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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Heulhard, Arthur: Art dramatique, [3]: Comédie-Française: La Princesse de Bagdad
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Carr, J. Comyns: Les grandes expositions d'hiver a Londres, [1]: Royal Academy of Arts, Burlington House, Winter Exhibition
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0280

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LES GRANDES EXPOSITIONS D'HIVER A LONDRES.

261

le scandale, Lionnette va quitter pour jamais l'hôtel des de Hun
au bras de Nourvadv qu'elle est prête à suivre, lorsque son fils,
le petit Raoul, dans un de ces accès d'affection fiévreuse familiers
aux enfants, se jette dans ses jambes et demande à embrasser
maman, à sortir avec maman. « Emmène-moi, dit le petit. Il fait
si beau. — Voyons, laisse-moi, dit Lionnette, je ne peux pas.
— Mais laisse-nous donc! ajoute brutalement Nourvady, et,
prenant l'enfant par le bras, il le repousse ; l'enfant tombe.
Alors, comme prise de délire, Lionnette se rue, avec un cri
terrible, sur Nourvady et le saisit à la gorge : « Misérable ! misé-
rable ! s'écrie-t-elle. Partez! partez! je vous étrangle ! je vous
tue! Mon enfant ! mon enfant! » Et elle se jette à corps perdu
sur son enfant qu'elle couvre de caresses. C'est l'amour maternel
coup de foudre. Un cœur ignoré qu'elle avait quelque part sous
l'épaisse cuirasse de la coquette et qui n'avait point encore
parlé, s'éveille enfin dans cette poitrine de marbre. Ce cœur
qui se met à battre ainsi me fait songer à cette touchante his-
toire du fils de Crésus qui était muet et qui recouvra la parole,
au fort d'une bataille, en voyant son père sur le point de suc-
comber. Avouez toutefois qu'il était grand temps pour ce pauvre
de Hun que sa femme se rappelât qu'elle était mère !

On n'a pas écouté la conclusion de la Princesse de Bagdad
avec le respect que la tentative méritait et avec l'attention que
commande le nom de M. Dumas fils. Il est incontestable que la
pièce n'a pas été jugée dans son ensemble et que le sens philoso-

phique qui s'en dégage n'a pas été compris à sa portée. Il est
également certain que jamais M. Dumas n'avait abordé son
sujet avec moins de précautions oratoires, et qu'il n'a pas reculé
devant les coups de massue pour nous l'implanter dans la cer-
velle. Or c'est une chose à ménager que la cervelle humaine;
moins on en a, plus on y tient.

A œuvre hardie, interprétation vaillante. Eût-on accepté
Nourvady sans Worms, et Jean de Hun sans Febvre? Quant à
M"0 Croizette, le rôle de Lionnette a été pour elle une entrée
triomphale dans le grand art. On la savait bien la plus belle fille
du monde, mais on ignorait qu'elle eût tant à donner!

Il ne me reste que peu de place; assez néanmoins pour vous
dire que la Roussette des Variétés est en pleine prospérité,
grâce à Judic la fine diseuse, et que la Phryné de M. Meilhac,
au Gymnase, n'a point réussi. C'est une opérette sans musique
que cette Phryné; il y a quinze ans, au temps d'Offenbach et
du bœuf gras, elle eût pu faire courir tout Paris. Mais voilà que
ce fluctuant Paris se met à courir au Gymnase... à peu près
comme le chien du sire de Nivelle, et c'est en vain que M. Koning
l'appelle.

Arthur Hedlhard.

P. S. Dans le prochain courrier nous examinerons de
compagnie la reprise de Lucrèce Bor.gia et le Tibère que vient
1 de publier M. Dugué.

