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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Schoy, Auguste: Rubens, [3]: architecte et décorateur son influence sur l'art aux Pays-Bas
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0208

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i96 L'ART.

Il fut longtemps de tradition à Anvers d'attribuer à Rubens les plans de l'habitation de son
ami le bourgmestre Nicolas Rockox. Cette ordonnance, en effet, est essentiellement « rubénienne ».
Le précédent hôtel Rockox, qui occupait tout le coin des rues de l'Amman et de l'Empereur,
s'étendait jusqu'au-delà de la chapelle des Foulons (Droogscheerderskapel). Ce devait être une
de ces grandes demeures gothiques, pareilles à celles du bourgmestre Arnold Van Liere qui
hébergea Albert Durer, et son ordonnance était de celles que condamnait Rubens.

La maison n° 9, rue de l'Empereur, fut élevée, d'après le millésime de la façade, en 1647;
une pierre de la cour porte la date de l'achèvement: 1649; or Rubens était mort en 1640 et son
ami le chevalier Rockox six mois après. Bien plus, les armoiries des écoinçons du patio ou cortile
de la cour sont celles de Messire Wauthier Bosschart qui le fit élever; elle appartient de nos
jours à la famille Pauwels.

Nous trouvons plus spécialement la manière personnelle de Rubens dans l'ordonnance du
majestueux portique de la grande habitation portant les nos 17-19, rue Kipdorp, non loin de
l'hôtel Rockox. D'ordre ionique « michelangesque », il offre une arcade à bossages avec clef
de voûte rattachée à une table d'architecture à corniche volutée. L'architrave porte au-dessus
des chapiteaux les plantureuses consoles campanulées que le maître affectionnait, soutenant un
balcon ouvert à balustre, motif italien qui détrôna peu à peu à Anvers les bretèques gothiques.
Une fenêtre à gaines du même type que l'ordre inférieur, timbrée des ajustements aux saillies
accusées, familières à Rubens, complète cette pittoresque entrée de demeure patricienne. Outre
l'argument tiré du style, il y a cette fois concordance de date avec le temps où vivait l'architecte.
On sait, en effet, que cet hôtel fut construit par Messire Jean-Baptiste Batkin, trésorier de la
ville d'Anvers, et que la famille Batkin occupa cette vaste habitation durant un siècle entier
(1620-1720). J. B. Batkin mourut en 16^8 et fut enterré en l'église Saint-Jacques, où l'on voit
encore sa pierre tumulaire.

Au reste, il n'y a de controversé dans l'œuvre architecturale et décorative de Rubens que
l'attribution de quelques travaux accessoires qui, en définitive, restent acquis à l'influence de ses
prédilections.

Rubens compta deux architectes de profession, admis à fréquenter son atelier : Jacques
Francquart, né la même année que lui, et son égal dans la faveur de l'Infante Isabelle, et
Lucas Faid'Herbe, le disciple de sa vieillesse. Francquart fut à la fois architecte et peintre,
Faid'Herbe, architecte et sculpteur. Nous avons déjà fait connaître l'influence immense qu'exerça
Rubens sur l'art statuaire de son époque; il professait en connaissance de cause, si l'on veut se
souvenir qu'à son passage à Gênes il modela un buste du marquis de Spinola, qui fit l'admiration
des connaisseurs.

On attribua longtemps à Rubens l'ordonnance de la charmante façade, naguère démolie, à
Bruxelles, du couvent de Jéricho ; elle nous semble plutôt appartenir à Francquart, auquel de
nouvelles découvertes dans nos archives ont restitué naguère l'ordonnance du temple des
Augustins à Bruxelles ; on croyait depuis deux siècles que Wenceslas Cobergher, le rival haineux
de Rubens, en avait été l'architecte.

Jacques Francquart (15:77-6 janvier 165:1) publia aux Pays-Bas le premier livre d'architecture
de style loyolite. Il est surtout important par sa date, 21 novembre 1616, six ans avant les
Palais de Gênes. Il précise par un millésime l'avènement définitif et désiré de la rénovation
artistique qui s'épanouira pendant un siècle entier. Portœ sunt, aditum struo. « Ce sont des
portes », dit-il, faisant allusion à la spécialité des planches de son ouvrage, « j'ouvre par elles
le chemin ». Avait-il eu communication des projets de publication de Rubens? « S'il est bien
reçu, je ferai les autres volumes plus amples. » Francquart en resta à ce premier spécimen ;
quand il bâtit l'église des Augustins de Bruxelles, le style loyolite triomphait définitivement.

Architecte de la Cour, Francquart fut chargé, en 1622, de dessiner le char funèbre des
obsèques de l'archiduc Albert ; en 1634, il ordonna le Rogus de la chapelle ardente d'Isabelle.
On devine l'influence rubénesque dans la coupe heureuse du corps de ce « chariot » funèbre, et
une sorte d'avant-goût du splendide char de triomphe promené dans les rues d'Anvers en 163f et
 
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