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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Expositions: place Vendome- Rue Volney- Rue Laffitte
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L'ART.

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d'un faire si fin, si délicat, si raffiné, si curieux. « Celui-là, c'est
un fort », nous a dit M. Vollon en s'éloignant. Un mot plus
éloquent que toutes les louanges.

Dans son Portrait de mon frère Ambroise, M. Paul Baudry,
qui ne sait pas se détendre de sécheresse et de manque de relief,
est loin, bien loin de la science et de l'extrême saveur de
Bastien-Lepage, dont les erreurs mêmes — quand il lui arrive
d'en commettre, — sentent l'artiste de race. Chez le premier,
beaucoup d'acquis; l'autre possède, en outre, ce qui ne s'apprend
pas. — surtout chez ce pâle M. Alexandre Cabanel qui ne s'atten-
dait pas à couver un tempérament et ne doit pas, in petto, se
pardonner cet élève-là! Officiellement c'est autre chose; —
notre homme est trop habile pour ne pas se faire gloire de ce
disciple rebelle.

, 11 y a tant et tant de bien à dire de M. Jean Béraud. rue
Volney, qu'on ne lui doit que la stricte vérité, place Vendôme
où la Marseillaise a tout l'air d'une provocation à la haine du
drapeau tricolore. On en a mal aux yeux! C'est d'un cru, c'est
d'un dur, c'est d'un papillotant accompli. Autour du piano
constitue fort heureusement la plus exquise revanche et sacre
M. Béraud le peintre par excellence des intérieurs mondains de
notre temps. A toutes les banalités débitées contre les costumes
masculins, à la nécessité de les mettre en interdit pictural,
M. Béraud répond victorieusement par Autour du piano; un
artiste de sa valeur — il le démontre sans discussion possible —
tire tout aussi bon parti de nos habits noirs que des élégantes
toilettes féminines qu'il interprète si spirituellement. Ce tout
petit tableau paraît grand tant la composition en est heureuse,
tant la facture en est souple, tant l'effet est juste, tant les diffi-
cultés qui y abondent sont surmontées comme en se jouant, —
science d'autant plus sérieuse qu'elle se montre plus aimable,
et triomphe sans laisser percer l'ombre de pédantisme. Ce cadre
minuscule n'est ni plus ni moins qu'une merveille de rendu.
Nous nous garderons bien de crier à son sujet au triomphe de
la modernité, laissant aux amateurs de barbarismes cette expres-
sion sans valeur ; la société du xix° siècle a trouvé son peintre,
cela nous suffit.

Depuis ses débuts, nous suivons très attentivement M. Jean
Béraud; nous avons toujours beaucoup espéré de lui, mais,
chose curieuse, il a constamment répondu par des défaillances,
lorsqu'il s'est attaqué au plein air, tandis que les soirées du
monde élégant ont dès le premier jour été le terrain sur lequel
il semblait se sentir absolument sûr de lui-même ; on ne l'y a vu
faire que des progrès, jamais un pas en arrière.

M. Bergeret serait un des rois de la Nature morte, s'il ne
voulait parfois forcer son talent; il est parfait lorsqu'il se ren-
ferme dans une toile de proportions moyennes; il n'existe plus
dès qu'il se permet de plus vastes visées; son ignorance des lois
de la composition éclate alors à tous les yeux.

Le Bord d'étang est un des paysages de M. Camille Bernier
qui lui font le plus d'honneur; — fort lumineux, bien composé,
tonalité très juste.

M. Carolus Duran semble s'être imposé pour programme
de se montrer, des deux côtés, dans tout l'éclat de son talent et
inférieur h lui-même. Rue Volney, le Portrait de Georges est
lâché, mais le Portrait de M,le *** est d'une belle tenue et d'une
virtuosité superbe, et voici qu'aux Mirlitons, le Portrait de
M"" la baronne de H. et de sa fille nous montre la tète de
l'enfant toute charmante, tandis que la mère est commune de
carnation, exhibe une main gauche déplorable et nous laisse
voir une main droite plus pitoyable encore ; la main droite de
l'enfant n'est pas mieux partagée, elle n'a rien d'humain. Assez
de défaillances comme cela, s'est dit M. Duran, et il a magis-
tralement brossé le Portrait de M"" la comtesse ***, si magistra-
lement que c'est h peine si l'on s'aperçoit que les yeux ne sont
pas d'ensemble et que le menton et le cou ne sont pas à l'abri de
sérieux reproches.

