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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Dupré, Giovanni: Les Tombeaux des Médicis à San Lorenzo
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0135

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LES

TOMBEAUX DES MÉDICIS

A SAN LORENZO

courtes considérations artistiques 1

arler d'une œuvre de Michel-Ange est toujours difficile; venant d'un
artiste, l'entreprise peut sembler téméraire. Aussi, quand je fus invité
par M. Giulio Sansoni 2 à dire quelques mots des tombeaux des
Médicis à San Lorenzo, j'hésitai tout d'abord, craignant de ne pas suffire
à la tâche, de ne point répondre à la confiance que l'on mettait en moi.
Et puis il me sembla que l'on pourrait me taxer d'audace. Mais ensuite je
me fis cette réflexion : « Combien de fois ne me suis-je pas entretenu du
divin maître avec mes collègues, avec mes amis et, par devoir, avec mes
élèves? Et pourquoi ne pourrais-je répéter ces mômes propos aujourd'hui
que l'on rend un nouvel hommage de sympathie et d'admiration à celui dont les œuvres sont
immortelles? Exprimer la vérité ne demande ni grand effort ni grande étude, il suffit d'un peu de
courage. » — J'acceptai donc.

Si l'on considère seulement la nature austère de Michel-Ange et son amour pour les institutions
de sa patrie, on peut s'étonner qu'il ait voulu sculpter les tombeaux des ducs Laurent et Julien de
Médicis, ou supposer du moins que ce fut pour lui une tâche ingrate, d'autant plus que, pour s'en
charger, il dut interrompre le grandiose monument de Jules II, son œuvre de prédilection. Mais si l'on
veut bien songer que l'artiste est passionné pour son art (et certes Buonarroti l'a bien prouvé),
qu'un sujet, même désagréable, peut lui plaire au point de vue objectif de la forme seule, et
qu'enfin, sans manquer à aucune convenance, il lui sera loisible de traduire et de satisfaire en
même temps ses secrets sentiments, à la surprise produite par cette apparente contradiction succédera
bientôt l'estime pour l'homme et l'admiration pour l'artiste.

La composition des deux monuments relève à la fois de l'architecture et de la sculpture. Le mau-
solée adossé au mur et la statue principale assise au milieu du monument sont si magistralement reliés
l'un à l'autre, qu'ils ne semblent faire qu'un seul tout. C'est uniquement la saillie des figures sur la
corniche du fronton qui forme ce lien apparent, à cette condition que l'ensemble sera examiné à la
distance exacte que déterminent les lois de la perspective. L'idée générale de la composition est, au-
tant qu'il est permis d'accoupler ces deux mots, gracieuse et forte; c'est une conception nouvelle, d'une
originalité toute michelangesque ; et l'œil charmé croit tour à tour que le mausolée doit ses lignes
idéales aux figures qui la surmontent, que les figures empruntent leur grâce au mausolée qu'elles
dominent. L'harmonie, les intelligents rapports, je dirai presque l'équilibre des parties avec le tout
sont tels, que l'artiste, du moins je suis porté à le croire, aura fait vin modèle d'ensemble du tombeau
et des statues réunies, et qu'il s'est surtout inspiré de cette première composition. La saillie des sta-
tues qui semblent sortir du tombeau, loin de paraître un.défaut, ajoute au contraire à la grâce du mau-
solée et leur donne à elles-mêmes plus de force et de majesté ; et il était nécessaire qu'il en fût ainsi

1. Del Scpolcri Mcdicci in San Lorenço. —Brevi considerationi anistiche. Page 69 à 74 de Michelangiolo Buonarroti, Ricordo al Popolo
Italiano.

2. M. Giulio SaiiHoni est l'éditeur florentin très-estimé qui a eu l'idée du Ricordo al Popolo Italiano.
 
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