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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Ménard, René: Histoire artistique du métal, [10]
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Courrier des musées
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0348

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rcnt le bassin sont dus à Lemoine et à Bouchardon. C'est égale-
ment Bouchardon qui est l'auteur des deux Amours conduisant
des dragons marins. Outre ces statues, le bassin est bordé du
côté du château par une série de vases richement décorés, qui
produisent l'effet le plus grandiose.

Le métal s'introduisait dans le mobilier en même temps que
dans l'architecture, mais ce n'est guère que vers le xviii0 siècle
qu'on a commencé à faire ces cartels si gracieusement contour-
nés qui s'accrochaient aux. parois des salons.

Les figures accompagnent quelquefois, mais rarement, ces
belles horloges dont l'encadrement en bronze doré et ciselé est
resté comme un des types les mieux caractérisés du mobilier j
français sous Louis XV. Un grand et superbe cartel, dans l'hôtel !
du prince Galitzin, à Bruxelles, formé de feuillages et de fleurs
de grande dimension, est couronné dans sa partie supérieure par j
un groupe de deux petites figures : un berger jouant de la ;
flûte, et une bergère assise, qui tient sa houlette, en même
temps qu'elle caresse un mouton. Ce genre de décor indique
l'époque de transition ; car quand le goût des pastorales a com-
mencé à se répandre, les ornements contournés du style rocaille
étaient bien près de disparaître.

De même que la pendule, le candélabre appartient essentiel-
lement à l'art du métal, et, au xvm° siècle, il prend assez fré-
quemment la forme d'applique posée contre la muraille. C'est ce
qu'on nomme des bras : la matière qui les compose est presque
toujours de bronze doré.

Quelques-uns de ces bras en bronze doré du temps de
Louis XV présentent des enroulements dont le vigoureux carac-
tère contraste avec les élégances mignardes qui sont venues à la
mode un quart de siècle plus tard. On peut citer comme types
du genre ceux qui décorent le palais royal de Gènes. Au reste, le
même' palais renferme aussi de superbes bras du temps de
Louis XVI, en sorte qu'il est facile d'apprécier la différence pro-
fonde qu'il y a entre les deux styles.

Des ciseleurs d'un très grand talent exécutaient souvent ces
appliques. Les écrivains du dernier siècle, qui nous ont transmis
tant de détails sur les faits et gestes des grands personnages de
leur temps, ne nous fournissent aucun renseignement sur les
admirables ciseleurs qui portèrent si haut l'art du bronze sous
Louis XVI. On ne sait même pas exactement l'époque où est né
Gouthière, le plus célèbre d'entre eux : cependant on en fixe
approximativement la date à 1740. Le plus ancien document
que l'on connaisse sur ses œuvres remonte à l'année 1766.
« Gouthière avait donné à mon bisaïeul, Jacques Rondot, dit
M. Natalis Rondot, dans une note publiée par la Chronique des
Arts, des dessins de plusieurs de ses ouvrages ou de ses compo-
sitions ; j'en possède encore six. Deux sont de la main de Gou-
thière et sont signés par lui. Ils représentent des vases dont l'anse
est formée dans l'un par un faune, dans l'autre par une sirène.
Deux autres dessins de vases portent le nom de Gouthière, écrit
par une main étrangère ; un autre dessin de vase est signé : Le
Barbier. Del. 1766, avec cette mention : Exécuté par Gouthière. »

En 1 771, Gouthière prenait le titre de ciseleur et doreur du
Roy; sa réputation devait être déjà très grande à la même
époque, car c'est cette année-là qu'il commença les travaux du
pavillon de Luciennes, pour Mm<! du Barry, travaux qui durent être
très considérables, puisqu'elle y dépensa, suivant un auteur du
temps, plus que les maîtresses de dix rois réunis. « On ne pouvait
rien voir, dit le Manuel du voyageur aux environs de Paris, par
Villiers, an X, de plus précieux, de plus fini, que ces bronzes
que Gouthière avait pour ainsi dire pétris. Le grand salon était
orné d'une corniche à console, véritable chef-d'œuvre ; une autre
pièce, le salon ovale, était revêtue de glaces qui répétaient une
superbe cheminée de lapis en forme de trépied, d'une richesse
prodigieuse de bronze. Depuis ces ouvrages, on n'a pas porté
l'art de façonner le bronze à un plus haut degré de perfection. »

R E N K M ÉN A H I).

