HISTOIRE ARTISTIQUE DU MÉTAL
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tion de la taille du diamant. Voici en quels termes Viollet-le-
Duc rectifie cette erreur : « Vers le milieu du xin0 siècle les
pierres pures, diamants, rubis, émeraudes, topazes, ame'thystes
les collections de joyaux sont-elles rares! A part celles qui
appartiennent à des États puissants, qu'on connaît sous le nom
de Diamants de la couronne et qui sont plus riches que vrai-
et hyacinthes, grenats, opales et calce'- ment artistiques, à part quelques me-
doines n'e'taient taillées qu'en cabo- _ nus objets des xvn0 et xvnic siècles
chon, c'est-à-dire arrondies et polies \^^è (>/) répandus dans le commerce de la
du côte' externe, planes en dessous, \s ^Lp^-^ ^ curiosité', à part quelques gravures de
quelquefois (notamment pour les sa- fSf^O^ .-• o ~^Jf maîtres anciens, — rien ne vient en
phirs et émeraudes) avec des biseaux ^' ''0ï^^&k\ C aide a l'artiste qui veut s'instruire à
mousses sur les rives. Il est évident \0<0§ij^WW l'école du passé.
que ce genre de taille ne donnait pas ^'i^^^^^^W^V' La couronne qui a servi au sacre
au diamant une apparence même égale ^0^^^^^'^È0^' de Louis XV, couronne possédée par
à celle du cristal de roche. Mais, vers ^ \''"''\ 'jjfc. ^-4i»J> ^° mus<^e du Louvre, nous permet de
le temps de saint Louis, on commença ^.-;^^^§»«È»^j^^hs!§^S nous faire une idée du développement
à tailler quelques pierres en table, les < iït0$Ê$f^Ê!jj$ il 'VH§$r* *Wrw, de l'art de la joaillerie sous ce monar-
émeraudes, les saphirs, les rubis et les ^'^^X[X"^-^^r\ S Ct ^° 'a va'eur de R°lldi 'e ^h.
diamants ; ceux-ci dès lors prirent plus "' 00%£Ê£*( '• • j^^^y^H ^^jwlQ Les pierres précieuses qui l'ornaient
de valeur parce qu'ils pouvaient déjà '■ffiWÊÊÊÈtÊL Jt/ffi'J^^Sl if; ■ -WÊsÊ ont été remplacées par des strass, et il
produire des reflets irisés. Aussi n'est-ce ^M^S^^%^^'^^^ÊÊ) serait à souhaiter que l'on nous eût
qu'à dater du xtv° siècle que les dia- ^Wl&bjS ■■'^^^5f^^^j^TO^W^^^^J} conservé, par le même procédé, de
mants paraissent estimés et qu'ils figu- _<^^^m^* , ^r^^wMT^Ê^j^i^KB nombreux spécimens du travail ancien,
rent dans les bijoux. Cependant on ^^^^^^^^^^SMmSÊjMmBÊÊ^^ml Sous Louis XVI, les deux fameux
donne comme ayant appartenu à saint ^^^Éa^^i^^^s^^^ém^^^y^ joailliers Bcehmer et Bossange n'ont
Louis un diamant en pointe. Il est HM/Jm^Ê^^W^^È^Ê^^^^^s survécu à leur œuvre que par le scan-
donc à croire que les joailliers se con- '''^Cw^^r^^^^^^^^^^i dale du collier de la reine (1786).
tentaient de polir les faces naturelles ^'^'f^^mli^Ê^^Ê^^Sr7'^''' U» A la suite de cette affaire M. Mé-
du diamant tel qu'on le trouvait. Ce ''">,*/' 1 ■ "~ nière était nommé joaillier de la cou-
qui est certain, c'est que Louis de " ) /'fer'''-- ronrte, titre qui passa ensuite à son
Berquem n'a pas été, comme le pré- ' gendre Ebrard Bapst, et qui depuis
tend l'un de ses descendants, Robert de s'est toujours perpétué dans cette fa-
Berquem, en 1669, l'inventeur de la Pendeloque, par Falize. mille, dont le représentant actuel est
taille du diamant, puisque les Romains M. Germain Bapst.
avaient trouvé déjà le moyen de le percer à l'aide de sa propre
poussière, et que les comptes et inventaires, dès le xiv° siècle,
signalent quantité de diamants en table, en pointe, en rose.
