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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Ménard, René: Histoire artistique du métal, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0077

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L'ART.

en ferrures d'or rouge poli sont certainement un des plus jolis
produits de la bijouterie française à l'Exposition de 1878. En
voici d'autres, qui proviennent de la même maison et qui, cette
fois, sont absolument modernes. Elles sont en forme d'aumô-
nières, et accompagnent un bracelet oxydé avec ferrures et
parties à jour. Une chaîne, qui fait le tour du bracelet, soutient
un médaillon, qui est aussi en forme d'aumônière, comme les
boucles d'oreilles, et qui est travaillé à jour comme le bracelet.
Nous allons voir maintenant comment M. Boucheron est

Châtelaine, par Boucheron.

apprécié par M. Falize (Rapport sur l'Exposition de l'Union
centrale 1876) :

« Nous avons les émaux translucides ou émaux à jours qui,
brevetés un peu à la légère par feu M. Riffaut, sont devenus la
propriété de M. Boucheron; on ne saurait mieux réussir que
lui ce travail difficile, et nous avons été heureux de voir que
l'emploi qu'on en avait fait jusqu'ici allait être modifié de la
façon la plus heureuse. Nous gardons le secret à M. Boucheron,
mais nous pouvons en son nom promettre des merveilles pour
l'Exposition de 1878.

« Si l'on veut nous en croire, c'est vers l'émail que les bijou-

tiers doivent surtout diriger leurs efforts. C'est un converti qui
en parle sans arrière-pensée, sans mesquine jalousie, persuade
qu'il est que la voie est assez large pour tous, et que, dans ce
genre, moins que dans les autres, la concurrence étrangère est à
craindre. Il n'y a d'habiles émailleurs qu'à Paris, et les condi-
tions de fabrication à bas titre des bijoux allemands créeront
aux fabricants d'outre-Rhin de grosses difficultés pour la réus-
site de certains émaux.

« Restons chez M. Boucheron puisque nous y sommes
entrés, et signalons en passant une jolie parure d'or garnie de
filigrane. On nous permettra d'en prendre prétexte pour nom-
mer M. Fontenay, qui l'a dessinée et exécutée, et pour envoyer
à M. Castellani, le savant artiste de Rome, un tribut d'admira-
tion pour ses remarquables travaux.

« Le filigrane donne à l'or des tons charmants, il est l'œuvre
complète de l'ouvrier bijoutier; il ne réclame le secours d'aucun
autre collaborateur, il se plie à toutes les formes, suit et accentue
les moindres finesses du dessin. Son emploi s'accommode des
styles grec et romain, du byzantin, des ornements florentins
du xvu° siècle, et généralement le filigrane se prête à toutes les
fantaisies. Si quelques-uns après M. Fontenay se risquent à ce
mode de travail, ils auront affaire à forte partie, mais ils auront
encore chance de réussir, surtout s'ils s'inspirent des formes et
des ornementations indiennes.

« M. Boucheron s'inquiète peu, lui, d'être Indien, Grec ou
Chinois, de donner à ses bijoux le style d'une époque ou d'une
autre, et si je me permets de le dire aussi nettement, c'est que
chez lui quelqu'un le dit tout haut. Il a la prétention d'être lui-
même et d'inaugurer, dans son genre, un genre nouveau qui soit
de notre époque.

«• J'ignore s'il y réussit, mais je serais tenté de le croire, car
la vogue s'attache à sa maison et la coureuse fortune y demeure
prisonnière.

« M. Boucheron a cet esprit très parisien qu'on retrouve
chez la modiste, la couturière et la fleuriste, et c'est à dessein
que je cite ces états féminins en qui résident la grâce et
l'imprévu, et dont les doigts coquets chiffonnent la soie, la
dentelle, les fleurs, et créent à chaque saison une mode nou-
velle.

« Les mains qui travaillent sous le contrôle de notre bijou-
tier en vogue chiffonnent aussi l'or et l'argent, et si les types
qu'ils créent n'ont pas plus de durée que la mode, ils en ont du
moins le côté attrayant et piquant; ils exercent une séduction à
laquelle résistent peu de femmes. C'est beaucoup, mais la mode
n'est pas un style, et le bijou mérite qu'on le traite avec plus
d'étude. Sa matière est solide et défie le temps ; il ne faut pas
que, né d'un caprice, un autre caprice le condamne au creuset ;
c'est déjà trop souvent ce qu'il advient des joyaux de prix. Je
n'admets pas pour eux que la fantaisie soit un style et je me
défie de ces coquetteries séduisantes où le dessin n'a pas de rôle.
Pour qu'un bijou me satisfasse, il faut qu'il soit plus beau que
joli, plus sévère que coquet; toutes les perfections de la main-
d'œuvre ne sont rien sans la recherche de la forme, la logique et
le voulu du dessin. »

M. Falize, qui parle si doctement de choses qu'il connaît à
fond, est lui-même un artiste de premier ordre dans la bijou-
terie. En 1878, son exposition comprenait des bracelets, des
colliers, des croix, des coiffures appartenant à tous les styles.
Elle nous faisait passer de l'égyptien au gothique, du grec à la
Renaissance; mais on trouve toujours le même respect du dessin
et de la silhouette.

Ce qui nous a surtout frappé dans cette exposition, c'est un
bijou en or ciselé, décoré de deux délicieuses figurines d'émail.
Ce bijou, fait d'après une gravure attribuée à Etienne de
Laulne, est un véritable petit chef-d'œuvre. Il est impossible de
rien rêver de plus gracieux et de plus élégant.

M. Falize est un des hommes à qui l'art de l'application de
l'émail à l'industrie doit le plus. Son bracelet en or ciselé, orné
 
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