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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Ménard, René: Histoire artistique du métal, [10]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0347

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322

L'ART.

élégance un peu recherchée soit le caractère habituel de ces
petits meubles, il y en a quelques-uns dont le caractère monu-
mental est tellement accusé, qu'on est tenté en les voyant de
prononcer les plus grands noms de la sculpture, et il est telle
cassette en bronze par exemple, dont le couvercle est orné de
ligures en bas-relief que la tradition attribue à Michel-Ange.

Qu'est-il advenu de la statuaire italienne pendant le xvir et
le xvnic siècle, qu'on range ordinairement dans la période de
décadence? Certes si on compare cette époque à celle qui la pré-
cède, on est bien obligé de reconnaître que le terme de déca-
dence n'a rien d'exagéré. Et cependant il ne faudrait pas se
méprendre sur la valeur du terme; l'art italien, qui avait été
sublime, s'est abaissé lorsqu'il n'a plus été que spirituel et
amusant, mais on peut lui rendre cette justice qu'il n'a jamais
été plat et banal. On peut se plaindre des attitudes violentes et
des formes souvent boursouflées que prennent les figures du
Bernin, on peut trouver que telle statuette de travail italien se
rapportant au xvnie siècle a des allures sémillantes peu en
rapport avec la gravité qu'on demande habituellement à la sculp-
ture, mais ce sont là des traits qui caractérisent une époque
bien plutôt qu'une nation et qu'on retrouve à peu près partout
au même degré dans la période dont nous parlons.

La Renaissance allemande a produit de très habiles
sculpteurs et d'excellents orfèvres, mais ils n'ont que bien rare-
ment travaillé le bronze, en sorte que nous n'avons pas à nous en
occuper ici. La même observation peut s'appliquer aux Pays-Bas,
et, quoique la Belgique ait eu quelques fondeurs célèbres, les ou-
vrages en bois ou en pierre y sont bien plus nombreux et surtout
plus importants au point de vue de l'art que ceux qui devaient
être exécutés en bronze. Néanmoins, il faut faire mention des
petits mortiers de cuivre ou de bronze que l'on rencontre assez
fréquemment dans ces pays. Ces mortiers, dont quelques-uns
sont décorés assez richement, portent presque tous une date, et
la plupart sont pourvus d'une inscription indiquant le nom du
maître fondeur qui les a exécutés. Leur usage vient de l'époque
où, par suite des rapports plus fréquents avec les Indes et l'Amé-
rique, les épices commencèrent à devenir une des nécessités de la
vie quotidienne. Il fallait des mortiers pour les piler, et non
seulement on en trouvait chez tous les droguistes et les phar-
maciens, mais encore dans la plupart des ménages aisés.

La Renaissance française, quoiqu'elle ne vienne qu'en

parmi les plus beaux ouvrages de la Renaissance : c'est celui de
Jean de Morvilliers, évêque d'Orléans, et garde des sceaux de
France ; il appartient à l'évêché d'Orléans et a figuré à l'Expo-
sition rétrospective du Trocadéro en 1878. C'est une œuvre
magistrale dont l'austérité d'allure contraste un peu avec les
habitudes du maître, mais qui est assurément digne de lui
par le savoir et l'exécution.

Au commencement du xvn" siècle, une transformation
complète survint dans l'architecture française. Au lieu des raffi-
nements et des élégances de la Renaissance, au lieu des délicates
arabesques qui couraient le long des pilastres, des frises qui
encadraient d'une manière si exquise les portes et les fenêtres,
nos architectes s'attachèrent à exprimer l'idée de solidité et de
puissance. Si les tâtonnements, qui accompagnent toujours une
modification du goût public, amenèrent quelquefois, sous
Henri IV et sous Louis XIII, par exemple, un résultat un peu
massif, les artistes atteignirent complètement sous Louis XIV le
but qu'ils avaient tenté de réaliser depuis un demi-siècle. On
peut ne pas aimer le style Louis XIV ; on peut lui trouver
parfois des allures un peu compassées, mais ce qu'on ne peut
lui dénier, c'est une véritable empreinte de grandeur et de
majesté. La beauté de cette architecture toutefois n'est ni dans
les façades dont la solennité est souvent un peu froide, ni dans
les profils dont le contour est parfois un peu sec, mais dans la
décoration des salles et des escaliers intérieurs, dont l'aspect
luxueux et grandiose est partout nettement caractérisé.

