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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Buisseret, Augustin: Paris Bordone
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0339

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PARIS BORDONE

e magnifique portrait que l'Art a fait graver d'après la toile de Paris Bordone
acquise, en 1861, par la National Gallerv du duc de Cardinale de Naples, repro-
duit les traits d'une dame de l'illustre famille de Brignole de Gênes dont la der-
nière descendante, la duchesse de Galliera, a récemment fait preuve d'une rare
munificence en donnant à sa ville natale tous les trésors d'art de l'antique demeure,
de ses aïeux, le Pala\\o Rosso; contenant et contenu sont devenus la propriété de
l'ancienne cité républicaine et constituent un musée où Van Dyck règne en souverain.
Le portrait du Louvre anglais porte cette inscription :

^Ctatis. SujE. Ank. xviiii.
Paris. B. O.

C'est par erreur que le catalogue fixe la date de la mort de ce maître au 19 janvier 1571 ; la date
exacte relevée par Zanetti sur le nécrologe de l'église de San Marziale de Venise, où a été enterré ce
peintre éminent, est le 19 janvier 1570. 11 était né à Trévise en 1500.

Ridolfi a écrit la vie de Pâris Bordone; il est fort regrettable qu'elle n'ait pas encore été traduite,
aujourd'hui que l'on recherche avec une si louable persévérance les moindres documents relatifs à
l'histoire de l'art ; on a consacré de très-importantes monographies à des artistes qui sont bien loin
d'égaler l'auteur de ce chef-d'œuvre qui étincelle à Venise, à VAccademia di belle arti, comme un joyau
précieux entre tous : le Pécheur présentant au Doge l'anneau de Saint-Marc. Pour tout juge impartial
qui ne se paye point de mots, cette admirable peinture ne pâlit devant aucune des merveilles du splen-
dide musée vénitien -, elle ne redoute le voisinage d'aucune d'elles, et j'ai entendu sans surprise un
fanatique s'écrier que, s'il lui était permis de faire un choix entre tant de trésors, il n'hésiterait pas un
instant à s'approprier cet ouvrage « d'une indicible perfection », comme en jugeait Vasari du vivant
de l'artiste dont « le caractère, plein de candeur et de bonté, dit-il, est complètement étranger à l'art
de tromper. Il vit tranquillement dans sa maison, et ne travaille plus que pour répondre aux demandes
de quelques princes et à celles de ses amis. Il a voulu éviter toute espèce de rivalité pour que le calme
de sa vie ne fût point troublé par ceux qui, selon son expression, ne cheminent point sur la route de la
vérité, mais dans les voies tortueuses de la duplicité » C'est de la fin de sa carrière qu'il s'agit ici.

Pâris Bordone, en effet, n'avait guère eu à se louer du Titien dont la jalousie prenait ombrage de
son talent. Aussi « incapable de se plier à toutes les courtisaneries dont il faut user à Venise, si l'on
veut être employé, Pâris, pour éviter d'être obligé de mendier du travail, résolut d'aller utiliser son
talent à l'étranger. L'an 1538, il profita d'une occasion favorable pour passer en France, et entrer au
service du roi François. Il fit, pour ce souverain, bon nombre de portraits de femme et différents
ouvrages, et pour Monseigneur de Guise, vin très-beau tableau d'église et une Vénus escortée d'un
Cupidon. Le cardinal de Lorraine lui doit un Ecce homo, un Jupiter en compagnie d'Io, et plusieurs
autres compositions2. »

Malgré son séjour en France, ses ouvrages y sont peu nombreux; le Louvre n'en possède que
trois et encore n'en est-il que deux d'une bien incontestable authenticité.

1. Vies des peintres^ sculpteurs et architectes^ par Giorgio Vasari, traduites par Léopold Leclanché et commentées par Jeanron et
Léopold Leclanché. Tome IX, page 228.

2. Même ouvrage, page 226.

et plus bas :
 
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