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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Arago, Etienne: Art dramatique: Mademoiselle Mars
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0213

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ART DRAMATIQUE

MADEMOISELLE MARS'

a célèbre actrice dont nous allons réveiller le souvenir, M"' Hippolyte
Mars, était faite pour représenter, je ne dirai pas les classiques, — ce
mot n'exprime plus rien pour les esprits justes, — mais les œuvres déli-
cates et vraies, clairement conduites, habilement disposées, où le style et
le langage empruntent leur mérite au naturel.

M"" Mars avait été mise de bonne heure sur cette voie qu'elle devait
poursuivre avec tant d'éclat. Si sa mère et sa sœur aînée ne furent que
des actrices médiocres, son père était ce petit homme sans force, fluet et
sans organe (ainsi l'a peint M"e Clairon) et qui, en même temps, était
l'acteur le plus ingénieux, celui qui tira le plus grand parti de l'art de la
diction et qui en épuisa toutes les finesses : ce comédien d'élite, c'était Monvel, à qui l'acte de bap-
tême de Mlle Hippolyte Mars (10 février 1779) donne le nom de Boutet et la qualité de bourgeois de
Paris. Sans doute le curé de Saint-Germain-l'Auxerrois ne voulut pas écrire sur son registre le nom
de théâtre Monvel et la profession de comédien.

A treize ans, Mllc Mars joua dans la salle de la Alontansier — on peut signaler ce fait comme
une originalité — le rôle d'un petit Jocrisse. En 1795, quand les acteurs de l'Odéon réunis à plusieurs
sociétaires de la Comédie française, formèrent la troupe du théâtre Feydeau, M"e Mars fut admise à
y représenter Cupidon dans la Fete de l'amour ; après de vifs encouragements de MUe Contât, elle fut
engagée pour l'emploi des jeunes amoureuses tenu par Mllcs Lange et Mezeray ; enfin en 1799, elle
entra comme pensionnaire au Théâtre-Français. Jusque-là, M"° Mars n'était pas sortie de cette
sphère honnête et modérée où se parque la médiocrité. Sa santé était languissante, sa voix n'avait pas
cette sonorité et cette justesse musicales qu'elle devait atteindre plus tard. Les critiques de l'époque,
ses camarades surtout, lui refusaient de l'avenir. Mais il y avait dans la coulisse un homme qui
saisissait quelquefois dans l'accent de la jeune comédienne des sons pleins de douceur, des intonations
empreintes de vérité ; et il disait : « Laissez s'harmoniser cette voix qui ne peut charmer en ce
moment, puisque plusieurs notes de sa gamine sont indécises encore ; laissez aussi s'épanouir cette
fleur de naturel qui perce déjà son enveloppe ; attendez quelques jours, et la nonchalance de ce jeu

1. L'article sur M1,c Mars et ceux que M. Etienne Arago veut bien nous faire espérer pour notre galerie dramatique feront partie d'un
ouvrage en plusieurs volumes sur la politique, les arts, les théâtres et les mœurs du siècle que l'auteur publiera cet hiver.

Tome III. 25
 
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