Or nous devons remarquer que ce résultat est presque tou-
jours dû à la combinaison des bronzes, tantôt sombres, tantôt
dorés, avec les marbres de couleur sur lesquels ils se détachent.
Il nous suffira de rappeler le grand escalier du palais de Ver-
sailles, dont la décoration, faite d'après les dessins de Ch. Lebrun,
est enrichie de bronzes exécutés par Coysevox. Le but des
artistes a été certainement de donner une haute idée de la puis-
sance et de la richesse du monarque pour lequel ils travail-
laient ; ils ont pleinement réussi, car l'aspect de cette décora-
tion est vraiment royal, et les imitations qui en ont été faites à
l'envi dans les palais princiers de l'Europe sont bien loin d'avoir
cette grandeur d'allure.

A cette époque aussi, les groupes et les statues en bronze
furent employés pour la décoration des parcs, concurremment
avec les ouvrages en marbre. C'est alors que les Keller acquirent

seconde ligne, puisque la place d'honneur appartient de droit à leur grande célébrité comme fondeurs. C'est à eux qu'on doit
l'Italie, a été sous le rapport de la production du bronze une assez
brillante époque. Presque tous nos grands sculpteurs ont tra-
vaillé le bronze en même temps que le marbre, et d'assez nom-
breux monuments montrent l'association des deux matières. Le
tombeau du chancelier Birague et de sa femme, œuvre de Ger-
main Pilon conservée au musée du Louvre, peut nous donner
une idée de ce genre de sculpture. C'est de ce personnage que
Michelet a dit : « Birague, l'homme de la Saint-Barthélemy,
tellement impatient d'être cardinal qu'il fut tout à coup veuf».
Le cardinal en bronze, la tête nue, les mains jointes, est age-
nouillé devant un prie-Dieu en marbre blanc. Le tombeau de
sa femme est placé vis-à-vis. Il existe un projet de la main de
Germain Pilon, qui montre le tombeau de Birague, comme
l'artiste l'avait conçu primitivement, et qui d'ailleurs n'offre
pas de différences essentielles avec le monument tel qu'il a
été exécuté. Plusieurs des tombeaux royaux de Saint-Denis
portent comme celui-ci des figures de bronze faisant corps avec
un monument en marbre.

Il'est juste de dire pourtant que, dans la plupart des monu-
ments de la Renaissance française, le marbre joue un rôle beau-
coup plus important que le bronze. Nous avons en revanche
quelques bustes en bronze qui sont, à bon droit, considérés
comme des chefs-d'œuvre.

Parmi les bustes en bronze attribués à Germain Pilon, il y
en a un dont l'authenticité ne repose peut-être pas sur des
documents parfaitement établis, mais qui compte assurément

fonte des deux belles fontaines décorées d'animaux qui ter-
minent le parterre du côté du parc. A gauche, le Tigre terras-
sant un ours, et le Limier abattant un cerf, ont été sculptés par
Houzeau. A droite, le Lion terrassant un sanglier, etle Lion ter-
rassant un loup, sont des ouvrages de Van Clève. De grands
groupes décoratifs, dont à vrai dire quelques-uns sont seulement
en plomb, étaient regardés à cette époque comme l'accessoire
indispensable d'un bassin, et cet usage s'est perpétué jusqu'au
milieu du xvm° siècle. C'est le parc de Versailles qui montre les
plus beaux modèles de ce genre d'ornementation. De nombreux
bassins ont été ornés de sujets mythologiques qui, lorsque les gran-
des eaux jouent, font l'office de fontaines jaillissantes. Au bout du
tapis vert et à l'entrée du grand canal, on trouve le bassin
d'Apollon, qui est des plus importants par sa décoration. Il tire
son nom d'un groupe en plomb, exécuté par Tuby, sur le dessin
de Lebrun, et qui produit le plus bel effet. Mais le vrai
chef-d'œuvre dans ce même genre, c'est sans contredit le
bassin de Neptune. L'exécution de la plupart des groupes qui le
décorent ne remonte qu'au xvni0 siècle, mais l'ensemble du
bassin est une conception du xvnc. Le groupe central représente
Neptune et Amphitrite. Neptune est assis dans une grande
conque et tient son trident; Amphitrite est à sa gauche; près
d'elle, une naïade lui présente des productions maritimes, tandis
que les tritons et les monstres marins se jouent autour des deux
divinités. Lambert-Sigisbert Adam est l'auteur de ce beau
groupe, qui a été terminé en 1740. Les autres groupes qui déco-
 
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