DOI Artikel:
Carr, J. Comyns: Les Dessins de William Blake
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0009
L'ART
LES DESSINS
de
WILLIAM BLAKE
(fin'.)
on sieur Swinburne, un poëte chez lequel la faculté poétique s'unit à
la plus fine critique, nous a donné, dans son Essai sur William Blake,
un passage qui décrit avec éloquence et vérité un des plus remarquables
aspects du génie de l'artiste. En parlant du mélange de l'élément spirituel
avec la forme tangible, mélange que Ton retrouve si constamment dans
les œuvres de Blake, il dit : « Pour lui, le voile des choses extérieures
semblait toujours être agité par quelque haleine cachée, ou parfois vio-
lemment entr'ouvert par. des éclairs soudains. Tout le vide de la terre
et de l'air lui semblait.-palpiter au passage d'ailes sensibles et frémir
sous la pression de pieds animés. Les fleurs et les herbes, les étoiles et les pierres parlaient avec
des lèvres réelles, et regardaient avec des yeux vivants. Des mains, qui sortaient des ombres de
la nature matérielle, se tendaient vers lui pour prendre ou soutenir, pour guider ou entraver. Les
faits les plus réels pour lui étaient les plus vagues allégories des autres hommes. Pour lui, toutes les
choses symboliques étaient littérales, et toutes les choses littérales symboliques. Sur son chemin et à
son chevet, à ses oreilles et sous ses yeux, une vie spirituelle infinie se mouvait, se pressait,
brillait et chantait. Des esprits emprisonnés sous la croûte de la terre le consolaient ou le
menaçaient. Chaque feuille portait une moisson d'anges, et le pouls de chaque minute résonnait
comme le pas de Dieu. Sous l'humide vêtement des herbes, dans le léger duvet qui quitte la plante
et se confie au vent, d'étranges visages grimaçaient et des cheveux blancs flottaient. Tentateurs et
i. Tome ii, pages 169 et 265.
Tome III. 1
«
LES DESSINS
de
WILLIAM BLAKE
(fin'.)
on sieur Swinburne, un poëte chez lequel la faculté poétique s'unit à
la plus fine critique, nous a donné, dans son Essai sur William Blake,
un passage qui décrit avec éloquence et vérité un des plus remarquables
aspects du génie de l'artiste. En parlant du mélange de l'élément spirituel
avec la forme tangible, mélange que Ton retrouve si constamment dans
les œuvres de Blake, il dit : « Pour lui, le voile des choses extérieures
semblait toujours être agité par quelque haleine cachée, ou parfois vio-
lemment entr'ouvert par. des éclairs soudains. Tout le vide de la terre
et de l'air lui semblait.-palpiter au passage d'ailes sensibles et frémir
sous la pression de pieds animés. Les fleurs et les herbes, les étoiles et les pierres parlaient avec
des lèvres réelles, et regardaient avec des yeux vivants. Des mains, qui sortaient des ombres de
la nature matérielle, se tendaient vers lui pour prendre ou soutenir, pour guider ou entraver. Les
faits les plus réels pour lui étaient les plus vagues allégories des autres hommes. Pour lui, toutes les
choses symboliques étaient littérales, et toutes les choses littérales symboliques. Sur son chemin et à
son chevet, à ses oreilles et sous ses yeux, une vie spirituelle infinie se mouvait, se pressait,
brillait et chantait. Des esprits emprisonnés sous la croûte de la terre le consolaient ou le
menaçaient. Chaque feuille portait une moisson d'anges, et le pouls de chaque minute résonnait
comme le pas de Dieu. Sous l'humide vêtement des herbes, dans le léger duvet qui quitte la plante
et se confie au vent, d'étranges visages grimaçaient et des cheveux blancs flottaient. Tentateurs et
i. Tome ii, pages 169 et 265.
Tome III. 1
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