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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Fouqué, Octave: Art musical, [5]: Représentations de Mme Patti au Théatre des Nations: La Son Nambula
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Carr, J. Comyns: Les grandes expositions d'hiver a Londres, [2]: Royal Academy of Arts, Burlington House, Winter Exhibition
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0322

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C'est ce commencement du troisième acte qui a e'té entendu
au Conservatoire. Il débute par un prélude instrumental où les
cors font entendre une mélodie d'un dessin fort distingué,
reprise bientôt par le chœur invisible des Esprits. Puis vient la
scène entre Sigurd et Gunther, scène remplie de beaux élans
dramatiques, et un duo très développé entre Gunther et Brune-
hilde. Ce duo repose sur deux mélodies-types, également larges
et expressives. S'il fallait exprimer une préférence pour l'une de
ces phrases, nous pencherions volontiers vers la seconde, qui est
d'une sonorité si douce, exposée par les premiers violons, et se
déduit si franchement ensuite dans la voix du soprano. La fin
du morceau, où les deux époux mêlent leurs voix, est très
chaleureuse et a excité les applaudissements à plusieurs reprises.

Qu'on ne croie pas, parce que nous parlons de mélodies-
types, que le système de M. Reyer soit wagnérien. La mélodie
de l'auteur de la Statue est toujours claire et nettement déter-
minée ; par là comme par tous les côtés de son esprit, il reste
bien français et ne saurait être taxé de germanisme. Il l'est aussi
ou plutôt il est bien lui-même par son instrumentation : son
orchestre est brillant et presque toujours écrit dans les tonalités
généreuses, éclatantes, où les cordes ont leurs vibrations les
plus sonores et prennent naturellement le principal rôle : grande
différence avec l'orchestre des Niebelungen, qui laisse les
violons dans l'ombre pour faire chanter les cuivres et les bois.

Les fragments de Sigurd ont été accueillis avec faveur; ils
avaient pour eux le prestige d'une exécution brillante, à laquelle
ont pris part la toujours admirable M"0 Krauss, Mmcs Montalba
et Castillon, MM. Lassalle et Sellier.

M. Pasdeloup a donné deux auditions du Désert, œuvre que
certains amateurs ultra-modernes jugent déjà caduque et vieillie.
Tel n'a pas été l'avis du public très nombreux qui remplissait le
Cirque d'Hiver h ces deux exécutions. La musique de Félicien
David n'a pas, il est vrai, les miroitements incessants de la sym-
phonie d'aujourd'hui. Elle est plus contemplative qu'agitée ;
comme les pays d'où elle vient, comme les sables et les mon-
tagnes dont le voyageur saint-simonien paraît avoir gardé la
vision jusqu'à son dernier jour, elle repose sur de grandes lignes,
baignées d'une abondante et chaude clarté. Elle demande une

exécution large et sentie, sans affectation dans les détails, et
faisant simplement ressortir les masses d'ombre et de lumière ;
mais chaque fois qu'elle sera ainsi présentée et jouée dans
l'esprit qui lui convient, elle provoquera les applaudissements.
Par deux fois le Désert a été acclamé aux concerts populaires.
On a bissé la Rêverie du soir, chantée, ainsi que tous les solos,
par un jeune ténor léger, M. Bally, élève du Conservatoire et
déjà fin et excellent artiste. On a aussi beaucoup apprécié la
diction sonore de M. Sylvain, de la Comédie-Française, chargé
de lire les parties déclamées.

En môme temps qu'il faisait exécuter le Désert, M. Pasde-
loup a présenté à ses abonnés un violoncelliste célèbre à
l'étranger, M. Popper. Cet artiste a d'abord séduit le public par
la simplicité de sa tenue. Il possède un son large et puissant,
qui satisfait pleinement l'oreille; il phrase avec goût, et sans la
moindre afféterie. M. Popper a obtenu un grand succès avec
un Largo de Boccherini, qu'il exécute dans un bon style, mais
il a surtout fait entendre de ses compositions (Nocturne, gavotte,
mazurka, danse des Elfes). Ces morceaux sont remarquables
par une certaine finesse mélodique, et M. Popper orchestre les
accompagnements avec une ingéniosité qui fait supérieurement
ressortir son talent de virtuose.

Signalons le passage à Paris d'un artiste étranger de nais-
sance, mais qui nous appartient par plus d'un lien, M. Pablo
Sarasate, violoniste. Dans un concert donné au Chàtelet et trois
donnés à la salle Erard, M. Sarasate a surtout consacré son
merveilleux et irréprochable talent aux compositeurs français,
MM. Saint-Saêns et Lalo, dont il a fait entendre divers
concertos. II a ajouté à son programme des danses recueillies ou
composées par lui, et qu'il exécute avec une furia toute espagnole.
Aux concerts du Conservatoire, M. Sarasate a obtenu un très
vif succès en jouant le concerto de Mendelssohn.

MM. Pasdeloup et Colonne ont repris à la fois la Damnation
de Faust, de Berlioz. Voici les concerts du Chàtelet parvenus à
la vingt-cinquième audition de ce chef-d'œuvre; c'est là un beau
résultat; mais que nous sommes loin encore des neuf cents
représentations, à Paris seulement, des Cloches de Corneville !

Octave Fouque.

LES GRANDES EXPOSITIONS D'HIVER A LONDRES

i

royal academv of arts, burlington house.
winteu exhibition.

(suite)

La seconde galerie de Burlington House est presque exclu-
sivement occupée par l'école néerlandaise, et parmi les prodigieux
trésors d'art de Deepdene, on n'a littéralement que l'embarras
du choix; tous ces tableaux de Mmo Hope sont excellents — à
un petit nombre d'exceptions près — et parmi tant d'excellents,
il en est qui sont des merveilles sans rivales.

Disons d'abord un mot de l'infime minorité justement
discutable. Lorsqu'on possède, comme M'"e Hope, deux Metsu
de tout premier ordre, on ne doit pas redouter de voir critiquer,
comme fort douteux, ce panneau, qui représente une jeune
femme écrivant2, et d'entendre faire les plus sérieuses réserves
au sujet d'une autre jeune femme contemplant une miniature3;

il est possible que ç'ait été une peinture originale, mais les
repeints ont, en ce cas, anéanti l'œuvre du maître. Pour
VIntérieur de Van der Meer de Delft *, c'est autre chose;
l'authenticité ne fait pas question, mais il a à la fois poussé
au noir dans certains endroits et a pâli dans d'autres, sans parler
du désastreux effet produit par une couche de vernis sombre.
De toutes façons, même intact, ce tableau serait loin des chefs-
d'œuvre des galeries du comte Czernin à Vienne et de M. Six
van Hillegom à Amsterdam.

Chose curieuse, c'est le maître des maîtres de l'école
hollandaise qui est le moins brillamment représenté parmi les
J trésors de Deepdene. Le nom de Rembrandt ne se rencontre
que sur deux toiles. La première est un groupe de portraits —
mari et femme — daté de 1633 5. C'est intéressant comme
expression d'une période où l'artiste n'avait évidemment pas
dégagé toute sa grande individualité. Le génie n'avait pas
encore déployé ses ailes, et quoique ce soit œuvre sérieuse-
ment et soigneusement exécutée, il est impossible de croire,

1. Voir l'Art, 7° année, tome 1er, page 261.

2. N* ijo du Catalogue, et Smith, Catalogue raisonne, tome IV, n° 88, page 101.

3. N" 107, et Smith, tome IV, n° S9, page 101.

4. N« 93.

5. N» 7;, et Smith, tomeJVII, n" J22, page 117: « Paintei in the artiit's finisheJ manner.»
 
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