvent des Dames de Saint-Pierre,
menaçait complètement ruine; ses énormes piliers s'enfonçaient
dans le sol et un effondrement général était à craindre. La ville
a dû prendre le parti d'une restauration sérieuse, et son habile
et savant architecte, M. Hirsch, a assumé la grande responsa-
bilité de reprendre l'œuvre par la base et de procéder à une
entière régénération; ce travail, qui demande encore de longs
mois, lui fera grand honneur.

Dans ce remaniement général de notre antique édifice,
M. Hirsch nous a ménagé une salle de dimensions convenables,
parfaitement éclairée par en haut, et a construit pour y accéder
un escalier spacieux et d'un très bon caractère; tout cela n'est
pas terminé, maison a passé outre et l'on a bien fait.

L'exposition annuelle n'encombrera plus les salles du
Musée de peinture; les peintres modernes seront chez eux, et
déjà l'annonce de ce nouveau local nous a valu plusieurs envois
importants; aux noms habituels nous voyons s'adjoindre beau-
coup de noms nouveaux, et Paris nous a envoyé plusieurs toiles
de valeur.

Une première et rapide visite, pendant une tourmente de
neige qui obscurcissait l'air, ne nous permet que de citer
quelques noms.

Prenons d'abord les Parisiens et commençons par une

Parisienne, Mlie Louise Abbéma, qui, croyons-nous, nous fait
sa première visite: de ses deux toiles nous n'avons su découvrir
que la première, Gardénia, d'une .grande originalité et d'un
faire charmant.

James Bertrand nous a envoyé son Acis et Galathée surpris
par le cyclope Polyphème, œuvre connue, classée et reproduite.

Chataud, deux bonnes toiles mauresques.

Frappa, son Chapitre XXI, une de ses meilleures œuvres
déjà popularisée par la gravure.

Henner, sous ce titre Prière, une très curieuse petite toile,
profil de femme angoissée découpé à l'emporte-pièce sur fond
noir.

Ernest Hillemacher, sa Tarpeia, une page de l'histoire
romaine.

M"° Élisa Koch, son Enfant rouge, une réussite et de plus
une ressemblance parfaite.

Charles Landelle, sa Vénitienne, bien connue et toujours
charmante.

Luminais, deux grandes toiles, dont l'une, la Mort deChramn.
est déjà popularisée.

Bellet du Poizat, une charmante marine, lumineuse, bien
en perspective; que ne peint-il toujours ainsi !

Les favoris lyonnais ne manquent pas à l'appel. Nous cite-
rons seulement :

Sicard, Après la pluie, place Bellecour, un pendant à son
tableau de l'an dernier et même effet de pluie. Cela rappelle
 
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