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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 1)

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Ménard, René: Histoire artistique du métal, [9]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0315

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HISTOIRE

ARTISTIQUE DU

MÉTAL.

A la rencontre de"ces deux pièces, on'en ajouta une troisième
pour boucher le vide entre la calotte et la bavière; celle-ci,
mobile autour d'un rivet, se levait, s'abaissait à volonté'; ce fut
[a visière où on perça des vues. Enfin, à la base de ce casque, on
attacha un système circulaire de. pièces articule'es, dessinant une
cravate et un commencement de justaucorps; ce fut le gorgerin,
qui tint la place du camail de mailles. »

L'Allemagne a produit, au xvi° siècle, de très beaux casques
en !fer repoussé et doré, avec des visières formées de masques
grimaçants ou de têtes d'animaux. Les enroulements, souvent un
peu massifs, de l'ornementation donnent à ces casques un aspect
puissant et robuste, bien éloigné assurément des délicatesses de
l'art italien, mais qui marque franchement sa date et sa natio-
nalité.

Tantôt les figures qui décorent ces beaux casques sont
dorées, tandis que le fond conserve la teinte assombrie du fer;
tantôt ce sont les personnages qui gardent l'apparence du fer et
le fond au contraire est doré.

Les artistes milanais du xvi° siècle ont fait d'admirables
armures de parade. Leurs casques de tournois, tout damas-
quinés d'or et d'argent, sont souvent décorés d'armes de tout
genre, glaives, lances, flèches, carquois, massues, boucliers, ron-
daches, etc., qui, mêlés parmi des palmes et des nœuds, pro-
duisent les effets les plus pittoresques et les plus imprévus.

« Les casques, envisagés au point de vue de l'art, dit Albert
Jacquemart, ne remontent guère au-delà du xvi" siècle; on peut
bien trouver quelques armets de guerre élégants et curieux avec
leur mézail en pointe, leur crête à torsade; mais c'est plus parti-
culièrement parmi les bourguignottes et les morions que se mon-
trent les vrais objets d'art. La bourguignotte, casque léger sans
mézail, au timbre arrondi surmonté d'une crête, à petite visière,
couvre-nuque et oreillettes, se prête aux plus belles conceptions
ornementales; couverte de rinceaux, relevée de figures, elle se
surélève souvent au moyen de représentations fantastiques
comme la chimère ailée sculptée sur le casque de François Ier.
Quelquefois, le timbre lui-même affecte la forme d'une tête de
lion ou de dragon; même celle d'un homme couronné de lau-
riers; dans quelques spécimens, l'ornementation régulière réserve
de grands médaillons où surgissent en bas-relief des sujets reli-
gieux, mythologiques ou guerriers. Le relief ressort le plus sou-
vent sur fond doré, et il se combine parfois avec les richesses de
la damasquinure. Le morion, moins antique de forme, avec son
timbre élevé, sa crête saillante, son bord rabattu sur les côtés et
relevé devant et derrière en forme de bateau, offrait une défense
moins complète; il est souvent d'un galbe plein d'élégance. C'est
sous cette forme qu'apparaît le casque d'or de Charles IX. Avec
la bourguignotte, il est l'ornement naturel des trophées. »

Le lion de saint Marc apparaît dans la décoration de quelques
morions vénitiens. Dans un morion du xvie siècle, qui fait partie
du Musée impérial des armures, à Vienne, ce lion occupe un
médaillon placé au centre du cimier et entouré de figures allé-
goriques : le corps même du casque est simplement recouvert
d'arabesques.

La Bible manuscrite de Charles le Chauve montre que le
costume militaire de cette époque (85o) était encore, à quelques
modifications près, celui des soldats romains de la dernière
période de l'empire d'Occident. Mais la tapisserie de Bayeux,
exécutée peu de temps après la conquête de l'Angleterre par
Guillaume le Conquérant, prouve que, dès le ixe siècle, l'équipe-
ment de l'homme de guerre s'était complètement modifié. Ce
qui va dominer jusqu'au xnic siècle, c'est la cotte de mailles,
c'est-à-dire une tunique faite de peau ou de toile, sur laquelle
se cousaient des plaques de métal ou des anneaux de fer dis-
posés les uns à côté des autres, de manière à se recouvrir en
partie. Un capuchon, composé à peu près de la même manière,
préservait Ja tête et le cou en retombant sur les épaules, et un
système analogue fut également appliqué aux jambes. De véri-r
tables mailles serrées se substituèrent peu à peu aux anneaux

des premiers temps, auxquels on trouvait l'inconvénient de
laisser trop d'espace exposé aux coups de l'ennemi.

