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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Ménard, René: Histoire artistique du métal, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0147

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HISTOIRE ARTISTIQUE DU MÉTAL'

LE MÉTAL

DANS LES TEMPS MODERNES

(suite)

ORFÈVRERIE [Suite).

France. — L'arrivée en France de Benvenuto Cellini exerça-
t-elle sur notre orfèvrerie nationale une influence aussi de'cisive
qu'on l'a dit quelquefois? Si la chose n'est pas impossible, ni
même improbable, elle est au moins assez difficile à prouver,
puisque l'on ne possède presque pas de pièces d'orfèvrerie
authentiques du temps de François I". Les superbes services
commandés pour le roi et dans lesquels la statuaire jouait un rôle
si important, ont été fondus pour payer sa rançon. Aussi est-ce
d'après les gravures du temps plutôt que d'après les ouvrages
originaux que l'on peut se rendre compte du style de l'orfèvrerie
française. Mais l'artiste qui eut à cette époque la plus grande ré-
putation, celui qui nous a laissé les modèles les plus parfaits, c'est
Etienne de Laulne. On lui attribue une superbe aiguière avec son
plateau qui se trouve à Londres dans une collection particulière.
Cette aiguière, reproduite dans le grand ouvrage de Labarte, est
en argent doré; sa décoration comprend plusieurs sujets mytho-
logiques, formant des bas-reliefs peu saillants qui recouvrent la
panse, et une tête de femme fait le motif principal du goulot,
auquel se rattache une jolie anse terminée par un faune. Une
jolie coupe du Louvre, dont la vasque soutenue par Bacchus.
représente Vénus faisant forger les armes d'Enée, passe égale-
ment pour être son œuvre. Mais il règne à ce sujet la plus com-
plète incertitude.

Etienne de Laulne était en même temps un très habile gra-
veur en taille-douce et on doit à cela de connaître son style, car il
n'est resté de lui aucune œuvre originale dont on puisse dire
qu'elle est réellement authentique. Mais les quatre cents pièces
qu'il a laissées, tant d'après ses propres dessins que d'après ceux
d'autres maîtres, comprennent une foule de modèles pour
l'industrie ; entre autres, des manches de couteaux, des pommeaux
d'épées et des miroirs d'une grande élégance.

Le règne de Henri II est considéré comme l'époque où l'art
français de la Renaissance s'est élevé le plus haut, et l'orfèvrerie
a naturellement été appelée à participer au mouvement artistique
de cette époque. Mais de toutes les créations des beaux-arts, les
pièces d'orfèvrerie sont assurément les moins durables. En France
particulièrement elles ont subi une destruction à peu près com-
plète. L'orfèvrerie sacrée a disparu pendant les guerres religieu-
ses, et la politique a fait successivement envoyer à la fonte tous
les services d'or et d'argent qu'employaient la cour et la
noblesse. Si nous avons conservé quelques pièces de François
Briot, nous le devons uniquement à ce qu'elles sont en étain.

Tout le monde connaît le plat et la fameuse aiguière du
musée de Cluny, mais quand on a nommé son auteur, François
Briot, il faut s'arrêter faute de documents. « L'aiguière de Cluny,
dit Jal, n'est point datée et l'on n'assigne pas avec quelque cer-
titude une époque à son exécution. Mais on y voit François
Briot, en apparence âgé d'une trentaine d'années et dans un |

costume qui est celui des Français du temps de Henri III; on
pourrait donc supposer que Briot fit cet ouvrage quelques
années après la mort de Benvenuto Cellini, dont le style était à
la mode et vers i58o. Cela reporterait la naissance de François
Briot à une année très voisine de i55o. »

L'artiste a fait plusieurs plats dont les dispositions essen-
tielles sont identiques à celui du musée de Cluny, mais où les
figures sont différentes. C'étaient des variantes d'un même type,
que l'artiste était chargé de faire pour divers personnages. Le
plat du musée de Cluny est tellement connu que nous avons
préféré en donner un autre dont nous empruntons la gravure
au grand ouvrage de M. Edouard Lièvre. Briot a fait des hanaps
et différents-vases enrichis d'arabesques et de médaillons repré-
sentant habituellement des sujets mythologiques. Son style orne-
mental caractérise bien les élégances raffinées de la sculpture
française sous la Renaissance.

« Un orfèvre parisien dont nous ne connaissons aucune
œuvre, dit Ferdinand de Lasteyrie, mais dont le nom est resté
célèbre par la part qu'il prit aux événements de son temps, c'est
Claude Marcel. Il fut prévôt des marchands sous la Ligue,
comme son aïeul Etienne Marcel, de turbulente mémoire, l'avait
été au xive siècle. Claude fut un des familiers de Catherine de
Médicis. Triste époque que la fin de ce siècle, triste pour la
France d'abord, pour les arts ensuite, dont elle devait nécessaire-
ment amener la ruine. Les guerres de religion sont assurément
de tous les fléaux le plus destructeur. En même temps qu'elles
s'attaquent aux œuvres du passé, elles arrêtent la production du
présent. Ainsi fut-il au temps de la Ligue. Quelques ordonnances
malencontreuses, mais bientôt rapportées, de Charles IX,
n'auraient pas suffi pour amener la décadence d'une industrie
aussi florissante que l'orfèvrerie parisienne, si la guerre civile en
permanence et la pénurie des finances n'y avaient eu, de leur
côté, une part plus décisive encore. Une autre cause de la déca-
dence de l'orfèvrerie ce fut l'engouement inouï pour les pierres
précieuses de tout genre qui prit naissance sous le règne des der-
niers Valois. L'éclat du diamant et des perles éclipsa tout à coup
celui de l'or et de l'argent, l'éblouissante industrie du joaillier,
si bien appropriée au goût d'une cour efféminée, fit rejeter au
second plan l'art exquis de l'orfèvre. »

L'inventaire récemment découvert des biens et meubles de
Gabrielle d'Estrées montre pourtant de grandes richesses qu'on
ne soupçonnait pas à la cour de France à cette époque. Quant
au roi, il avait un orfèvre nommé Vimont, qu'il employait sans
doute pour les joyaux et le service de table de sa maîtresse, bien
plus que pour son usage personnel, car la seule pièce qu'il lui
ait commandée directement est un crachoir.

Henri IV n'a pas été un roi fastueux comme François I" et
il n'a jamais eu bien grande estime pour les beaux-arts. Néan-
moins son règne a été marqué par une innovation qui mérite
d'être signalée. On doit à Henri IV d'avoir établi des logements

i. Voir l'Art, 6" année, tome III, page 50; ; l.omc IV, pages 20, 44, 67, g 114, 161, 212 et 23S ; 7° année, tome I", pages 6j, SS et m.
 
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