La Révolution fit partager à l'art de la joaillerie le sort
qu'elle faisait subir aux autres arts industriels ; l'Empire lui
redonna droit de cité. Malheureusement, le mauvais goût du
« Jusqu'à l'époque de la temps empêcha d'attacher
Renaissance, on continua une importance artistique
néanmoins de tailler les pier- ^mssîE^^È^I^S»'' ~&v/3an'ff aux j°yaux qu'il vit produire,
res fines, autres que le dia- ?/?^^m^^^^^aB|^feflF^|B]W Cependant quelques-uns fu-
mant, en cabochon, et encore ! • "^^^^^±L 'lp Me» rent, dit-on, dessinés par
aujourd'hui ce genre de taille wKÊÊ^^^^^^^mffÊÊÊÈ^^^SÊk Prud'hon pour les impéra-
est conservé pour les rubis, IfflH^â^êw^^^^^^^^^^^^^^^^ triées Joséphine et Marie-
les opales et calcédoines. » S®^•J^X&^^î". ' '' 11 ' 1 ' 1 'I Louise.
Peu d'arts offrent autant ^^B^^^^^^^L" ' ' Iwffl ^eS kijoux dc l'Empire
de difficultés de fabrication IglBiBMj^^ se recommandent plutôt par
et laissent aussi peu de champ put jfis ^eur exécution que par la
à l'imagination de l'artiste Ml mm /<m façon dont ils ont été conçus,
que la joaillerie. Il faut en fiÎLsff-v il S m Ces qualités de main-d'œuvre
eflet que la joaillerie tienne wjf Utt Mm W ira Se conServ^rent sous 'a ^es~
compte des qualités d'éclat, M || jl M 9 S raja tauration. Le seul perfec-
de taille, de dureté et de SÊ H H A%îiJ^ j§ m mm tionnement apporté par cette
transparence du diamant. jBH 11 À m m ||§ époque est l'introduction du
Elle a à ménager les opposi- 11 JSI.fS uL m Er ï i 31 feuillage pris sur la pièce. On
tions de valeur enfantées par Il ït ff !t w H HllS ^ auss' sur 'cs boucles de
le dessin, à éviter l'uniformité, u M 1 |i ffilT—P^fi (8) ftjf II! ceinture des remplissages
la monotonie et les discor- ^LjMfflHf My^^mÊmÊ^ *ÈÊt\P$ d'ornements déliés sertis de
dances. Puis viennent les dit- îf \>j"S® ! l" \ petites roses,
licultés qui naissent de la / | 1 W |" 1^1^ Vers 1840, un travail
taille; il faut rendre harmo- ^^^S^^ f^Ift^^WlISI) ' ' V^dwjraEL d'importation viennoise vint
nieux un ensemble de pierres "^W^ar y' 1 ' ^t'"'^^^ faire diversion au goût soi-
dures dont on ne peut mo- ffl V'-*TO^ji\\iï \gjjiïJ> disant classique de l'Empire
difier ni la forme, ni la X ""''rf^r et de la Restauration. Les
silhouette. ^iOkuLU, ni fleurs, les feuillages pour la
La joaillerie est presque Bracelet et boucles d'oreilles en aumônieres, coiffure, les bouquets de cor-
sans histoire et sans tradi- par Bojcheron. sage font leur apparition. Le
tion, parce que ses produc- goût semble prendre son
tions sont fatalement vouées à une destruction dont la richesse 1 essor, délivré des liens qui l'enserraient. On est en droit de pré-
des matériaux employés est la cause principale. Aussi combien | dire une heureuse période pour la joaillerie. Et, cependant, ce
Tome XXIV. 12
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tion de la taille du diamant. Voici en quels termes Viollet-le-
Duc rectifie cette erreur : « Vers le milieu du xin0 siècle les
pierres pures, diamants, rubis, émeraudes, topazes, ame'thystes
les collections de joyaux sont-elles rares! A part celles qui
appartiennent à des États puissants, qu'on connaît sous le nom
de Diamants de la couronne et qui sont plus riches que vrai-
et hyacinthes, grenats, opales et calce'- ment artistiques, à part quelques me-
doines n'e'taient taillées qu'en cabo- _ nus objets des xvn0 et xvnic siècles
chon, c'est-à-dire arrondies et polies \^^è (>/) répandus dans le commerce de la
du côte' externe, planes en dessous, \s ^Lp^-^ ^ curiosité', à part quelques gravures de
quelquefois (notamment pour les sa- fSf^O^ .-• o ~^Jf maîtres anciens, — rien ne vient en
phirs et émeraudes) avec des biseaux ^' ''0ï^^&k\ C aide a l'artiste qui veut s'instruire à
mousses sur les rives. Il est évident \0<0§ij^WW l'école du passé.
