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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Véron, Eugène: M. Paul Renouard
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0069

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M.

PAUL RENOUARD

n a beaucoup déclamé sur la misère des artistes et sur les difficultés
contre lesquelles ils ont à lutter au commencement de leur carrière,
et ces déclamations ont eu le résultat ordinaire de toutes les décla-
mations prolongées. On n'y prend plus garde et l'on ne voit là qu'un
thème usé de rhétorique banale.

Il est pourtant trop vrai que, même parmi les artistes aujourd'hui
les plus célèbres, il en est sur qui les nécessités matérielles de la
vie ont pesé bien lourdement et qui ont déployé dans ces luttes
obscures et douloureuses un héroïsme singulièrement touchant.

Parmi ceux qui ont le plus souffert, nous pouvons citer Hippolyte
et Paul Flandrin. Ils habitaient ensemble une petite chambre au cinquième étage, la moins chère
qu'ils eussent pu trouver, et l'hiver, quand le froid les glaçait et les mettait dans l'impossibilité de
travailler, n'ayant pas de bois pour se réchauffer, il ne restait aux deux frères d'autre ressource que
de se réfugier dans leur unique lit. Ils dépensaient chacun quinze sous par jour pour leur nourriture,
et le matin, pour se procurer l'eau dont ils avaient besoin, l'un des deux s'en allait, une tasse à la
main, recueillir les gouttes qui tombaient du robinet des tonneaux de porteurs d'eau. Vers 1833,
Hippolyte Flandrin, déjà presque célèbre, était obligé de chercher une défaite pour refuser une

Pendant les grandes chaleurs.
Fac-similé d'un dessin de Paul Renouard.

invitation à dîner que lui adressait M. Bertin aîné, directeur du Journal des Débats, faute d'oser
avouer qu'il possédait pour toute coiffure une casquette et qu'il n'avait pas l'argent nécessaire pour
acheter un chapeau.

Cela ne l'a pas empêché de devenir un grand peintre, mais il est certain que les souffrances de
cette époque ont influé sur sa vie tout entière. C'est pendant ces dures années qu'il a pris le
germe de la maladie qui l'a emporté avant l'âge. Sa santé, fortement ébranlée, ne se rétablit jamais
 
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