Le Portrait de M»" Ed. Adam, par M. Benjamin Constant,

n'est qu'une pochade d'atelier enlevée de verve, mais une très
brillante pochade.

M. Charles Delort nous surprend agréablement, par de
très grands progrès; il fait preuve d'esprit dans Un Novice, et
nous le retrouvons peintre accompli dans Un Cardinal, fort
joli morceau où les rouges se font valoir l'un l'autre par d'intel-
ligents sacrifices; ce Cardinal lilliputien est un Meissonier
gras.

Hâtons-nous de crier casse-cou à M. Dubufe fils. Pourquoi
s'astreindre à rappeler M. Bastien-Lepage? Servum pecus, la
race des imitateurs!

M. Henry Dupray, observateur bien doué, verse en plein
gris terne dans ses Grandes manœuvres d'automne; les vête-
ments manquent de valeur; — point d'accent.

Le Portrait de M""' E-, par M. N. Escalier, ne mériterait
que des éloges sans un maudit petit point qui fait tache, et
lâche très agaçante, au nez.

M. Gabriel Ferrier nous démontre avec éclat — avec trop
d'éclat—qu'il n'est point le premier venu. Il se transforme à
pas de géant, cela n'est pas discutable, mais plus d'originalité
nous irait fort. Ses deux portraits du Cercle artistique et litté-
raire, son Portrait de S. A. R. la princesse Marie d'Orléans,
brillent par une habileté consommée, mais ils pastichent Carolus
Duran, moins l'ampleur. Dans les Enfants de S. A. R. le duc de
Chartres, la tète de la jeune fille est fort bien, excellente même,
mais que de rouges! On en a mis partout, et tant, et si peu
atténués que l'ensemble tourne au sirop de groseille. Nous
recommandons à M. Ferrier l'étude du tableau de M. Delort;
il doit savoir s'imposer des sourdines de manière à donner toute
sa valeur à la note principale au lieu de la noyer dans des rela-
tions de tons presque identiques.

Bien juste, bien sincère, La Eoire de Saint-Benoît-des-
Andes (Ille-et-Vilaine), de M. Eugène Feyen.

Le Fumeur de M. Gérôme est l'œuvre d'un artiste très
savant à qui cela ne donne cependant pas le droit de torturer à
plaisir les pieds de son modèle transformé en pied-bot par le
seul fait de la pose. Quant au de Salomon, il y a là une

énorme dépense de talent et de non moins d'aigreur malheu-
reusement.

Malade, terriblement malade, M. Henri Gervex, une de
nos meilleures espérances qui s'égare cruellement. Sa Diane
n'est ni dessinée, ni peinte, sa Nana ni peintî, ni dessinée.
S'attaquer au nu et prodiguer h ce point les plus monstrueuses
hérésies de dessin, cela révèle un état singulièrement grave.
Nous avons à peine pu en croire nos yeux ; nous nous refusions
à admettre que d'aussi affreuses mains, que des raccourcis aussi
fantastiques pussent être signés Gervex. Il y a surtout une
jambe et un mollet inénarrables; c'est d'un rendu tellement
monstrueux que cela en est enfantin. Ne désespérons pas cepen-
dant : un artiste aussi bien doué nous doit une complète
revanche; le passé nous dit que M. Gervex saura la prendre.
Nous v comptons.

Dans son Marché aux fleurs à Paris, M. Gilbert a parfai-
tement réussi à se tenir très clair, quoique sans le moindre
rayon de soleil.

M. Grandsire n'a jamais fait mieux que sa Partie du Canal-
Tréport.

M. Ilenner a commis une énorme erreur sous prétexte de
Portrait de M"" R.; on n'est pas plus poncif. Il se relève victo-
rieusement grâce à son Portrait de mon frère. Le relief y est
prodigieux, la finesse de tons ne l'est pas moins; c'est lumineux
au possible, et d'un art impeccable. Cela se tient merveilleuse-
ment d'ensemble et supporte la plus exigeante analyse. La
moustache par exemple est d'une incroyable vérité, un vrai tour
de force, grassement exécuté, sans trace de minutie. En faisant
œuvre fraternelle, Henner a fait œuvre de maître.

La Boite de Pandore de M. Gustave Jacquet est trop peu un
Jacquet, et par trop un Chaplin. Excès de mémoire.
 
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