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VanVinkeroy, Eugène: Le musée d'armures de Bruxelles, [1]
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maintenant, sa bonne impression s'affaiblir, en franchissant le seuil encombré de notre vieux
bâtiment de la Porte de Hal.
Privé des armures historiques que, dès le xve siècle, nos souverains se plaisaient à déposer
au château de Caudenberg et dont la plupart furent emportées par les Autrichiens, après leur
défaite à Fleurus, notre Musée d'armures ne peut avoir la prétention de rivaliser avec
les collections célèbres, rassemblées de longue date, à Dresde, à Vienne, à Londres et à
Paris.
On y conserve cependant quelques spécimens de l'ancienne armurerie, dignes de fixer
l'attention des connaisseurs.
Nous leur présenterons, au courant de l'étude que nous commençons aujourd'hui, les plus
intéressants de ces objets.
I
ARMURE T)E MAILLES DU XVe SIÈCLE
Ce harnais original se compose d'un haubergeon et de chausses complètes de mailles
rivées à grain d'orge. Un corselet en plaquettes de fer renforce la défense de la poitrine
et du dos; des gantelets de cuir à revers, dont le dessus seul est armé de mailles, protègent
les mains.
La maille est double, forte, serrée, sur la poitrine, le dos et le dessus des mains; elle est
simple et ouverte sur les bras, les jambes et les pieds. Cette circonstance permet de supposer
que des plaques de cuir ou de fer étaient jadis lacées par-dessus la maille des quatre
membres.
Cet équipement a dû appartenir à un cavalier; la seule partie non cuirassée du tronc est,
sur le devant du haubergeon, une bande d'environ trois doigts à hauteur de la ceinture; si l'on
avait combattu à pied avec cette armure, la lance ou l'épée de l'adversaire aurait facilement troué
ce côté faible. Pour que la défense du corps fût complètement assurée, il fallait que le
combattant fût assis, c'est-à-dire en selle; alors seulement les rangées de plaquettes se rejoi-
gnaient à la ceinture, et le large pli formé en cet endroit absorbait la partie faible, dont
le défaut n'existait plus. Depuis 185:4 jusqu'aujourd'hui, cette armure avait été classée au
xii" siècle. Des amateurs ayant émis cet avis, qu'au xv° siècle la cavalerie avait complètement
renoncé à l'usage de l'armure de mailles, pour adopter exclusivement l'armure complète de fer
plein, nous indiquerons ici, très sommairement, quelques-unes des raisons qui nous empêchent de
partager cette manière de voir.
Quoique les différentes plates ou plaques de fer, dont l'ensemble constitue l'armure
complète de fer plein, soient déjà mentionnées en 13)8, dans l'inventaire des armes possédées
au château de Mons, par Guillaume III, comte de Hainaut, quoique l'armure complète elle-
même figure dès le commencement du xv" siècle sur l'effigie funèbre d'un seigneur de Heer,
mort en 1398, sur le tombeau de Jean van Kuyck, seigneur d'Hoogstraeten, mort en 1417, et sur
le sceau de Jean de Wesemael, maréchal héréditaire du Brabant, en 1433, l'armure de mailles,
plus ou moins modifiée par l'addition de plaques de renfort, se retrouve encore, pendant tout le
xv" siècle, à côté de l'armement nouveau.
Les sceaux, types équestres, de Jean sans Peur (140^), — Guillaume IV, comte de Hainaut
(1409), — Philippe le Bon (1433), — Charles le Téméraire (1498), ne montrent pas la cuirasse
de fer1.
Parmi les précieux manuscrits enrichis de miniatures, conservés à la Bibliothèque de
Bourgogne, la Chronique de Hainaut, en 1449, représente encore de très hauts personnages,
armés de brigandines et de haubergeons de mailles, complétés par l'addition d'une pansière.
1. La collection sigillographiquc de l'Etat belge comprend aujourd'hui environ vingt mille pièces, parmi lesquelles un grand nombre de
tvpes militaires équestres du xic au xvie siècle. Grâce à l'obligeance bien connue de M. Pinchart, nos recherches dans ce précieux dépôt ont été
rendues faciles.
bâtiment de la Porte de Hal.