que ce genre de taille ne donnait pas ^'i^^^^^^W^V' La couronne qui a servi au sacre
au diamant une apparence même égale ^0^^^^^'^È0^' de Louis XV, couronne possédée par
à celle du cristal de roche. Mais, vers ^ \''"''\ 'jjfc. ^-4i»J> ^° mus<^e du Louvre, nous permet de
le temps de saint Louis, on commença ^.-;^^^§»«È»^j^^hs!§^S nous faire une idée du développement
à tailler quelques pierres en table, les < iït0$Ê$f^Ê!jj$ il 'VH§$r* *Wrw, de l'art de la joaillerie sous ce monar-
émeraudes, les saphirs, les rubis et les ^'^^X[X"^-^^r\ S Ct ^° 'a va'eur de R°lldi 'e ^h.
diamants ; ceux-ci dès lors prirent plus "' 00%£Ê£*( '• • j^^^y^H ^^jwlQ Les pierres précieuses qui l'ornaient
de valeur parce qu'ils pouvaient déjà '■ffiWÊÊÊÈtÊL Jt/ffi'J^^Sl if; ■ -WÊsÊ ont été remplacées par des strass, et il
produire des reflets irisés. Aussi n'est-ce ^M^S^^%^^'^^^ÊÊ) serait à souhaiter que l'on nous eût
qu'à dater du xtv° siècle que les dia- ^Wl&bjS ■■'^^^5f^^^j^TO^W^^^^J} conservé, par le même procédé, de
mants paraissent estimés et qu'ils figu- _<^^^m^* , ^r^^wMT^Ê^j^i^KB nombreux spécimens du travail ancien,
rent dans les bijoux. Cependant on ^^^^^^^^^^SMmSÊjMmBÊÊ^^ml Sous Louis XVI, les deux fameux
donne comme ayant appartenu à saint ^^^Éa^^i^^^s^^^ém^^^y^ joailliers Bcehmer et Bossange n'ont
Louis un diamant en pointe. Il est HM/Jm^Ê^^W^^È^Ê^^^^^s survécu à leur œuvre que par le scan-
donc à croire que les joailliers se con- '''^Cw^^r^^^^^^^^^^i dale du collier de la reine (1786).
tentaient de polir les faces naturelles ^'^'f^^mli^Ê^^Ê^^Sr7'^''' U» A la suite de cette affaire M. Mé-
du diamant tel qu'on le trouvait. Ce ''">,*/' 1 ■ "~ nière était nommé joaillier de la cou-
qui est certain, c'est que Louis de " ) /'fer'''-- ronrte, titre qui passa ensuite à son
Berquem n'a pas été, comme le pré- ' gendre Ebrard Bapst, et qui depuis
tend l'un de ses descendants, Robert de s'est toujours perpétué dans cette fa-
Berquem, en 1669, l'inventeur de la Pendeloque, par Falize. mille, dont le représentant actuel est
taille du diamant, puisque les Romains M. Germain Bapst.
avaient trouvé déjà le moyen de le percer à l'aide de sa propre
poussière, et que les comptes et inventaires, dès le xiv° siècle,
signalent quantité de diamants en table, en pointe, en rose.
