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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Exposition de la Société des Amis des Arts de Lyon
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Brès, Louis: Exposition de la Société des Amis des Arts de Marseille
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0225

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212 L'A

beaucoup les DeNittis, et cette peinture, un peu spéciale, trouve
toujours des amateurs.

Appian, une gracieuse marine et un fusain.

Bail (Jean-Antoine), un intérieur (genre Simon Durand), le
meilleur tableau de cet artiste d'un vrai mérite.

Marc Bruyas, le Panier renversé, fleurs.

Gustave Castan, de Genève, un de nos fidèles, a été infidèle
à son genre habituel, le paysage, et nous envoie une très bonne
marine, les Falaises de Villers-sur-Mer.

RT.

Loubot expose un très bon portrait de femme, d'une grande
distinction, et dont nous pouvons certifier la ressemblance.

Médard, deux bons tableaux de fleurs.

Alexandre Mazeran, un portrait d'homme remarquable.

Arrêtons là cette trop rapide et forcément incomplète
nomenclature qui n'est qu'une note hâtive, et disons que l'en-
semble de notre exposition est incontestablement satisfaisant et
ne causera aucune déception aux visiteurs.

Un Provincial.

EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE MARSEILLE

T'est la seconde exposition [qu'a faite en 1880 la
Société des Amis des Arts de Marseille. Je vous
ai rendu compte de la première qui était réservée,
il vous en souvient, aux artistes du département.
On a fait appel, cette fois, aux artistes parisiens
et aux artistes de la région. Si tous n'ont pas répondu avec un
égal empressement, c'est que les invitations ont été lancées au
moment où la plupart des peintres avaient quitté Paris pour
aller se retremper en pleine nature ; c'est peut-être aussi parce
que la Société ne fait que de naître.

En somme, cette exposition n'est ni meilleure ni pire que
bien d'autres. Elle renferme pas mal de petites toiles anodines
comme les marchands parisiens et les artistes eux-mêmes en
envoient trop en province, mais elle compte aussi un certain
nombre d'ouvrages de mérite et quelques morceaux de grande
attraction.

La Rencontre d'un blessé, d'Alphonse de Neuville, est un
des tableaux devant lesquels on s'arrête le plus. Je n'ai rien à
vous apprendre sur le talent de ce jeune maître qui, avec
Détaille, Dupray et quelques autres, a fait une révolution dans
la peinture de batailles et a substitué la chose vue et le côté
humain aux banalités des peintres officiels en honneur avant
lui. ha Rencontre d'un blessé est un souvenir du siège de Paris.
Un général français, accompagné de son état-major, suit un
chemin couvert de neige. Il rencontre un mobile soutenant un
officier blessé; il arrête son cheval et interroge le jeune soldat.
Rien de plus simple et de plus émouvant. Le général, la ciga-
rette à la main, est parfait d'allure, le groupe de l'état-major
est fort juste aussi, celui des deux mobiles est peut-être un peu
trop pathétique. Le fond du paysage couvert de neige s'enve-
loppe dans une brume harmonieuse. C'est là une scène vue.

Dans une lettre que j'ai sous les yeux, M. de Neuville
explique comment il a été témoin de la rencontre et il ajoute
que cette scène, si simple qu'elle fût, est restée dans ses sou-
venirs comme personnifiant assez bien les éléments divers de
ce qu'on a appelé la défense de Paris.

Un Arquebusier, de M. Roybet, attire aussi les visiteurs.
C'est une figure conçue dans le sentiment des vieux maîtres
hollandais, consciencieusement et fort habilement peinte. On ne
saurait mieux exprimer la forme et la substance des choses. Le
velours et la soie du vêtement, le cuir des bottes, l'arquebuse
incrustée que le personnage tient dans ses mains, la hallebarde
appuyée au mur sont d'une vérité absoluo et d'une fort belle
qualité de couleur.

On regarde beaucoup aussi deux intérieurs de café-concert
de Manet. D'aucuns s'en scandalisent; mais ceux qui savent
apprécier ce que le peintre a mis de limpidité dans les ombres,
de justesse dans le ton, d'air ambiant autour de ses figures, et
aussi ce que ces personnages ont de moderne et de parisien,
ceux-là considèrent avec un vif intérêt les tableaux de M. Manet.

Les tentatives de cet artiste, si imparfaites soient-elles, sont
pour beaucoup dans l'évolution qu'accomplit aujourd'hui la
peinture, en dehors des procédés d'atelier et des formules
académiques.

Les amateurs que la peinture de M. Manet irrite peuvent
s'en consoler en contemplant une figure de M. Jacquet, l'Étude,
un peu fade, à mon avis, mais où l'on trouve les qualités
moyennes et honnêtes de l'élève de M. Bouguereau.

M. Torrents, dont je vous signalais dans mon précédent
compte rendu une vivante petite figure de Chaudronnier, dont
l'Art a donné d'ailleurs une reproduction, est représenté par
deux toiles importantes, le Tondeur de chiens et les Gitanes.
Sans parti pris d'école (il n'a guère fréquenté que les vieux
maîtres espagnols du musée de Madrid), cet artiste interprète la
nature avec une énergique sincérité, se souciant médiocrement
du motif littéraire de son tableau, mais très préoccupé de la
réalité de ses figures, de la qualité de sa couleur, de l'harmonie
de ses fonds, de l'effet qu'il veut obtenir. Les sujets populaires
sont ceux qu'il affectionne : les modèles truculents ne lui
manquent pas à Marseille. Il a rencontré cette fois, pour son
Tondeur de chiens, deux types à souhait, sans compter les chiens
qui sont superbes. Il a peint tout ce monde grandeur nature,
avec une fidélité qui n'exclut ni l'ampleur de la facture, ni la
beauté de la couleur, ni la puissance de l'effet. Imaginez, sur le
fond d'un gris vigoureux et fin que donne l'intérieur de forge
où se passe la scène, le torse nu avec chairs blondes et la tète
blanche d'un vieillard s'enlevant dans un ruissellement de
lumière. Ajoutez à cela la note claire du chien blanc que le
vieux forgeron tient sur ses genoux. Rien de vivant comme ce
chien dont le tondeur fait en ce moment la toilette. On lit dans
ses yeux l'ennui de se voir si solidement tenu par les mains
noueuses du forgeron et la désagréable sensation que lui fait
éprouver le froid de la lame. Il y a là encore deux ou trois
chiens d'une bien amusante physionomie.

M. Torrents a rapporté d'Espagne un curieux groupe de
types populaires. C'est le tableau qu'il intitule les Gitanes.
Sans se mettre en frais d'imagination ni même de composition,
le peintre a placé ses modèles devant lui à peu près comme ils
se seraient groupés devant l'objectif d'un photographe et il les
a très fidèlement reproduits. Non seulement les costumes et les
types sont d'une exactitude irréprochable, mais toutes ces tètes,
énergiquement modelées, ont une intensité de vie étonnante.
Ces femmes qui nous regardent bien en face, jouant de la
guitare ou frappant dans leurs mains, ces jeunes filles aux
larges pommettes, aux yeux émerillonnés, au sourire étrange,
ce muchacho à la face luisante et bronzée, épanouie de satis-
faction purement animale, ce sont autant de portraits. Je. ne
saurais dire quel charme pénétrant dégage cette page écrite en
quelque sorte sur nature.

Deux tableaux ayant figuré au dernier Salon, le portrait de

1. Ce compte rendu aurait dû être publié avant la fin de l'année 1880. L'abondance des matières nous a malheureusement empêché de lui trouver une place
en temps voulu, (Note de la Rédaction.)
 
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