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Rust, R.: L' art et les industries artistiques en Suisse, [2]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0157
d'argent resplendissants; tantôt il reproduit des scènes grandioses, conceptions poétiques de
la nature.
Diethelm-Meyer, d'Aarau, Grob, de Zurich, et Tobler, d'Appenzell, se distinguent parmi les
peintres de genre. Grob est un naturaliste à l'expression un peu rude. Meyer est fin et senti-
mental. Tous deux affectionnent les sujets tirés de notre vie alpestre. Les tableaux de Meyer ne
vous frappent pas au premier abord, mais vous plaisent de plus en plus, à mesure que vous les
regardez davantage. Les sujets si vrais, si pleins de sentiment et parfois si sérieux de Grob ne
manquent jamais d'un certain humour. 11 y a peu de temps, il a abordé la composition histo-
rique clans son tableau la Bataille de Sempach. Sans doute, cette toile a des défauts ; elle
n'en constitue pas moins un des meilleurs et des plus grandioses de nos tableaux de l'histoire
nationale suisse. Il est difficile de mieux exprimer la vie, l'animation, le mouvement et la puis-
sance que le sujet comporte et que le peintre a admirablement rendus. Grob a suivi, dans sa
peinture d'histoire, le courant général qui porte les artistes modernes, contrairement aux idéa-
listes d'autrefois, à multiplier les épisodes, à suppléer par le fini réaliste des détails à la diminu-
tion de puissance de l'idée générale. Nous ne discuterons pas ici la valeur réelle ou imaginaire
de cette tendance : il est certain que le réalisme moderne contient, du moins dans son apparence
actuelle, les germes d'une renaissance future de la grande peinture historique.
Un tableau d'histoire excellent par le plan général autant que par l'exécution, est celui qu'a
exposé Tobler, il y a quelques années, la Première Discussion de Zwingli, à Zurich. L'Asso-
ciation artistique d'Aarau en fit l'acquisition pour le musée. Cependant, nous persisterons à
compter Tobler parmi nos peintres de genre, puisque c'est dans cette spécialité qu'il s'est
distingué jusqu'à présent, tout spécialement par de petits tableaux dont les sujets appartiennent
en grande majorité au xvi0 siècle, et qui montrent autant d'art véritable que d'étude
sérieuse.
Barzaghi est le représentant le plus remarquable des tendances italiennes à notre exposition.
Antonio Barzaghi Cattaneo est de Lugano, mais il habite Milan depuis de longues années. Sa
couleur est très riche, surtout celle de ses tètes féminines, qui mettent bien en relief le caractère
spécial de son talent.
On lui a reproché de donner des titres historiques à de simples scènes d'intérieur. Ces titres
promettent de grandes idées, que nous cherchons en vain dans ses tableaux, qui sont d'ailleurs
charmants, si on les regarde comme de simples peintures de genre. A notre époque, où l'effet
destiné à frapper n'est produit le plus souvent que par des tons lourds et sales, le peintre qui,
comme Barzaghi, n'emploie que les tons chauds et dorés, les couleurs simples, mérite notre
admiration, surtout lorsqu'il sait rester calme, sans jamais tomber dans le criard.
Bœcklin, de Bâle, vit depuis plusieurs années en Italie. Il habite actuellement Florence.
Bcecklin a une place personnelle, indépendante, non seulement parmi nos artistes, mais dans
l'art universel. Il traduit merveilleusement, avec une exécution d'un art parfait, les caractères
individuels, dans une langue très poétique. On ne voit dans ses tableaux ni habileté de facture,
ni artifices d'aucune sorte. Tout disparaît pour faire place à la production exacte de l'effet voulu.
Son esprit est hanté par de grandes visions auxquelles l'art donne un corps, pour les rendre
perceptibles aux yeux de tous. Il sort de la nature, sans cesser d'être naturel. Certains détails
considérés isolément, peuvent paraître maniérés, mais en regardant l'ensemble, on est étonné de
l'unité qu'on y trouve. La méthode, très simple, témoigne d'une grande sûreté de main. La
couleur, d'abord savamment ménagée, ne s'empâte que progressivement dans les parties lumi-
neuses. Ce procédé lui permet d'arriver à l'expression très fine du sentiment.
Bcecklin peint quelquefois la nature en tumulte; la galerie Schack, à Munich, possède
plusieurs tableaux de ce genre, où s'exprime, plus clairement que partout ailleurs, la tournure
particulière à cet artiste. Il s'attache moins à rendre la lutte des éléments qu'à étudier les com-
bats de la lumière et de l'ombre et les merveilleux contrastes de couleur qui en résultent. 11 est
difficile de trouver chez un autre peintre des effets aussi étonnants que ceux qu'il réalise. Aussi
ces tableaux sont-ils rangés à bon droit parmi les meilleures œuvres du maître. Voici quelques-
la nature.
