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Véron, Eugène: Buste de Michel-Ange: par H. Moulin
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0369
BUSTE DE MICHEL-ANGE
PAR H- MOULIN
onsieur Barbedienne a bien voulu nous autoriser.à reproduire un buste de
Michel-Ange, que M. H. Moulin a fait pour lui, et M. Moulin a eu l'obligeance de
nous donner, de son œuvre, un dessin à la plume dont nous présentons ici le fac-
similé.
On voit que M. Moulin n'a pas craint de donner à son Michel-Ange un visage
qui s'éloigne un peu du type traditionnel. Le masque, tel qu'il se voit dans la
plupart des représentations du grand artiste, a quelque chose qui ne laisse pas que d'étonner un peu.
Le front manque de développement, les yeux sont mal ouverts, le nez, écrasé sur la moustache qu'il
dépasse à peine, a, de plus, l'inconvénient d'être
un peu court, enfin le menton fuit et est à peine
sensible sous la barbe qui le couvre. L'ensemble
a quelque chose d'humble, de mesquin, d'abaissé
qui convient peu à l'idée que nous nous faisons
du sculpteur du Moïse et du Pcnsieroso, du peintre
de la Sixtine. Il est bien difficile de retrouver dans
ces traits rien qui exprime et qui permette de
deviner le génie artistique, l'énergie de catactère
et la merveilleuse puissance intellectuelle qui a
fait réussir Michel-Ange en tout ce qu'il a entre-
pris.
Ces raisons esthétiques et physiologiques ne
seraient cependant pas suffisantes pour donner à
un artiste le droit de modifier un type consacré,
s'il était du reste démontré que cette représenta-
tion fût exacte et conforme à la réalité. Mais ici,
il n'en est rien. Parmi les images plus ou moins
authentiques qui nous sont parvenues du visage
de Michel-Ange, on remarque des diversités très-
frappantes, qui portent précisément sur les dimen-
sions du front, des yeux, du nez et du menton.
Dans cette incertitude, M. Moulin s'est cru
le droit de choisir le visage qui lui paraissait con-
venir le plus exactement à l'idée que nous laissent
l'histoire de l'homme et la vue de ses œuvres. En
conséquence il a élevé le front, ouvert les yeux,
allongé le nez, rendu au menton son développe-
ment normal; enfin il a ajouté à l'ensemble plus
P,.crrr _„ «„»,„-., i „„ „. „ ., de majesté en faisant descendre la barbe jusque
iUsTE Di. MlCHEL'ÀNGf., PAR H. MOULIN. ' ' ^
(Appartenant à M. Barbedienne.) SUr la P°itrine- JC •»« S*is « )Q ™e fais illusion,
' Fac-similé d'un dessin de l'auteur. mais en examinant attentivement ce buste, et en
analysant les traits que M. Moulin lui a donnés,
il me semble que, pris un à un, ils ont une certaine analogie avec ceux que Michel-Ange lui-même
a attribués à son Moïse; la bouche surtout est frappante par je ne sais quel caractère de dédain et
d'énergie.
PAR H- MOULIN
onsieur Barbedienne a bien voulu nous autoriser.à reproduire un buste de
Michel-Ange, que M. H. Moulin a fait pour lui, et M. Moulin a eu l'obligeance de
nous donner, de son œuvre, un dessin à la plume dont nous présentons ici le fac-
similé.
On voit que M. Moulin n'a pas craint de donner à son Michel-Ange un visage
qui s'éloigne un peu du type traditionnel. Le masque, tel qu'il se voit dans la
plupart des représentations du grand artiste, a quelque chose qui ne laisse pas que d'étonner un peu.
Le front manque de développement, les yeux sont mal ouverts, le nez, écrasé sur la moustache qu'il
dépasse à peine, a, de plus, l'inconvénient d'être
un peu court, enfin le menton fuit et est à peine
sensible sous la barbe qui le couvre. L'ensemble
a quelque chose d'humble, de mesquin, d'abaissé
qui convient peu à l'idée que nous nous faisons
du sculpteur du Moïse et du Pcnsieroso, du peintre
de la Sixtine. Il est bien difficile de retrouver dans
ces traits rien qui exprime et qui permette de
deviner le génie artistique, l'énergie de catactère
et la merveilleuse puissance intellectuelle qui a
fait réussir Michel-Ange en tout ce qu'il a entre-
pris.
Ces raisons esthétiques et physiologiques ne
seraient cependant pas suffisantes pour donner à
un artiste le droit de modifier un type consacré,
s'il était du reste démontré que cette représenta-
tion fût exacte et conforme à la réalité. Mais ici,
il n'en est rien. Parmi les images plus ou moins
authentiques qui nous sont parvenues du visage
de Michel-Ange, on remarque des diversités très-
frappantes, qui portent précisément sur les dimen-
sions du front, des yeux, du nez et du menton.
Dans cette incertitude, M. Moulin s'est cru
le droit de choisir le visage qui lui paraissait con-
venir le plus exactement à l'idée que nous laissent
l'histoire de l'homme et la vue de ses œuvres. En
conséquence il a élevé le front, ouvert les yeux,
allongé le nez, rendu au menton son développe-
ment normal; enfin il a ajouté à l'ensemble plus
P,.crrr _„ «„»,„-., i „„ „. „ ., de majesté en faisant descendre la barbe jusque
iUsTE Di. MlCHEL'ÀNGf., PAR H. MOULIN. ' ' ^
(Appartenant à M. Barbedienne.) SUr la P°itrine- JC •»« S*is « )Q ™e fais illusion,
' Fac-similé d'un dessin de l'auteur. mais en examinant attentivement ce buste, et en
analysant les traits que M. Moulin lui a donnés,
il me semble que, pris un à un, ils ont une certaine analogie avec ceux que Michel-Ange lui-même
a attribués à son Moïse; la bouche surtout est frappante par je ne sais quel caractère de dédain et
d'énergie.