Ce genre d'armement arriva à son apogée-à l'époque de la
bataille de Bouvines (1214). Seulement-comme à cette époque
les armes défensives devinrent beaucoup plus- pesantes, la-
cotte, de mailles, qui garantissait assez bien de la pointe, ne
préservait nullement de la violence du choc. On voulut tenter,
d'y parer à l'aide de coussins rembourrés, de doublures mate-
lassées qu'on plaçait sous la cotte de mailles, mais la chaleur qui
en résultait pour l'homme d'armes était littéralement insuppor-
table. On reconnut bientôt que de choc qu'on fait subir à une
plaque métallique est réparti sur sa superficie, et les armures !
formées de plaques furent jugées préférables aux anneaux et aux
mailles de fer. La cotte de mailles se raccourcit beaucoup dès le
commencement du xiv° siècle; quand on arrive au xv«, elle a
complètement disparu, et l'armure couvre du haut en bas
l'homme d'armes qu'elle est chargée de protéger.

Au xve siècle l'armure est complète ; voici quelles sont les
pièces qui la composent :

i° La cuirasse, en deux pièces formant boite ;■

20 Les épaulières, qui relient le brassard à la-cuirasse ,;

3° Les bras ou brassards ;

40 Les coudières avec les gardes, qui couvrent la saignée ;
5° Les avant-bras;

6° Les faudes avec leurs gardes, c'est-à-dire les pièces tom-
bantes ;

7° Le haubergeon sous la cuirasse et qui paraît sur lé bas-
ventre ainsi que le post-fergum;
8° Les cuissots ou cuissards ;
9° Les genouillères ;

io° Les grevières, destinées à garantir les jambes ;
110 Les souliers ou solerets en lames articulées ;
i2° Le gantelet, composé de lames de fer cousues sur un
gant de buffle.

C'est donc un total de douze pièces qui composait l'armure
sous Charles VII; il est bon de noter que le gantelet était alors
d'invention récente. La main était restée jusque-là sans autre
abri que le gant de peau.

L'ornementation allemande est souvent un peu lourde : ainsi
les célèbres armures qu'on fabriquait à Nuremberg pendant les
xv" et xvr siècles font quelquefois bon effet dans nos collections,
par la conscience et la bonhomie d'exécution qui caractérisent les
artistes de ce pays, mais il ne faut pas, quand on veut les appré-
cier, les regarder à côté des armures italiennes de la même
époque, car celles-ci ont une délicatesse et une élégance que
l'Allemagne n'a jamais connues. Le caractère1 un peu massif des
armures allemandes est, d'ailleurs, assez bien en rapport avec
les habitudes et le tempérament de ceux qui les portaient.

L'armure de Henri II, entièrement exécutée par des artistes
français, est considérée comme un des chefs-d'œuvre de cette
industrie sous la Renaissance. Elle est de fer poli et couverte de
petites compositions en bas-relief travaillées au repoussé. Les
sujets sont tirés de l'histoire du grand Pompée, et les armuriers
paraissent avoir suivi à la lettre le récit de Lucain.

Outre cette armure qui est complète, le Musée possède un
admirable bouclier, ayant également appartenu à Henri II et sur
lequelsont représentées l'attaque et la défense de la ville de Boni-
facio, en Corse. Le casque de Henri II est de ceux qu'on
désignait au xvie siècle sous le nom de bourguignotte ; il porte
une crête, une avance sur le front et deux oreillettes, mais il
laisse le visage à découvert.

« Il est de fer, dit Barbey de Jouy, repoussé, ciselé, noirci,
doré, damasquiné d'or, de travail italien. Une figure de l'Amour
est placée sur la partie culminante, en avant de la crête; deux
petits génies de la Victoire sont groupés sur le devant du timbre;
l'un d'eux porte le chiffre de Henri II -et l'autre le croissant, qui
était son emblème; une couronne se voit au-dessus, soutenue
par Mars et Bellone. Deux belles figures de Victoires décorent
 
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