La Révolution fit partager à l'art de la joaillerie le sort
qu'elle faisait subir aux autres arts industriels ; l'Empire lui
redonna droit de cité. Malheureusement, le mauvais goût du
« Jusqu'à l'époque de la temps empêcha d'attacher
Renaissance, on continua une importance artistique
néanmoins de tailler les pier- ^mssîE^^È^I^S»'' ~&v/3an'ff aux j°yaux qu'il vit produire,
res fines, autres que le dia- ?/?^^m^^^^^aB|^feflF^|B]W Cependant quelques-uns fu-
mant, en cabochon, et encore ! • "^^^^^±L 'lp Me» rent, dit-on, dessinés par
aujourd'hui ce genre de taille wKÊÊ^^^^^^^mffÊÊÊÈ^^^SÊk Prud'hon pour les impéra-
est conservé pour les rubis, IfflH^â^êw^^^^^^^^^^^^^^^^ triées Joséphine et Marie-
les opales et calcédoines. » S®^•J^X&^^î". ' '' 11 ' 1 ' 1 'I Louise.
Peu d'arts offrent autant ^^B^^^^^^^L" ' ' Iwffl ^eS kijoux dc l'Empire
de difficultés de fabrication IglBiBMj^^ se recommandent plutôt par
et laissent aussi peu de champ put jfis ^eur exécution que par la
à l'imagination de l'artiste Ml mm /<m façon dont ils ont été conçus,
que la joaillerie. Il faut en fiÎLsff-v il S m Ces qualités de main-d'œuvre
eflet que la joaillerie tienne wjf Utt Mm W ira Se conServ^rent sous 'a ^es~
compte des qualités d'éclat, M || jl M 9 S raja tauration. Le seul perfec-
de taille, de dureté et de SÊ H H A%îiJ^ j§ m mm tionnement apporté par cette
transparence du diamant. jBH 11 À m m ||§ époque est l'introduction du
Elle a à ménager les opposi- 11 JSI.fS uL m Er ï i 31 feuillage pris sur la pièce. On
tions de valeur enfantées par Il ït ff !t w H HllS ^ auss' sur 'cs boucles de
le dessin, à éviter l'uniformité, u M 1 |i ffilT—P^fi (8) ftjf II! ceinture des remplissages
la monotonie et les discor- ^LjMfflHf My^^mÊmÊ^ *ÈÊt\P$ d'ornements déliés sertis de
dances. Puis viennent les dit- îf \>j"S® ! l" \ petites roses,
licultés qui naissent de la / | 1 W |" 1^1^ Vers 1840, un travail
taille; il faut rendre harmo- ^^^S^^ f^Ift^^WlISI) ' ' V^dwjraEL d'importation viennoise vint
nieux un ensemble de pierres "^W^ar y' 1 ' ^t'"'^^^ faire diversion au goût soi-
dures dont on ne peut mo- ffl V'-*TO^ji\\iï \gjjiïJ> disant classique de l'Empire
difier ni la forme, ni la X ""''rf^r et de la Restauration. Les
silhouette. ^iOkuLU, ni fleurs, les feuillages pour la
La joaillerie est presque Bracelet et boucles d'oreilles en aumônieres, coiffure, les bouquets de cor-
sans histoire et sans tradi- par Bojcheron. sage font leur apparition. Le
tion, parce que ses produc- goût semble prendre son
tions sont fatalement vouées à une destruction dont la richesse 1 essor, délivré des liens qui l'enserraient. On est en droit de pré-
des matériaux employés est la cause principale. Aussi combien | dire une heureuse période pour la joaillerie. Et, cependant, ce
Tome XXIV. 12