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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Ménard, René: Histoire artistique du métal, [9]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0310

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Les émaux sont colorés en partie sur paillons. Les carnations sont
modelées par des hachures enlevées sur une préparation bleue et
glacées de bistre dans les ombres. Le musée possède aussi
plusieurs plaques représentant des sujets mythologiques, comme
Neptune et Doride, d'après une composition du Rosso, Vénus et
l'Amour, où l'on a cru longtemps reconnaître une image de
Diane de Poitiers, qui serait également représentée, mais à côté
de Henri II, dans une jolie plaque représentant un seigneur en
costume du xvi° siècle, monté sur un cheval blanc et tenant une
femme en croupe. Enfin nous avons d'admirables portraits, entre
autres ceux d'Anne de Montmorency, de François de Lorraine,
duc de Guise, de Henri II, de François II, de Catherine de
Médicis, etc.

L'histoire des émaux peints était figurée d'une manière bien
complète dans l'exposition rétrospective du Trocadéro. Les beaux
portraits de Léonard Limosin qui font partie de la collection de
M. le baron Gustave de Rothschild peuvent être comptés parmi
les chefs d'œuvre du maître. Ces portraits, comme tous ceux de
Léonard, sont exécutés sur apprêt ; les traits du visage sont
dessinés au pinceau et quelquefois modelés par. le moyen des
hachures.

Pierre Raymond prend place peu après Léonard Limosin, j
parmi les peintres émailleurs de Limoges. C'est un dessinateur
correct, parfois un peu sec et dont les ouvrages présentent quel-
quefois plus de précision dans la forme que de charme dans
l'aspect.

Pierre Raymond a été le plus fécond des émailleurs. Parmi
les pièces capitales de ce maître il faut signaler au musée du
Louvre plusieurs pièces représentant des scènes de l'Ancien et du
Nouveau Testament, et des sujets tirés de la mythologie. Parmi
les musées étrangers, les plus riches en ouvrages de Pierre Ray-
mond, sont le South Kansington Muséum de Londres, et le
Musée national bavarois de Munich. Nos grandes collections
particulières en possèdent aussi quelques-uns ; les plus impor-
tants d'entre eux ont figuré à l'exposition du Trocadéro en 1878 ;
nous rappellerons un grand plat exposé par M. le baron Gustave
de Rothschild, et décoré de sujets tirés de la Genèse et peints en
grisaille sur fond noir, ainsi que la jolie aiguière provenant de
la même collection.

Un hanap appartenant à M. le baron Alphonse de Rothschild
et dû aussi à Pierre Raymond représente le dieu Mars avec des
amours. Il est d'une forme extrêmement élégante, et le sujet
principal qui décore la panse est séparé par un gros cordon de
lauriers des deux frises supérieure et inférieure.

Dessinateur moins correct et d'un goût moins pur que ses
devanciers, Jean Courtois se préoccupe surtout de la couleur. Il
n'a pourtant pas le charme et la suavité des maîtres qui l'ont
précédé, quoique les teintes de ses émaux soient les plus scintil-
lantes. Comme la plupart des émailleurs de Limoges, il est assez
peu inventif, et son œuvre est presque toujours la reproduction
d'un tableau ou d'une gravure célèbre, dont il modifie quelque
peu la disposition, mais dont il transforme complètement la
couleur, suivant les nécessités de la peinture en émail. Le Parnasse,
d'après Raphaël, qui a figuré à l'exposition rétrospective du
Trocadéro en 1878, est un des principaux ouvrages de cet émail-
leur. On voyait à la même exposition une grande phftjue repré-
sentant Minerve, mère de tous les arts. Ces deux ouvrages, qui
font partie de la collection de M. lé baron Gustave de Roths-
child, se rattachent à la plus brillante époque de Jean Courtois,
un des derniers émailleurs de Limoges qui aient mérité le titre
de maîtres.

