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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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VanVinkeroy, Eugène: Le musée d'armures de Bruxelles, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0095

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arrière-faucre. Le bois de la lance, couché sur la branche antérieure, était maintenu horizon-
talement par la branche postérieure qui l'empêchait de basculer en avant. Si Ton considère que
la grande rondelle de lance venait en outre s'appuyer contre Faisselle, on comprendra que la
forte lance, serrée comme dans un étau, faisant corps avec l'homme, la haute selle et le
cheval, devait produire un choc formidable, qui explique les précautions prises, surtout pour
la protection de la tête

La large, attachée solidement au côté gauche du plastron, couvrait l'épaule et le bras de ce
côté et descendait jusqu'en dessous du coude.
Notre armure est sans targe.

A partir du coude gauche, la défense était fournie par le brassard-gantelet, d'une seule
pièce. On y remarque deux ouvertures circulaires qui servaient à passer les tresses au moyen
desquelles le bras de la bride était suspendu, comme en écharpe, à un anneau du plastron,
pour lui éviter la fatigue de ce lourd gantelet inarticulé, dans lequel les doigts devaient se
mouvoir ensemble.

Les rondelles. — Une grande rondelle de joute, munie d'un ombilic en pointe, défend chaque
aisselle; celle de droite est échancrée pour livrer passage au bois de la lance. Une rondelle
couvre aussi le coude gauche, qui débordait un peu la targe, quand la main tenait la bride.

Le canon d'avant-bras droit porte, à la partie supérieure interne, une pièce de fer demi-
cylindrique qui couvre la saignée du bras quand celui-ci est ployé pour diriger la lance.

Le gantelet droit n'existe pas. Sur les gravures et les miniatures du temps, la main droite
du jouteur est tantôt nue, tantôt armée, soit du gantelet de fer, soit du gantelet de mailles. Ce
dernier laissait toute liberté aux mouvements des doigts et permettait mieux de saisir la poignée
de la lance, dont la grande rondelle abritait complètement la main.

La coupe des tapettes, en forme de tuile et d'une seule pièce, ainsi que la cubitière conique
qui défend le coude droit, suffirait à indiquer que cette armure est du xve siècle; les cannelures
accusent la seconde moitié et la fin de ce siècle.

Notre type de harnais ne comportait pas l'armure de jambes ordinaire. Tandis que le
jouteur de la Chronique de Hainqut, en 1449, a les jambes défendues et masquées par la haute
arçonnière de la selle, celui qui portait notre armure avait cette partie du corps protégée par
les deux grands cuissards de joute, que l'on remarque, suspendus sous les tapettes. Ces grands
cuissards, attachés à la selle par des courroies, protégeaient le cavalier sans l'incommoder. Celui
de gauche empêchait encore la jambe d'être écrasée contre la barrière, le long de laquelle les
jouteurs fournissaient ordinairement leurs charges. Chacun des deux champions s'élançait à toute
bride, d'un point opposé de cette barrière; après le choc, il continuait sa course et au moyen
d'une « caracole » venait reprendre sa position première 2, prêt à rompre une deuxième et quel-
quefois une troisième lance. Il ne s'agissait plus, en effet, de fournir vingt ou vingt-cinq courses
successives, comme cela se pratiquait, quand on joutait en simple armure de guerre.

Le coursier de joute, suffisamment surchargé par le cavalier et son armure, n'avait pas
besoin de bardes complètes. La lance, établie horizontalement sur le faucre, frappait l'adversaire
soit à la tête, soit en pleine poitrine. La tête du cheval était donc la seule partie, qui par suite
d'un faux mouvement, pouvait se trouver dans l'espace dangereux.

Si nous en croyons les chapitres de Claude de Vauldray, au tournoi de Gand, le cheval,
même dans les combats à l'épée, n'était pas exposé aux coups des champions. Il y est « défendu
de férir le cheval de son compagnon, soit de lance soit d'épée. Et qui tuera ledit cheval, comme
dit est, il sera tenu de le payer au dit des juges ordonnés et n'aura point de pris en ceste
emprise. »

1. Le passage suivant d'Olivier de la Marche racontant les joutes qui eurent lieu, en 1450, entre Jacques de Lalain et Jacques d'Àvranchies,
prouve combien les précautions prises pour abriter la tête étaient nécessaires. « A la neuvième et dernière course d'icelles armes, le chevalier
atteindit sur le bord de la croisée de l'armet de I'escuyer : et fut l'atteinte si grande que la dicte coiffure fut enfoncée jusques à la teste ; et si le
coup fust descendu aussi bien qu'il monta, certainement I'escuyer eust eu la tête faussée; mais la pointe glissa en amont et ne fut point I'escuyer
blécé; mais il fut tellement endommagé de son armet, qu'il fut conseillé de soy déporter de plus avant poursuivre, ne parfaire icelles armes... »

2. De là, l'expression 0 course à la barrière ». Comme cette barrière était souvent recouverte de toile, on disait aussi « courir à la toile ».
 
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