DOI Artikel:
Weber, Christian von: L' art a Sienne, [2]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18877#0333
L'ART A SIENNE'
LA SCULPTURE ET LES ARTS DÉCORATIFS
(suite et fin)
iLiJi it'ffl»*£n—armi tous ces ar-
^^p^^p//®'^^^^»sD' tistes de Sienne et
au-dessus d'eux,
; nous trouvons, dès
le commencement, une de ces appari-
tions tout à fait hors ligne, un génie
qui devança d'un siècle au moins son
époque, Niccola Pisano, ce maître
admirable qui, plus de cent ans avant
la Renaissance, en avait pénétré l'es-
prit et le sentiment.
Comment pourrait-on songer sans
émotion à cet esprit puissant qui,
tout seul, incompris de son entourage,
£>i;, ~ tint son regard fixé à travers les
siècles sur un monde de beauté su-
^^^^P^^TTÎ^f^S^r^^o blime, dont les œuvres oubliées étaient
iàj^^j^C \ o^yT enfouies sous les décombres des ruines
$|wl»2 amassées par les barbares ! Les per-
^^^^^p>3 sonnages glorieux de ce monde enchanté, les dieux
s ^^r^ et 'es héros de l'antiquité lui parlent dans leur lan-
gage, langage que personne, hors lui, ne sait ni
entendre ni comprendre. Au milieu de ces temps sombres, remplis
d'une foi farouche, d'une piété barbare, il se met à l'œuvre;
Jupiter, Apollon, Vénus, les Muses, secouent le sommeil de leurs
paupières et s'apprêtent à reprendre possession de leur sol natal,
à paraître même dans les églises de ce terrible Dieu des chrétiens
qui jadis avait renversé leurs temples et brisé leurs autels.
On ne sait presque rien de la jeunesse de cet homme si
remarquable, ni quels furent ses maîtres. Vasari nous dit seule-
ment qu'il prit pour modèles les sarcophages antiques que les
Pisans avaient rapportés d'Amalfi, de Sicile, etc., que l'étude
consciencieuse qu'il en fit lui donna un goût, une sûreté et une
élégance de travail qui lui acquirent en peu de temps la renommée
la plus glorieuse dans toute l'Italie, et le renom de restaurateur
des beaux-arts en ce pays.
Les Siennois le considèrent comme leur appartenant pour
deux raisons, d'abord par le droit de naissance (les archives de la ville parlent d'un
« magistro Nicola Pétri », natif d'Apulie, son père, qui vécut à Sienne), ensuite parce
i. Voir l'Art, 7e année, tome Ier, page 279.
Lettre tirée d'un des Corail de Ut sacristie
du Dôme de Sienne.
Miniature de Ansano di Pictro (xiv° siècle
Dessin de Mtle Marie Weber.
LA SCULPTURE ET LES ARTS DÉCORATIFS
(suite et fin)
iLiJi it'ffl»*£n—armi tous ces ar-
^^p^^p//®'^^^^»sD' tistes de Sienne et
au-dessus d'eux,
; nous trouvons, dès
le commencement, une de ces appari-
tions tout à fait hors ligne, un génie
qui devança d'un siècle au moins son
époque, Niccola Pisano, ce maître
admirable qui, plus de cent ans avant
la Renaissance, en avait pénétré l'es-
prit et le sentiment.
Comment pourrait-on songer sans
émotion à cet esprit puissant qui,
tout seul, incompris de son entourage,
£>i;, ~ tint son regard fixé à travers les
siècles sur un monde de beauté su-
^^^^P^^TTÎ^f^S^r^^o blime, dont les œuvres oubliées étaient
iàj^^j^C \ o^yT enfouies sous les décombres des ruines
$|wl»2 amassées par les barbares ! Les per-
^^^^^p>3 sonnages glorieux de ce monde enchanté, les dieux
s ^^r^ et 'es héros de l'antiquité lui parlent dans leur lan-
gage, langage que personne, hors lui, ne sait ni
entendre ni comprendre. Au milieu de ces temps sombres, remplis
d'une foi farouche, d'une piété barbare, il se met à l'œuvre;
Jupiter, Apollon, Vénus, les Muses, secouent le sommeil de leurs
paupières et s'apprêtent à reprendre possession de leur sol natal,
à paraître même dans les églises de ce terrible Dieu des chrétiens
qui jadis avait renversé leurs temples et brisé leurs autels.
On ne sait presque rien de la jeunesse de cet homme si
remarquable, ni quels furent ses maîtres. Vasari nous dit seule-
ment qu'il prit pour modèles les sarcophages antiques que les
Pisans avaient rapportés d'Amalfi, de Sicile, etc., que l'étude
consciencieuse qu'il en fit lui donna un goût, une sûreté et une
élégance de travail qui lui acquirent en peu de temps la renommée
la plus glorieuse dans toute l'Italie, et le renom de restaurateur
des beaux-arts en ce pays.
Les Siennois le considèrent comme leur appartenant pour
deux raisons, d'abord par le droit de naissance (les archives de la ville parlent d'un
« magistro Nicola Pétri », natif d'Apulie, son père, qui vécut à Sienne), ensuite parce
i. Voir l'Art, 7e année, tome Ier, page 279.
Lettre tirée d'un des Corail de Ut sacristie
du Dôme de Sienne.
Miniature de Ansano di Pictro (xiv° siècle
Dessin de Mtle Marie Weber.