Privé des armures historiques que, dès le xve siècle, nos souverains se plaisaient à déposer
au château de Caudenberg et dont la plupart furent emportées par les Autrichiens, après leur
défaite à Fleurus, notre Musée d'armures ne peut avoir la prétention de rivaliser avec
les collections célèbres, rassemblées de longue date, à Dresde, à Vienne, à Londres et à
Paris.
On y conserve cependant quelques spécimens de l'ancienne armurerie, dignes de fixer
l'attention des connaisseurs.
Nous leur présenterons, au courant de l'étude que nous commençons aujourd'hui, les plus
intéressants de ces objets.
I
ARMURE T)E MAILLES DU XVe SIÈCLE
Ce harnais original se compose d'un haubergeon et de chausses complètes de mailles
rivées à grain d'orge. Un corselet en plaquettes de fer renforce la défense de la poitrine
et du dos; des gantelets de cuir à revers, dont le dessus seul est armé de mailles, protègent
les mains.
La maille est double, forte, serrée, sur la poitrine, le dos et le dessus des mains; elle est
simple et ouverte sur les bras, les jambes et les pieds. Cette circonstance permet de supposer
que des plaques de cuir ou de fer étaient jadis lacées par-dessus la maille des quatre
membres.
Cet équipement a dû appartenir à un cavalier; la seule partie non cuirassée du tronc est,
sur le devant du haubergeon, une bande d'environ trois doigts à hauteur de la ceinture; si l'on
avait combattu à pied avec cette armure, la lance ou l'épée de l'adversaire aurait facilement troué
ce côté faible. Pour que la défense du corps fût complètement assurée, il fallait que le
combattant fût assis, c'est-à-dire en selle; alors seulement les rangées de plaquettes se rejoi-
gnaient à la ceinture, et le large pli formé en cet endroit absorbait la partie faible, dont
le défaut n'existait plus. Depuis 185:4 jusqu'aujourd'hui, cette armure avait été classée au
xii" siècle. Des amateurs ayant émis cet avis, qu'au xv° siècle la cavalerie avait complètement
renoncé à l'usage de l'armure de mailles, pour adopter exclusivement l'armure complète de fer
plein, nous indiquerons ici, très sommairement, quelques-unes des raisons qui nous empêchent de
partager cette manière de voir.
Quoique les différentes plates ou plaques de fer, dont l'ensemble constitue l'armure
complète de fer plein, soient déjà mentionnées en 13)8, dans l'inventaire des armes possédées
au château de Mons, par Guillaume III, comte de Hainaut, quoique l'armure complète elle-
même figure dès le commencement du xv" siècle sur l'effigie funèbre d'un seigneur de Heer,
mort en 1398, sur le tombeau de Jean van Kuyck, seigneur d'Hoogstraeten, mort en 1417, et sur
le sceau de Jean de Wesemael, maréchal héréditaire du Brabant, en 1433, l'armure de mailles,
plus ou moins modifiée par l'addition de plaques de renfort, se retrouve encore, pendant tout le
xv" siècle, à côté de l'armement nouveau.
Les sceaux, types équestres, de Jean sans Peur (140^), — Guillaume IV, comte de Hainaut
(1409), — Philippe le Bon (1433), — Charles le Téméraire (1498), ne montrent pas la cuirasse
de fer1.
Parmi les précieux manuscrits enrichis de miniatures, conservés à la Bibliothèque de
Bourgogne, la Chronique de Hainaut, en 1449, représente encore de très hauts personnages,
armés de brigandines et de haubergeons de mailles, complétés par l'addition d'une pansière.
1. La collection sigillographiquc de l'Etat belge comprend aujourd'hui environ vingt mille pièces, parmi lesquelles un grand nombre de
tvpes militaires équestres du xic au xvie siècle. Grâce à l'obligeance bien connue de M. Pinchart, nos recherches dans ce précieux dépôt ont été
rendues faciles.