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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Carr, J. Comyns: Les grandes expositions d'hiver a Londres, [2]: Royal Academy of Arts, Burlington House, Winter Exhibition
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0323

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LES GRANDES EXPOSITIONS D'HIVER A LONDRES. 299

avec M. Charles Blanc, que ce soit là « un morceau exquis ».

La seconde toile — le Vaisseau de saint Pierre1 — quoique
dûment signée et datée, ne ressemble en rien à Rembrandt.
Cela ne le rappelle ni comme coloriste, ni sous le rapport de la
plupart des types, ni au point de vue de l'aspect général, en
opposition manifeste avec la conception rembranesque. En
dépit de l'autorité de Smith, qui, pas plus que personne, n'est
infaillible, les experts reconnaissent là la main de Lievens et
non celle de Rembrandt.

Avant de continuer l'étude de la collection de Mme Hope,
qu'on me permette de consacrer un mot aux autres Rembrandt
exposés cette année. Un Portrait d'homme"-, appartenant au
comte Cowper, était et est encore un morceau tout à fait hors
de pair, quoique le visage ait un peu souffert, et, cette fois,
Smith a très justement écrit : « This superlative picture pos-
sesses in perfection the varions charms which give value to this

conservation, comme l'est le prodigieux Intérieur9 de Mmc Hope.
La Partie de cartes 10, un des joyaux de Buckingham Palace, a
considérablement souffert et a trop visiblement subi une restau-
ration de Vandale depuis que Smith en a fait un éloge en tous
points mérité.

De Hooghe a été une sorte de poète parmi les peintres de
genre de la Hollande. Il ne fut point un humouriste comme
Jari Steen, il se soucia peu de reproduire des types franchement
accusés, il n'eut guère la préoccupation de la perfection de la
forme ni même le sentiment exquis de la mimique si remar-
quable chez Metsu. Ses figures sont comprises à la façon d'un
paysagiste, comme des accessoires qui font valoir la beauté de
la scène et ajoutent une note de plus à sa caractéristique. Il fut
vraiment l'apôtre du paysage intérieur, s'il est permis de
s'exprimer ainsi, le'peintre des effets de soleil emprisonnés.
Les appartements doucement éclairés qu'il affectionnait, ont

master's portraits3. » Quant au Portrait équestre du maréchal ! leur physionomie propre. Ils nous parlent avec l'accent de

de Turenne^, il est difficile d'y croire. L'éminent biographe de
Rembrandt, M. Charles Vosmaer, le dit peint en 1649, mais
il n'a point vu le tableau et en parle sur la foi d'autrui; nous
préférerions son propre jugement. Fût-il à l'évidence démontré
que c'est un Rembrandt, il n'y aurait, certes, qu'à déclarer que,
sans cette preuve indiscutable, personne ne croirait en étudiant
cette grande toile à une production de la main de l'illustre
artiste.

Quittons ce terrain si douteux pour goûter les pures joies
des chefs-d'œuvre indiscutables de M™" Hope. Les m.ûtres qui
tiennent chez elle le tout premier rang sont Terburg, Metsu,
Pieter De Hooghe et Jan Steen. Les Soldats buvant et fumant*
de Terburg sont un de ses ouvrages les plus accomplis. Il est
difficile, sinon impossible, de pousser plus loin le rendu de
chaque détail, d'exprimer par la moindre touche le caractère
même de l'objet à imiter. La texture de chaque chose, et
jusqu'aux variétés de poids, de solidité, sont prodigieusement
observées et indiquées dans la perfection , sans que cependant
cette conscience si scrupuleuse de l'artiste le fasse verser dans
la minutie ou nuise à l'ampleur, à la liberté de son pinceau,
ou aux lois de l'ensemble. C'est là ce qui distingue si heu-
reusement le fini de Terburg du fini de Gérard Dou dont la
Jeune Ménagère*1 est, sans aucun doute, un des plus précieux
modèles, quoique rien ne diffère plus de la manière magistrale
de Terburg, quoique rien n'y soit plus opposé. Chez Gérard Dou,
c'est le triomphe d'un faire égal, qui donne à toutes choses, par
une touche sans variété, un aspect uniforme. La main semble
à peine répondre à une pensée du peintre ou se soucier du

portraits, ils nous en disent plus long sur les mœurs du temps
que maints tableaux criblés de figures. Ils nous semblent, en
effet, suffisamment habités même quand on n'y voit que les
rayons de lumière qui s'y jouent à travers les rideaux des
hautes croisées.