( La suite prochainement )

COURRIER DES MUSEES
LXI

France. — La vente de la galerie de M. John W. Wilson
vient de se terminer avec le plus éclatant succès et avec des
fluctuations fort intéressantes à étudier, mais ce n'est pas ici le
lieu de nous y arrêter. Nous ne tarderons pas du reste à nous
occuper de ces mémorables enchères.

Ce que nous tenons à faire aujourd'hui, c'est d'applaudir à
la très excellente initiative de M. Edmond Turquet, qui veut que
la France possède, comme la Galerie des Offices à Florence, une
collection de portraits reproduisant les traits des maîtres célèbres,
des artistes en légitime renom, sans distinction de nationalité.
M. le Sous-Secrétaire d'État des Beaux-Arts s'est empressé de
saisir la première occasion de transporter son projet dans le
domaine des faits accomplis ; ne point remettre au lendemain
est une si rarissime vertu administrative que nous ne saurions
trop féliciter M. Turquet de la pratiquer. Il a eu soin d'assister
à la première vacation de la vente Wilson et il y a conquis à
très bon marché — 3,100 francs — le beau Portrait de Gustave
Ricard peint par lui-même, portiait qui a été très bien gravé
par M. Charles Waltner.

Ce nouveau titre à la r'econnaLsance des artistes, des gens
de goût et du public tout entier, n'est pas le seul que nous
soyons heureux d'avoir à signaler. M. Edmond Turquet vient,
en effet, d'enrichir le Louvre -- celte semaine même— d'un des
chefs-d'œuvre de l'école hollandaise.

Le Jan Steen de la Collection La Caze 1 est, certes, un bon
tableau, mais rien de plus; ce n'est pas une de ces œuvres qui
permettent d'apprécier dignement cet illustre humouriste du
pinceau.

Si importante, si remarquable que soit l'autre toile du
Louvre — Fête flamande dans l'intérieur d'une auberge2 — c'est
plutôt là un spécimen superbe de la verve de l'artiste, de son
esprit d'observation, que de sa science et de sa maestria comme
peintre. La Fête, en tant qu'exécution, n'est pas une de ces
œuvres serrées, complètes, qui révèlent toute la puissance de
l'artiste et le font marcher de pair avec les premiers peintres de
genre de l'école néerlandaise. Pour tout dire, la Fête est d'un
faire un peu lâché. Le Louvre n'avait rien jusqu'ici qui pût
lutter avec la perle de Jan Steen de la Collection de Sir Robert
Peel — la Leçon de clavecin — qu'on ne se lasse pas d'admirer à
Londres, à la National Gailery. Grâce à M. Turquet, il n'en
est plus de même aujourd'hui; le Louvre possède un Steen
supérieur même à celui du grand musée anglais : c'est le très
célèbre panneau qui faisait partie de la riche Collection de
M. Charles Cope, et qui se trouve deux fois décrit dans le
Catalogue raisonné de Smith, sous le titre de Bad Company,
d'abord à la page 41 du tome IV (n° 125), puis au Supplément,
page 516. n° 111. Cette « admirably jïnished Picture » — Smith
n'a jamais mieux dit — représente en réalité l'Enfant prodigue3

1. No 122 du Catalogue de M. F. Reisct : Repas de famille.

N° 5oo du Catalogue de M. F. Villot, édition de 1880. — M. Vlllot a bien écrit Fête flamande, mais flamande est évidemment un lapsus calami; c'est Fête
hollandaise qu'il a voulu dire.

3. Steen est revenu plus d'une fois à ce sujet. Smith a catalogué dans son Supplément,, sous le n» 85, page 5o5, sous le titre : The l'rodigal. un autre très beau
 
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