L' art: revue hebdomadaire illustrée (7.1881 (Teil 1))

EXPOSITIONS. 3o3

préparent leur carrière dans les bureaux des architectes de
me'tier.

« Au point de vue théorique, l'instruction qu'ils y reçoivent
est insuffisante. Quant à l'Ecole des beaux-arts, elle ne vise pas
l'instruction de l'architecte de profession ; elle ne reçoit d'ailleurs
guère plus de cinq cents élèves.

« C'est pour ces trois mille jeunes gens qu'a été fondée
l'École spéciale d'architecture, c'est pour eux qu'elle a constitué
son enseignement, c'est à la profession tout entière qu'elle a
dit : « Voilà ce qu'il faut savoir, absolument savoir pour fonc-
tionner. »

< Que par surcroît ses sujets se trouvent bien préparés, non
à un examen d'admission, ce qui est insignifiant, mais aux

longs développements de la pleine éducation artistique de
l'École des beaux-arts; qu'il soit dans l'ordre de son fonction-
nement de permettre ici une sélection propice à un certain
recrutement de l'École des beaux-arts, ce n'est sujet de doute
pour aucun observateur sérieux, mais il ne faut voir là qu'une
tâche secondaire pour votre école.

« Le rôle immédiat que nous nous sommes donné, c'est
l'enseignement de trois mille. »

Et nous pouvons ajouter que si ce but a été poursuivi avec
persévérance, atteint avec succès, c'est grâce à l'énergie indomp-
table et persévérante d'un directeur comme il faut en souhaiter
à toutes les oeuvres qui se fondent, à M. Emile Trélat.

Charles Rosoy.

COURRIER DES MUSEES
LX

France. — Le Musée du Louvre vient de s'enrichir d'un
certain nombre d'objets du plus haut intérêt, dus à la générosité
de deux amateurs qui méritent une vive reconnaissance de la
part de toutes les personnes qui s'occupent de beaux-arts.
Mmo Charles Timbal, voulant exécuter une pieuse recomman-
dation de son mari, a informé l'administrateur des musées qu'elle
met à sa disposition l'admirable dessin de Raphaël, la Belle
Jardinière ; un bas-relief italien du xv° siècle; un buste antique
de Bacchus, et un pilastre sculpté de la Renaissance.

Ces quatre morceaux sont de la plus belle qualité; le dessin
de Raphaël a été payé 10,000 fr. il y a plusieurs années par son
dernier possesseur et il vaudrait bien davantage aujourd'hui.
D'un autre côté, M. Édouard Gatteaux a légué au Musée tous
les objets de sa collection qui paraîtraient dignes aux conser-
vateurs de prendre place dans les galeries du Louvre. Notre
savant collaborateur, M. Georges Duplessis, exécuteur testa-
mentaire de M. Gatteaux, a déjà mis le Musée en possession d'un
petit tableau de Hans Memling, le Mariage mystique de
sainte Catherine; d'un panneau de Fra Angelico de Fiesole,
représentant cinq saints vus à mi-corps; de quatre émaux très
importants de Pierre Penicaud, et de trois dessins à la mine de
plomb, d'Ingres : les portraits de M. Gatteaux père, de

Nous rappellerons que le petit tableau de Memling, pein-
ture exquise et tout à fait hors ligne, l'une des perles de l'œuvre
du maître, a échappé comme par miracle aux désastres de la
Commune. Pendant que brûlait l'hôtel de M. Gatteaux, il était
chez M. François, qui exécutait la ravissante planche qu'a
publiée la Société française de gravure. Aussitôt que l'inventaire
complet de ce qui reste de la collection sera terminé, les
conservateurs du Louvre seront appelés à choisir, parmi les
peintures, les dessins et les bronzes qui ornaient l'hospitalière
habitation de l'artiste que nous venons de perdre, tout ce qui
leur paraîtra convenir à notre Musée national ; et, malgré des
pertes irréparables, la moisson sera sans doute encore très
abondante.

Italie. — La municipalité de Viterbe et celle de Ter-
racine viennent de prendre une décision qui fera certaine-
ment plaisir aux amateurs de beaux-arts et d'antiquités.
Elles ont eu l'idée de fonder deux musées dans lesquels on
rassemblera tous les objets d'art que possèdent ces deux villes,
et on sait qu'elles en possèdent une grande quantité. A Viterbe
comme à Terracine, on a fait ces temps derniers des décou-
vertes archéologiques très importantes; aussi ces deux musées
offriront-ils un attrait de plus aux voyageurs qui visiteront

Mmo Gatteaux mère et de M. Edouard Gatteaux. ( ces villes.

EXPOSITIONS

France. — L'Exposition internationale d'électricité présen-
tera un grand intérêt artistique; elle comprendra en effet une
galerie de tableaux où seront installés les divers procédés d'éclai-
rage électrique afin de permettre de juger quel est le système le
plus favorable aux œuvres d'art.

Il est aussi question, entre autres surprises réservées au
public, de construire dans le Palais une véritable salle de spec-
tacle pouvant contenir plusieurs centaines de personnes, et d'où
les spectateurs, ou plutôt les auditeurs, entendront les chœurs
de l'Opéra.

On verrait là une des plus curieuses applications de l'élec-
tricité au moyen de tout un système de fils conducteurs qui,
partant du Grand-Opéra, aboutiront dans la salle de spectacle du
Palais de l'Industrie.

Exposition rétrospective au Palais de Versailles (juin-juillet
j 881. — La ville de Versailles prépare, à l'occasion du Concours
agricole régional de 1881, une Exposition rétrospective d'objets
d'art et d'archéologie.

Cette Exposition aura lieu au Palais de Versailles, du
iCr juin au 15 juillet prochain.

Elle est placée sous le patronage de la Commission de
l'Inventaire des richesses d'art du département de Seine-et-
Oise, qui a délégué ses pouvoirs à une sous-commission dont le
président est M. L. Clément de Ris, conservateur du Musée; et
le secrétaire M. Dutilleux, chef de division à la préfecture.
Toutes communications et demandes d'admission devront être
adressées à l'un ou à l'autre de ces deux membres de la com-
mission.