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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Tardieu, Charles: Exposition générale des Beaux-Arts à Bruxelles, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0172

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EXPOSITION GÉNÉRALE

DES

BEAUX-ARTS A BRUXELLES

(SU 1TB1.)

n constate au Salon de Bruxelles, chez les peintres belges non moins
que chez les étrangers, une tendance à vivifier le portrait de telle sorte
qu'il fasse tableau. Cette tendance est à la fois ancienne et nouvelle :
ancienne, car elle nous ramène aux meilleurs exemples des plus grands
maîtres ; nouvelle, car, il faut bien le dire, s'il est un genre où on ait
abusé de la banalité depuis un assez grand nombre d'années, c'est bien
le portrait, le plus difficile de tous, le plus élevé et en même temps le
plus bourgeois. Les ressources ne manquent pas, les écueils non plus.
On peut donner une certaine importance à un accessoire caractéristique
qui trahisse les goûts, les habitudes, les occupations favorites du modèle.
C'est un moyen que Reynolds a souvent employé, parfois avec succès, mais parfois aussi assez
maladroitement pour qu'on se tienne en garde contre les inconvénients et les abus du portrait à com-
mentaire. Si l'on substitue un fond de paysage ou d'intérieur plus ou moins détaillé au fond classique
et plat, au nuage prétentieux et inexplicable dont les peintres les plus en vogue ont rarement le cou-
rage de secouer la routine, il est à craindre que le cadre n'écrase la figure principale, qui doit dans
tous les cas concentrer l'attention. L'animation de la physionomie n'est pas non plus sans danger, car
pour peu qu'il y ait excès elle se conciliera mal avec l'immobilité de l'attitude qui est de l'essence du
portrait. Tout ce qui est geste, action, mouvement est plus dangereux encore, et le groupe lui-même
qui a produit tant de chefs-d'œuvre dans l'histoire de l'art, notamment dans les grandes toiles de cor-
porations de l'école néerlandaise du xvne siècle, le portrait-groupe, qui se rapproche le plus du tableau,
présente les difficultés les plus graves, car en cherchant à la fois le tableau et le portrait on risque de
n'attraper ni l'un ni l'autre. Mais tout cela n'est, en somme, qu'une question de talent et peut-être
aussi de bonheur plutôt qu'une question de principe et de doctrine, et il faut reconnaître que parmi les
portraitistes du Salon de Bruxelles il en est plusieurs qui ont eu à la fois le bonheur d'avoir du talent
et le talent d'avoir du bonheur.

Le groupe et le mouvement sont surtout favorables aux portraits d'enfants. On n'a rien à se refuser
avec ces petits êtres qui se permettent tout. Nous avons déjà signalé la désinvolture avec laquelle
M. Alfred Cluysenaar a campé sur un fauteuil capitonné, dans un mouvement tout spontané qui ne
sent en rien la pose, le charmant petit gamin dont il a peint le portrait sous ce titre : Une Vocation.
Dans une gamme moins claire, M. Edouard Agneessens fait le portrait d'un Groupe d'enfants, garçons
et filles, ceux-ci capricieusement étendus sur un canapé, ceux-là jouant avec un grand chien noir, ami
de la maison. Frères et sœurs, grands et petits, sont parfaitement dessinés et pris du premier jet dans
la naïveté de leurs attitudes. On sent qu'ils sont chez eux, dans l'atmosphère de la famille. On jurerait
même que le peintre a réussi à les faire ressemblants et vivants sans se montrer, afin de leur laisser
toute la liberté de leurs allures. Mais qui sait s'il n'a pas d'abord conquis leurs bonnes grâces, et si ce
n'est pas vers lui que le petit bonhomme en blanc, qui occupe le centre du tableau, tend le bras d'un

i. Tome III, pages 52 et 126.
Tomk III.

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