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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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VanVinkeroy, Eugène: Le musée d'armures de Bruxelles, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0097

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sans aucune ouverture pour les yeux du cheval ; le but était de l'empêcher de se dérober, ce
qui arrivait souvent au moment de la rencontre, et probablement aussi de lui éviter le risque
d'être éborgné par un coup de lance.

Notre vignette de 1449 indique encore la position du jouteur pendant la course. Debout sur
les étriers, le haut du corps penché en avant pour offrir plus de résistance au choc, arc-bouté
sur le haut du troussequin, il est en outre fortement bridé clans la haute selle, au moyen des
courroies qui relient la bâte de devant à celle de derrière.

La forte armure de joute que nous venons de décrire, et qui vers le milieu du xv" siècle
était aussi bien en usage en France1 qu'en Allemagne, ne paraît pas s'être maintenue au delà du
premier quart du xvie siècle. Tout en occasionnant une forte dépense, elle ne pouvait servir que
pour un exercice spécial. Sa seule raison d'être était la légèreté relative de l'armure de guerre
du xv° siècle, dont le poids total atteignait en moyenne 25 kilogrammes.

Au xvie siècle, la situation change. L'invention de la platine à rouet, l'usage des rayures en
spirale, l'introduction des lourds et puissants mousquets, se tirant sur une fourguine ou fourchette,
que le duc d'Albe introduit dans les Pays-Bas et qui pénètre ensuite en France, en 15:72, donnent
au tir de l'infanterie une puissance jusqu'alors inconnue, mais que les arquebusiers espagnols, à
la bataille de Pavie, avaient déjà fait présager.

Le cavalier noble, dont la gloriole a traversé les siècles, est bien forcé de reconnaître la
valeur militaire du modeste piéton et croit rétablir l'équilibre en renforçant son armure. Peu à
peu, l'armet et le plastron de la cuirasse arrivent à atteindre un poids considérable. Souvent,
avant d'être livrée au grand seigneur, la cuirasse est soumise à un tir d'épreuve ; quelquefois
aussi, au moment du combat, un second plastron mobile est attaché sur le premier. Dès lors,
pour se présenter à la joute, le cavalier n'a plus besoin d'une lourde armure spéciale, il lui suffit
de renforcer par quelques pièces supplémentaires son harnais habituel de combat. Nous
donnons un très beau spécimen de cet armement.

V i

ARMURE ALLEMANDE DE GUERRE, RENFORCÉE POUR LA JOUTE, FIN DU XVIe SIÈCLE

On dit d'une semblable armure qu'elle porte son « haut appareil ». Un solide « manteau
d'armes », dont la surface est divisée en losanges réguliers par les croisements de fortes nervures
d'arrêt, est vissé sur le plastron de la cuirasse; il défend le côté gauche. C'est d'ordinaire sur
cette pièce de fer et sur la lace gauche du casque, que viennent donner les coups de lance.

Une haute pièce (plaque de renfort) avec « demi-mentonnière de joute » est également fixée
sur le haut de la poitrine et le long de la joue gauche. La partie droite de la haute pièce,
redressée normalement à sa surface, arrête les coups qui pourraient glisser sous l'aisselle droite.
La demi-mentonnière double la résistance de la face exposée de l'armet. D'un côté, elle appuie
fortement contre le pivot gauche de la visière du casque ; de l'autre, elle fait corps avec le
ventail au moyen d'une forte « vis de nasal » qui s'engage clans un écrou de la face droite
du casque et l'empêche de s'ouvrir, à la suite d'un choc.

Le « grand miton de joute » (lourd gantelet inarticulé) protège la main- de la bride et l'avant-
bras du même côté.

La cubitière (pièce de coude) gauche, l'épaulière droite, sont également munies de leurs pièces
de renfort particulières.

Cette belle et gracieuse armure, enrichie de bandes d'arabesques finement gravées à l'eau-
forte, pèse en tout 38 kilogrammes et demi.

L'armet et le plastron sont construits pour résister à la balle du mousquet.

1. René de Belleval, Du costume militaire des Français en 1446.
 
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