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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Heulhard, Arthur: Art dramatique, [3]: Comédie-Française: La Princesse de Bagdad
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ART DRAMATIQUE. 259

tons, surtout une impression indéniable de modernité. Cette
vue avait été peinte hier par quelqu'un d'hier.

« Il respira largement. Il avait mis le pied sur une terre
signalée par quelques-uns, mais abordée par aucun. Il était lui
et il possédait une des formules de l'art nouveau !

t II lui restait à déterminer cette formule.

« Il s'aperçut, comme le voit pour les maladies un grand
médecin, que la formule variait à l'infini selon le pays, la
saison, la tension de l'atmosphère, le centre, mille causes locales
ou psychiques. Mais toujours elle imposait la réalisation nette
et rapide de l'impression du moment servie par une habitude
complète du dessin. j>

C'est la théorie complète de « l'école de la tache j>, réaction
de la couleur contre la ligne, de la masse contre le contour, et

Il ne faudrait pas croire, comme le pourrait donner à penser
ce compte rendu, que le livre de M. Burty se borne à l'expo-
sition d'une thèse artistique. Sans doute l'auteur, ayant pris son
personnage parmi les artistes, en a choisi un qui représentât ses
propres idées esthétiques, et il a arrangé son roman de manière à
se procurer l'occasion de les exprimer, mais ce n'en est pas moins
un roman de moeurs et de passion. Seulement nous laissons de
côté toute la partie romanesque, malgré tous ses mérites, parce
que cet examen ne serait pas ici à sa place. Mais nous pouvons
bien dire que, à ce point de vue spécial, qui n'est pas le nôtre,
Grave imprudence est une œuvre d'observation très étudiée et
de la plus haute distinction, en même temps que d'un très vif
intérêt.

Un autre critique d'art, qui est aussi un de nos collabora-

réaction parfaitement légitime, pourvu que l'on ne la porte pas j teurs, M. Ernest Chesneau, a publié l'année dernière un roman,
à l'exagération. Le contour n'étant, dans la réalité visible, autre | dont le héros est également un artiste, la Chimère, construit sur

chose que la ligne idéale suivant laquelle se délimite la juxta-
position d'une couleur à une autre, il est bien clair qu'il a une
incontestable importance, surtout pour l'intelligence, puisque
c'est cette ligne qui détermine les formes et fait distinguer les
objets; mais, au point de vue artistique pur, elle n'a pas plus
d'importance que la coloration d'où elle résulte, et il se présente
bien des circonstances où elle en a moins. En tout cas, il est
indéniable que le contour rigide et dur dont nous avons l'habi-
tude de cercler les objets est une pure convention. Or toute
convention peut être légitimement écartée par l'art, quand il
trouve moyen de produire des effets au moins équivalents par
le retour à la réalité.

On peut donc parfois reprocher à l'école de la tache d'avoir
poussé à l'excès l'application de son principe, quand elle va
jusqu'à rendre impossible le discernement des objets, mais le
principe lui-même est indiscutable.

une donnée dramatique très saisissante. Mais la peinture des
caractères et de la passion y laisse aux questions purement
esthétiques un espace si restreint que, tout en rendant pleine
justice aux très remarquables qualités de l'œuvre et au senti-
ment artistique qui l'anime, il ne nous était pas possible de
lui faire une place dans la Bibliothèque spéciale de cette
Revue.

On voit, par les citations que nous avons faites du livre de
M. Burty, que les amours de Brissot et de la comtesse n'absor-
bent pas l'auteur au point de lui faire oublier les préoccupations
habituelles du critique d'art, et nous nous en félicitons, puisque
cela nous a permis de dire notre sentiment sur cette œuvre
d'une élégance si délicate.

Eugknk Véron.

ART DRAMATIQUE

COMEDIE-FRANÇAISE : LA PRINCESSE DE BAGDAD

ièces en main, sans préambule, en gens pressés
d'aller au fait, pénétrons dans l'âme de cette
comédie nouvelle de Dumas fils, qui agita si fort
le parterre du Théâtre-Français, il y a tantôt
trois semaines. L'orage qu'elle a déchaîné s'apaise
peu à peu, et l'occasion s'offre à nous de profiter de l'éclaircie
pour en parler avec calme.

Un vent de basoche souffle sur la maison de Hun, au
moment où le rideau se lève sur le premier acte de la Princesse
de Bagdad; il y a du contentieux dans l'atmosphère. En effet,
un avoué, maître Richard, explique clairement au comte de
Hun que les fantaisies delà comtesse l'ont ruiné. Tout compte
fait, Jean de Hun doit à ses créanciers un million sept cent
mille cent vingt-sept francs cinquante-deux centimes; dette
contractée par sa femme et dans laquelle il n'y a que trente-huit
mille francs qui soient personnels au comte. Son actif se com-
pose de l'hôtel occupé par la famille, ledit hôtel estimé, avec les
chevaux, les bijoux et les meubles, environ un million deux cent
mille francs. La balance met donc au passif de Jean de Hun
plus de quatre cent mille francs, et c'est un écart qu'il ne par-
viendra pas à combler avec l'aide de ses parents; sa mère, à
laquelle il avait fait des sommations légales pour épouser la
comtesse, est morte sans lui pardonner; sa sœur, mariée,
a cinq enfants ; il court gros risque en s'adressant à elle.

11 lui reste le choix entre deux moyens d'arranger ses affaires :
transiger avec ses créanciers à raison de tant pour cent, ou
bien (c'est ce que propose hardiment la comtesse) allumer un
réchaud pour deux dans une chambre bien close. Et pourquoi
ne pas l'allumer pour trois pendant qu'on y est? Le comte et la
comtesse n'ont-ils pas un fils âgé de six ans? Oui, mais ce fils,
on le laisserait vivre, il s'accommoderait sans doute d'une vie
médiocre, d'autant que, selon la comtesse : « les hommes n'ont
pas besoin d'argent, ils n'en ont besoin que pour leur femme. »
De son côté, la comtesse aurait bien le pouvoir de réaliser cinq
cent mille francs qu'une certaine baronne de Spadetta lui offre
en échange des lettres de son pere, mais ces lettres elle tient
absolument à les garder. Donc, pas d'issue à la situation. C'est
alors que M. Dumas fils fait surgir, dans une soirée chez le
comte, un M. Nourvady, de son état fils d'un banquier viennois,
riche de quarante millions de fortune, jeune, habile au tir
jusqu'à tuer cinquante pigeons sur cinquante coups de fusil,
courageux, sentimental, et beau ténébreux, qui n'a d'autre contre-
poids à ses avantages physiques qu'une épaule, la gauche, un
peu plus haute que l'autre. Cet Antony millionnaire (ainsi
l'appelle l'auteur) est fou de la comtesse; la chose se devine sous
son masque de mystère, et Jean de Hun s'en est aperçu, avec le
flair non émousse d'un mari qui n'a cessé d'adorer sa femme.
Non seulement Nourvady aime d'un amour profond et violent
 
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