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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Tardieu, Charles: Exposition générale des Beaux-Arts à Bruxelles, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0144

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EXPOSITION GÉNÉRALE

des

BEAUX-ARTS A BRUXELLES

(SUITE1.)

e qui fait le principal intérêt, le grand attrait de l'exposition des
artistes belges, au Salon de Bruxelles, cette année comme en 1872,
c'est la jeunesse. La séve artistique de l'école belge, petite-fille de
l'école flamande, qui occupe une place si glorieuse dans l'histoire
de l'art, est loin d'être épuisée ; elle se renouvelle au contraire sans
cesse. Il n'est guère d'exposition qui ne mette en lumière des noms
ignorés ou ne fasse briller d'un éclat nouveau des noms déjà connus.
Ces alluvions constantes de talents jeunes, ce renouvellement conti-
nuel de l'école, dédommagent amplement des regrets qu'inspirent
certaines abstentions et certaines décadences. Plus d'un Achille est
resté sous sa tente; orgueil ou dédain chez celui-ci, sans parler d'un peu de colère; insouciance chez
celui-là ; pour tel autre, cette retraite n'est qu'une éclipse volontaire qui prépare quelque foudroyante
réapparition ; tel autre encore est dominé et paralysé par la crainte de compromettre une réputation
toute faite et quelquefois surfaite. Il y a les talents qui déclinent et qui ne s'en doutent pas; et, il faut
bien le dire, à coté des vétérans qui du moins ont un passé, s'ils n'ont plus d'avenir, on compte plus
d'un conscrit qui, après avoir donné des espérances, ne donne plus que des inquiétudes. Mais il y a les
talents qui se maintiennent, ceux qui progressent ou se transforment, et, chose curieuse, le souffle de
jeunesse qui circule à travers les rangs de l'école belge semble avoir eu assez de puissance magnétique
et de vertu curative pour ranimer jusqu'à des talents qu'on croyait morts ou du moins bien malades.

Au Salon de 1872, on avait constaté une sorte de réveil et de rajeunissement de la peinture histo-
rique. Le tableau de M. Emile Wauters, la Folie de Hugo van der Goes, dont l'Art vient de donner une
idée à ses lecteurs en publiant l'eau-forte de M. L. Monziés, avait fait une sensation d'autant plus vive
que le peintre en était encore à ses débuts. Cette année, la peinture d'histoire passe à l'arrière-plan.
Pas de coup d'essai qui vaille un coup de maître. Les redites abondent, les bons morceaux sont rares,
le réchauffé envahit tout, et si le jury des récompenses a décerné une médaille à M. Louis Joseph
Lebrun, pour son tableau Jacques Van Artevelde et les Corporations des métiers de Gand, c'est moins
pour signaler une œuvre que pour encourager un élève laborieux; c'est principalement, sans doute,
pour ne pas renoncer à une douce habitude, pour ne pas rompre la tradition ; car ce tableau, — dont
le véritable héros n'est pas, comme on pourrait le croire, le célèbre communier gantois, mais bien plutôt
certain chien qui fait partie du groupe des corporations, un brave chien du xive siècle, plein de poésie,
de sentiment, d'expression et de couleur locale, — ce tableau est aussi médiocrement composé que
lourdement dessiné, et ce qu'on peut en dire de plus flatteur, c'est qu'il atteste une certaine facilité de
brosse dans l'exécution des costumes.

L'histoire n'est pas sans avoir assez heureusement inspiré quelques-uns des exposants, à preuve
la Guerre des Paj'sans, de M. Constantin Meunier. Le tableau n'est pas complètement réussi; le groupe
des paysans campinois qui se rassemblent au pied de la croix, armés de faux et de coutres de charrue,

1. Voir tome III, page $2.
 
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