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Tourneux, Maurice: Prosper Mérimée: Ami de Delacroix. Ses dessins et ses aquarelles
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0294
PROSPER MÉRIMÉE
AMI DE DELACROIX
SES DESSINS ET SES AQUARELLES
>A es dessins de Prosper Mérimée ne sont guère moins nombreux que ceux
de Victor Hugo dont M. Burty a donné ici même un si précieux cata-
logue. Seulement, ce qui chez Victor Hugo est la libre manifestation
d'un génie exubérant, ne fut peut-être pour Mérimée que la simple con-
séquence de ses origines. On a souvent cité un livre de son père, plus
connu par le titre que feuilleté aujourd'hui : De la Peinture à l'huile et
/^ des procédés matériels employés dans ce genre de peinture, mais on n'a pas
su que Jean François Louis Mérimée, élève de Vincent, alla à Rome
pour y compléter ses études, et que ses œuvres ont figuré à plusieurs
Salons du Directoire et du Consulat. Nagler cite de lui un tableau, Vertumne et Pomone, où, selon
lui, l'auteur avait su cacher les erreurs de l'ancienne école sous une pratique habile des principes
nouveaux, donnant ainsi à entendre que Louis Mérimée s'était souvenu à la fois de la tradition des
grands peintres du xvni8 siècle français et des maximes austères de David. Ce jugement n'est pas
aussi bizarre qu'il le paraît tout d'abord, car un ami qui a vu au Musée de Montpellier ce tableau
légué par Fabre, en. 1825, et que Prosper Mérimée copia lors d'un de ses derniers voyages dans
le Midi, nous dit qu'il est d'une tonalité blonde et d'un dessin correct. M. Camille Raspail possède
dans sa galerie un Daphnis et Chloé dont l'impression ne dément pas l'opinion de notre ami. Les
chairs du pâtre et de la bergère à demi nue, la grotte d'où Ton aperçoit un fond de paysage, et sur-
tout le bas-relief près duquel est assis le vieillard Philétas, feraient attribuer cette toile, dont la
couleur a singulièrement bruni, à un petit neveu de Fragonard, plutôt qu'à un élève de Vincent.
Les Annales de Landon (xiv, 915) renferment une gravure au trait de Normand, d'après Mérimée,'des
Chasseurs découvrent dans une forêt le'squelette de Milon de Crotone 1. Les cavaliers descendus de leurs
« coursiers » contemplent avec horreur des ossements discrètement dissimulés par un tronc d'arbre à
demi brisé. L'audace du sujet (le squelette ne fait-il pas songer aux futurs « excès » du romantisme?)
est tempérée par la banalité des attitudes et rendue plus froide encore par les secs contours du
trait noir qui enserre le vide.
t. Au Salon de 1791, il exposait l'Innocence nourrissant un serpent, tableau gravé depuis par Bervic.
ToMt m.
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AMI DE DELACROIX
SES DESSINS ET SES AQUARELLES
>A es dessins de Prosper Mérimée ne sont guère moins nombreux que ceux
de Victor Hugo dont M. Burty a donné ici même un si précieux cata-
logue. Seulement, ce qui chez Victor Hugo est la libre manifestation
d'un génie exubérant, ne fut peut-être pour Mérimée que la simple con-
séquence de ses origines. On a souvent cité un livre de son père, plus
connu par le titre que feuilleté aujourd'hui : De la Peinture à l'huile et
/^ des procédés matériels employés dans ce genre de peinture, mais on n'a pas
su que Jean François Louis Mérimée, élève de Vincent, alla à Rome
pour y compléter ses études, et que ses œuvres ont figuré à plusieurs
Salons du Directoire et du Consulat. Nagler cite de lui un tableau, Vertumne et Pomone, où, selon
lui, l'auteur avait su cacher les erreurs de l'ancienne école sous une pratique habile des principes
nouveaux, donnant ainsi à entendre que Louis Mérimée s'était souvenu à la fois de la tradition des
grands peintres du xvni8 siècle français et des maximes austères de David. Ce jugement n'est pas
aussi bizarre qu'il le paraît tout d'abord, car un ami qui a vu au Musée de Montpellier ce tableau
légué par Fabre, en. 1825, et que Prosper Mérimée copia lors d'un de ses derniers voyages dans
le Midi, nous dit qu'il est d'une tonalité blonde et d'un dessin correct. M. Camille Raspail possède
dans sa galerie un Daphnis et Chloé dont l'impression ne dément pas l'opinion de notre ami. Les
chairs du pâtre et de la bergère à demi nue, la grotte d'où Ton aperçoit un fond de paysage, et sur-
tout le bas-relief près duquel est assis le vieillard Philétas, feraient attribuer cette toile, dont la
couleur a singulièrement bruni, à un petit neveu de Fragonard, plutôt qu'à un élève de Vincent.
Les Annales de Landon (xiv, 915) renferment une gravure au trait de Normand, d'après Mérimée,'des
Chasseurs découvrent dans une forêt le'squelette de Milon de Crotone 1. Les cavaliers descendus de leurs
« coursiers » contemplent avec horreur des ossements discrètement dissimulés par un tronc d'arbre à
demi brisé. L'audace du sujet (le squelette ne fait-il pas songer aux futurs « excès » du romantisme?)
est tempérée par la banalité des attitudes et rendue plus froide encore par les secs contours du
trait noir qui enserre le vide.
t. Au Salon de 1791, il exposait l'Innocence nourrissant un serpent, tableau gravé depuis par Bervic.
ToMt m.
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