Chez Metsu nous trouvons un sentiment artistique non
moins délicat, non moins distingué, mais dans une voie diffé-
rente. C'est presque d'un pas classique qu'il nous paraît se
mouvoir à travers son temps, rehaussant les formes communes
et les costumes grossiers d'un accent magistral. Chez lui, les
gestes les plus ordinaires revêtent un certain style. Voyez, par
exemple, la servante dans cet admirable panneau —■ Une
Dame lisant une lettre 11 — que l'on prendrait pour un Van der
Meer de Delft, si la signature indiscutable de Metsu n'était pas
là pour protester. La façon dont cette domestique tient légère-
ment une lettre entre les doigts, la position pleine de simplicité
et en même temps de convenance de tout le corps, l'action de
la main droite qui écarte le rideau olivâtre recouvrant un
tableau fixé à la muraille, tout vous révèle le dessinateur exquis
qui a étudié la figure humaine avec sélection et une constante
préoccupation de beauté relative.

Un dernier Metsu, — cette fois c'est un gentilhomme qui
écrit un billet'-, — est d'un ordre plus familier et d'une fasci-
nation qui s'exerce plus rapidement, mais qui n'atteint pas
néanmoins aux mêmes raffinements d'art que le précédent.

Quel contraste plus extraordinaire que celui qui existe entre
ces divers maîtres et Jan Steen ! Avec ce dernier, point de tableau
sans sujet et point de sujet exempt de quelque trait de comédie

caractère spécial à chaque objet, elle travaille avec acharnement satirique. Pour lui, ce n'est pas assez de la vie sous ses aspects
à effacer toute trace de variété pour ne produire qu'un miracle J simples, ouverts, qui suffisent à Gabriel Metsu et à Pieter De
de patience. Un second Terburg, — un Trompette et un officier Hooghe. II a un tempérament de dramaturge qui oblige son

recevant un ordre-1, — tableau qui a été gravé par Burnett,
absorberait l'attention s'il n'était éclipsé par les splendeurs du
premier, et le Portrait d'un bourgmestre que nous avons déjà
signalé8 a le grand mérite de nous initier à une tout autre
manière du maître.

Trois compositions de Pieter De Hooghe brillent de toutes
les séductions de ce glorieux charmeur, mais elles ne sont
malheureusement pas toutes trois dans un égal état de parfaite

esprit à ajouter toujours quelque création personnelle au fait le
plus ordinaire dont il entreprend la reproduction. Ses tableaux
sont des scènes habilement disposées, dans lesquelles chaque
acteur a son rôle parfaitement tracé. Nous avons ici deux de ses
toiles qui montrent, dans tout leur éclat, ses rares mérites d'inven-
tion. Le Baptêmen abonde en personnages, en incidents carac-
téristiques et en contrastes piquants; voyez à gauche, par
exemple, ce vieux compère qui accapare l'attention d'un cercle

1. No 168, et Smith, tome VII, n° 82, page 34.

2. N° 161.

3. Tome VII, il" 324, page 117.

4. N° iôï; également au Comte Cowper. Smith, tome VII, 11° 32;, page 117.

5. N° 110. Smith, tome IV, n° 49, page 133: « An admirable ivork ofart. »

6. N° 97. Smith, tome I", n° 7. page j.

7. N° 108. Smith, tome IV. no 11, page 121.

8. Voir page 261.

9- 126. Smith, tome IV, n° 2, page 219.

10. N° 113. Smith, tome IV, n° 48, page 23; : « The extraordinary luminous effect which, pervaies this picture, renders it the admiration ofevery behol-
der. It is painted ivith singular mastery of hand, and exhihits throughout a consummatc knotvledge of the principles of art. »

11. N° 125. Smith, tome IV, no 21, page 81.

12. N° 127. Smith, tome IV, n" 20, page 80.

13. N° 100.
 
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