Les émaux de Petitot qui obtinrent un si légitime succès au
xvn" siècle ne se rattachent en aucune façon à l'école de Limoges,
qui à ce moment ne vivait déjà plus que par le souvenir. Ce sont
d'exquises miniatures, mais comme le métal ne joue aucun rôle
dans leur exécution, il n'y a pas lieu de s'y arrêter ici. L'émail,
tel que l'ont compris les orfèvres et les bijoutiers, a pour ainsi
dire cessé d'exister pendant le xvm0 siècle et pendant la première

partie du xixe. Il était réservé à la période contemporaine de
nous faire assister à cette résurrection dont l'honneur revient
surtout à MM. Christofle et Falize. Seulement les recherches de
M. Christofle le poussaient naturellement davantage du côté des
pièces d'orfèvrerie, tandis que M. Falize a surtout appliqué l'émail
à la bijouterie. C'est en partie la nécessité de réparer des pièces
anciennes, qui a fait renaître cette industrie depuis longtemps
abandonnée dans nos ateliers, et notre goût immodéré du bric-
à-brac a été pour beaucoup dans les efforts qui ont été tentés
dans ces dernières années. Mais c'est moins la cause que le
résultat que nous devons examiner ici.

C'est en 18C8 que M. Falize a réussi sa première pièce
d'émail cloisonné ; des essais du même genre avaient été tentés
l'année d'avant sur de grandes pièces par M. Christofle. C'est
dans les albums japonais que M. Falize a puisé les éléments de
l'ornementation, en même temps qu'il empruntait aux Chinois
les principes de couleurs pour les émaux. La plus grande difficulté
semblait être de pouvoir réduire aux proportions d'un bijou ce
travail, déjà si délicat, lorsqu'on l'applique à de plus vastes
surfaces. Il fut aidé dans ses recherches par son coopérateur,
M. Tard, qui est aujourd'hui un de nos émailleurs les plus
distingués. C'est à leurs efforts qu'on doit de posséder aujourd'hui
cette palette d'émaux aux tons rompus, mats et vibrants tout
ensemble, dont chaque couleur est classée et numérotée et qui
rend tant de services aux émailleurs.

Après l'émail cloisonné, à tons mats, à la surface lapidée,
aux cloisons soudées, il fallait chercher autre chose. Charles
Lepec avait essayé d'employer le système du cloisonnage avec
des couleurs transparentes posées sur paillons, et il en était
encore à ses premières tentatives quand la guerre arriva. Falize
profita de ces essais pour fondre les procédés de Lepec avec
les siens, et bientôt, renonçant à souder les cloisons pour
maintenir sur l'émail le reflet vif des paillons, il mêla les émaux
opaques et les émaux transparents, chargeant ceux-ci en gouttes
et creusant les autres en alvéoles. Ce procédé bien simple con-
stituait cependant une véritable innovation, puisqu'on n'en trouve
d'exemple dans aucune pièce connue. Un très habile émailleur,
M. Pye, qui fut longtemps collaborateur de Falize, a poussé ce
genre à une perfection qui dépasse tout ce qu'on a fait jusqu'à
ce jour. Les dessins indiens et persans occupent une place
importante dans cette fabrication, mais ne l'absorbent pas
complètement ; en effet, outre ses bijoux de style oriental, la
maison Falize montre une prédilection marquée pour le moyen
âge et surtout pour la Renaissance. Les jolies miniatures des
missels sont pour ses dessinateurs une source intarissable d'ins-
pirations ; les entrelacs saxons, les animaux fantastiques des
Scandinaves, les jolis feuillages multicolores du xve siècle, sont
tour à tour étudiés, rajeunis, transformés, et servent à la déco-
ration des colliers, des boucles d'oreilles, des bagues, des broches,
des bracelets, des bonbonnières, des flacons, etc.

Le plus grand défaut qu'on reproche à ce genre de bijoux
c'est le prix très élevé auquel il monte assez souvent, et qui
s'explique d'ailleurs par ce fait qu'il ne comporte aucun
procédé mécanique. Il y a tel bracelet, dont le cloisonné a
réclamé deux mois de travail assidu. Il est bon d'ajouter du
reste que l'émail cloisonné possède une force et une solidité qui
défient tous les champlevés du monde.

Maintenant que nous avons vu quelle est la part de
M. Falize, nous le laisserons apprécier lui-même les procédés
employés par M. Christofle pour cette fabrication. « Parions,
dit-il, de ces procédés d'émail et de patine que j'ai cités déjà et
qui ont puissamment aidé la maison à se transformer. Deux
précieux auxiliaires étaient trouvés : l'un, M. Tard, émailleur
habile et indépendant; l'autre, M. Guignard, un des employés
les plus anciens de l'usine, rompu à toutes les ressources du
métal, initié à tous les mystères chimiques de la cuve, aux magies
de la pile, et qui suivait d'un oeil patient les dégradations des
tons métalliques sous l'action des réactifs et du feu.
 
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