LES GRANDES EXPOSITIONS D'HIVER A LONDRES

plus beaux spécimens de la précieuse collection de sa magnifique
résidence de Deepdene2. C'est simplement rendre hommage à
la vérité que d'affirmer que Mmc Hope et lord Cowper ont, à
eux deux, envoyé ce que Burlington House nous offre de plus
remarquable, de plus intéressant. D'autres amateurs se sont
chargés de remplir sans aucun doute dignement les intervalles,
et je suis le premier à reconnaître l'avantage qu'il y a, par
exemple, à pouvoir comparer les deux Pieter De Hooghe de la
Reine 3 et du comte de Strafford * avec le prodigieux morceau
du même maître que possède Mmc Hope3. Le Portrait d'un
Bourgmestre°, appartenant à Sir William N. Abdy, nous
montre une phase du talent de Terburg essentiellement diffé-
rente de la manière si étonnamment magistrale de son groupe
de Soldats buvant et fumant7, une des perles les plus fines de
la collection de Deepdene qui en compte tant d'extraordinaires.
Ce terme de comparaison nous le retrouvons dans ce Portrait
du peintre, de sa femme et de ses enfants^, le Jan Steen de
M. Charles Butler, qui contraste si nettement avec le faire bien
autrement large et puissant des autres œuvres du même maître
qui nous retiendront plus longtemps.

Tant de chefs-d'œuvre absorbent l'attention qu'on ne sait
réellement par où commencer leur étude. Si nous suivons

1. Le Catalogue, qui forme une brochure de 96 pages, porte eu outre ce titre : Exhibition of Works by the OU Ma'sterS, and by Dcceased Masters of the
British School. Including a Collection of Draivings by John Flaxman, R. A.

2. La passion des chefs-d'œuvre de l'art néerlandais est en quelque sorte héréditaire dans la famille Hope. M. Adrien Hope possède à Londres, dans son hôtel
de Chesterfield Gardens, une collection, digne pendant de celle de sa tante. Un des anciens chefs de la maison Hope d'Amsterdam, M. Van der Hoop, légua à cette
ville son superbe cabinet qui est devenu le Musée Van der Hoop, et les chefs actuels de cette célèbre maison de banque, MM. Van Loon, ne se sont séparés récemment
de la collection laissée par leur mère, et qui a été acquise par MM. de Rothschild, que forcés de sortir d'indivision, des héritiers mineurs existant parmi eux.

3. N° 1i3 du Catalogue : La Partie de cartes, de Buckingham Palace. Smith, tome IV, page 233, 11" 48 : « The extraordinary luminous effect which pervades
this picture, renders it the admiration of every beholder. It is painted with singular mastery of hand, and exhibits throughout a consommate knowledge of the prin-
ciples of art. »

4. N° 101 : l a Cour intérieure d'une guinguette. Smith, tome [V, page 233, n" 47 : « Excellent picture », et Supplément, page 56y, 11° i5. Smith qui, dans son
Supplément, rectifie l'erreur qu'il avait commise en fixant à trois au lieu de deux le nombre des convives, oublie de corriger une autre erreur. Ce chef-d'œuvre es:
peint sur panneau et non sur toile.

5. N» 126: Intérieur. Smith, Catalogue raisonné, tome IV, n» 2.

ti. N° 80. Cet excellent portrait, qui a fait partie des galeries Pereirc et San Donato et a été gravé par Laguillermie, a malheureusement beaucoup souffert.

7. N° 110. « An admirable work of art», dit Smith, tome IV, page i33. n» 49.

8. N° 88. Ce curieux tableau provient de la collection J. H. Munro. « Painted in a fine masterly style. » Smith, Supplément, page 5oq, n° 94.

royal academy of arts, burlington house.
winter exhibition1.

es trésors des collections particulières
p"* sont décidément inépuisables en Angle-
- J&V* terre. Il y a douze ans que ces expo-
f % * sitions hivernales d'ouvrages d'anciens
maîtres ont été instituées par la Royal Acaiemy,
et nous sommes loin, bien loin encore d'appro-
cher de la fin de nos richesses. Il n'y a pas
encore diminution, il n'y a pas même l'apparence d'un affaiblis-
sement dans la qualité des tableaux réunis chaque année. Sous
plus d'un rapport môme, cette douzième exposition soutient la
comparaison avec n'importe laquelle de toutes celles qui l'ont
précédée. Parmi les œuvres de plusieurs des éminents maîtres
de l'école hollandaise, on rencontre cette année une merveil-
leuse surabondance de mérites variés et de perfection en quelque
sorte sans rivale possible; c'est surtout à la-libéralité de
M™0 Hope qu'est dû cet admirable résultat; on ne saurait trop
lui rendre grâce d'avoir prêté à l'Académie quelques-uns des
 
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