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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Tardieu, Charles: Exposition générale des Beaux-Arts à Bruxelles, [5]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0233

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EXPOSITION GÉNÉRALE

des

BEAUX-ARTS A BRUXELLES

ne exposition « générale » des beaux-arts est assurément une conception gran-
diose et faite pour frapper les imaginations. Réunir en un même local les pro-
ductions de la peinture à l'huile et à l'eau, sur toile et sur panneau, sur verre, sur
porcelaine et sur émail, y ajouter celles de la sculpture, de l'architecture, les
dessins, les gravures au burin et à l'eau-forte, l'idée est séduisante au premier
abord; mais, après une expérience déjà longue, on peut bien avouer qu'elle offre
plus d'inconvénients que d'avantages. Ce méli-mélo frise le tohu-bohu. C'est déjà
merveille que la sculpture ne soit pas noyée sous les flots de peinture qui débordent à travers les
innombrables salles de l'exposition. Elle a lutté vaillamment et victorieusement cette année, parce
qu'elle s'est montrée sous un jour particulièrement favorable. La sculpture d'ailleurs a son individualité
bien marquée parmi les moyens d'expression du sentiment artistique. Elle forme avec la peinture un
contraste complet. Mais les moyens plus modestes et surtout les arts de reproduction ou plutôt d'in-
terprétation sont inévitablement sacrifiés. L'architecture elle-même, que l'on considère comme le
plus noble des arts, est placée dans des conditions telles, qu'il est à peu près impossible de lui rendre
justice. C'est à peine si l'on a mentionné au Salon de Bruxelles la médaille décernée à M. Henri
Blomme d'Anvers, pour un projet d'arc de triomphe dédié à la Paix, déjà couronné par l'Académie
de Belgique. Le dessin pourtant est d'un grand aspect et fait désirer le monument, qui ne sera peut-
être jamais édifié, bien que digne à tous égards de la pacifique Belgique. Les salles des gravures et
des dessins sont désertes. Les artistes ont conscience de l'abandon qui les attend, et il n'est pas
jusqu'au jury des récompenses qui n'imite l'indifférence de la foule. 11 n'a pas été accordé une seule
médaille à la gravure. L'exposition méritait mieux, par la qualité, sinon par la quantité.

Il serait temps de renoncer au système des expositions générales. Déjà l'aquarelle a réagi contre
ce système. Il existe à Bruxelles depuis seize ans une Société royale belge des aquarellistes qui se
compose de quarante membres, ni plus ni moins que l'Académie française, et qui organise chaque
année, dans le courant du mois de mai, un petit Salon printanier, très-couru des artistes et du public,
et d'un choix généralement exquis. Aussi l'aquarelle n'a-t-elle qu'une médiocre importance aux grandes
exjjositions, les artistes se réservant pour l'exposition spéciale. Les graveurs et les dessinateurs feraient
bien de marcher sur les traces des peintres in walcr colours. Les graveurs belges forment un groupe
assez important par le nombre et le talent pour ne pas reculer devant une telle initiative, et les artistes
étrangers leur apporteraient un concours précieux et un stimulant fécond. Nous aurions ainsi de ces
expositions de noir sur blanc (black and white, disent les Anglais), qui font chaque année à Londres
une sorte de sensation. Le public et les artistes y trouveraient également profit.

La France, la Belgique et l'Allemagne se partagent les deux salles réservées à la gravure et aux
dessins. L'école allemande de gravure en est encore au vieux jeu du burin, aux procédés méthodiques
et classiques, enseignés et pratiqués de toute éternité. Elle a une exécution apprise et en quelque
sorte mécanique, sans spontanéité, sans invention, qu'aucun sentiment personnel ne vient animer, et
dont aucune ingéniosité de facture ne renouvelle le poncif glacial. On a fait beaucoup de bruit en

i. Voir tome III, pages 52, 126, 153 et 180. — Nous aurions voulu pouvoir donner avant la fermeture du Salon de Bruxelles la fin
du travail de notre collaborateur, que nous avons entre les mains depuis plus de quinze jours. Mais la nécessité où nous nous sommes
trouvés de consacrer plusieurs numéros à Michel-Ange nous a imposé des retards indépendants de notre volonté.
 
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