Diethelm-Meyer, d'Aarau, Grob, de Zurich, et Tobler, d'Appenzell, se distinguent parmi les
peintres de genre. Grob est un naturaliste à l'expression un peu rude. Meyer est fin et senti-
mental. Tous deux affectionnent les sujets tirés de notre vie alpestre. Les tableaux de Meyer ne
vous frappent pas au premier abord, mais vous plaisent de plus en plus, à mesure que vous les
regardez davantage. Les sujets si vrais, si pleins de sentiment et parfois si sérieux de Grob ne
manquent jamais d'un certain humour. 11 y a peu de temps, il a abordé la composition histo-
rique clans son tableau la Bataille de Sempach. Sans doute, cette toile a des défauts ; elle
n'en constitue pas moins un des meilleurs et des plus grandioses de nos tableaux de l'histoire
nationale suisse. Il est difficile de mieux exprimer la vie, l'animation, le mouvement et la puis-
sance que le sujet comporte et que le peintre a admirablement rendus. Grob a suivi, dans sa
peinture d'histoire, le courant général qui porte les artistes modernes, contrairement aux idéa-
listes d'autrefois, à multiplier les épisodes, à suppléer par le fini réaliste des détails à la diminu-
tion de puissance de l'idée générale. Nous ne discuterons pas ici la valeur réelle ou imaginaire
de cette tendance : il est certain que le réalisme moderne contient, du moins dans son apparence
actuelle, les germes d'une renaissance future de la grande peinture historique.
Un tableau d'histoire excellent par le plan général autant que par l'exécution, est celui qu'a
exposé Tobler, il y a quelques années, la Première Discussion de Zwingli, à Zurich. L'Asso-
ciation artistique d'Aarau en fit l'acquisition pour le musée. Cependant, nous persisterons à
compter Tobler parmi nos peintres de genre, puisque c'est dans cette spécialité qu'il s'est
distingué jusqu'à présent, tout spécialement par de petits tableaux dont les sujets appartiennent
en grande majorité au xvi0 siècle, et qui montrent autant d'art véritable que d'étude
sérieuse.
Barzaghi est le représentant le plus remarquable des tendances italiennes à notre exposition.
Antonio Barzaghi Cattaneo est de Lugano, mais il habite Milan depuis de longues années. Sa
couleur est très riche, surtout celle de ses tètes féminines, qui mettent bien en relief le caractère
spécial de son talent.
On lui a reproché de donner des titres historiques à de simples scènes d'intérieur. Ces titres
promettent de grandes idées, que nous cherchons en vain dans ses tableaux, qui sont d'ailleurs
charmants, si on les regarde comme de simples peintures de genre. A notre époque, où l'effet
destiné à frapper n'est produit le plus souvent que par des tons lourds et sales, le peintre qui,
comme Barzaghi, n'emploie que les tons chauds et dorés, les couleurs simples, mérite notre
admiration, surtout lorsqu'il sait rester calme, sans jamais tomber dans le criard.
Bœcklin, de Bâle, vit depuis plusieurs années en Italie. Il habite actuellement Florence.
Bcecklin a une place personnelle, indépendante, non seulement parmi nos artistes, mais dans
l'art universel. Il traduit merveilleusement, avec une exécution d'un art parfait, les caractères
individuels, dans une langue très poétique. On ne voit dans ses tableaux ni habileté de facture,
ni artifices d'aucune sorte. Tout disparaît pour faire place à la production exacte de l'effet voulu.
Son esprit est hanté par de grandes visions auxquelles l'art donne un corps, pour les rendre
perceptibles aux yeux de tous. Il sort de la nature, sans cesser d'être naturel. Certains détails
considérés isolément, peuvent paraître maniérés, mais en regardant l'ensemble, on est étonné de
l'unité qu'on y trouve. La méthode, très simple, témoigne d'une grande sûreté de main. La
couleur, d'abord savamment ménagée, ne s'empâte que progressivement dans les parties lumi-
neuses. Ce procédé lui permet d'arriver à l'expression très fine du sentiment.
Bcecklin peint quelquefois la nature en tumulte; la galerie Schack, à Munich, possède
plusieurs tableaux de ce genre, où s'exprime, plus clairement que partout ailleurs, la tournure
particulière à cet artiste. Il s'attache moins à rendre la lutte des éléments qu'à étudier les com-
bats de la lumière et de l'ombre et les merveilleux contrastes de couleur qui en résultent. 11 est
difficile de trouver chez un autre peintre des effets aussi étonnants que ceux qu'il réalise. Aussi
ces tableaux sont-ils rangés à bon droit parmi les meilleures œuvres du maître. Voici quelques-