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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Soldi, Émile: La sculpture égyptienne, [1], Marché de l'art et considérations générales
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0138

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LA SCULPTURE ÉGYPTIENNE

(suite 1 )

MARCHE DE L'ART ET CONSIDÉRATIONS GENERALES

III.

endant toute la durée de l'ancien Empire, l'Egypte se montre constituée sous un
régime aristocratique *. « Il semble que Mènes, dit M. Lenormand en établissant
la royauté, ait été le chef d'une révolution pareille à celles qui, à plusieurs reprises,
dans l'Inde antique, soumirent les Brahmanes à la suprématie absolue des Kchatrias
ou guerriers. » Sous l'ancien Empire, en effet, toute autorité, même l'autorité reli-
gieuse, est absorbée par l'autorité royale. La religion est si loin de dominer dans le
monde matériel, qu'elle ne domine même pas dans le monde moral. La morale de ce temps est, en
effet, purement laïque ; nous en pouvons juger par le code de morale que possède la Bibliothèque
nationale, et qui est l'œuvre, non pas d'un prêtre, mais d'un vieillard du sang royal des Pharaons,
nommé Phtah-Hotep.

Pendant ces époques, les historiens sont d'accord pour déclarer que la richesse et la prospérité
du pays ont été immenses ; l'art fait des progrès constants et produit des œuvres qui serviront de
modèle aux renaissances ultérieures.

Les plus anciennes statues que nous possédions, et que l'on peut faire remonter à la II" dynastie,
sont celles du fonctionnaire Sépa et de sa femme. (Musée du Louvre.) Ce sont des œuvres timides,
très-primitives; la femme tient encore les deux jambes droites, sans mouvement, dans une attitude
qui est presque celle de la momie. L'homme pourtant avance la jambe gauche, mais il a encore les
bras collés au corps. Quelques tendances d'individualisme y paraissent déjà, mais sans attester un
grand talent ; il est même probable que nous possédons l'œuvre d'un artiste inférieur de l'époque.
Très-peu de statues du même temps ont survécu à l'invasion des peuples nomades, puis aux des-
tructions opérées par les peuples modernes et enfin aux ravages du temps ; celles qui restent, en
supposant qu'elles soient la meilleure expression de l'art de cette dynastie, montreraient que cet art,
même pour la pierre tendre dans laquelle ces figures sont taillées, cherche encore sa voie, et que les
instruments sont insuffisants; en effet, si les sculpteurs de cette époque avaient connu le violon,
instrument bien simple4, ils eussent très-facilement détaché les bras de la taille, ce qu'ils n'ont eu
garde de faire. Cependant ces figures sont déjà dégagées de tous côtés et n'ont pas à la partie posté-
rieure ce pilier dont nous avons parlé, et qui était inutile à des statues qui n'étaient pas destinées à
traverser les siècles. Cette particularité seule suffirait pour montrer quelle liberté pratique existait
déjà ; d'ailleurs il se peut aussi que le groupe du Louvre n'ait été que la reproduction d'un praticien
timide, supposition qui se trouve confirmée par cette circonstance, que la figure de l'homme est
répétée deux fois et que cette figure montre, dans de certains points, un progrès sur sa voisine. Le
contour du genou, principalement dans la jambe qui avance, est bien mieux dessiné; l'on voit facilement,
en examinant ces figures, comme celles d'époques postérieures, que les Égyptiens ne connaissaient pas

1. Tome II, pages 73, 185 et 322.

2. Fait remarquable : nous retrouvons de même en Amérique, comme le prouve un curieux travail de M. Ubienner sur le Pérou,
d'abord des rois-pontifes, renversés plus tard par les pontifes-rois.

3. Histoire ancienne des peuples de l'Orient, par François Lenormant; Lévy, 1869.

4. Le violon est un instrument rorant et tournant comme le vilebrequin, et qu'on tait mouvoir au moyen d'un archet.

Tome III. 16
 
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