Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

DOI Artikel:
Notes de David d'Angers
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0448

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
NOTES DE DAVID D'ANGERS

SUR LA DIRECTION DES BEAUX-ARTS, DE 1830 A 1847

ES notes qu'on va lire n'étaient cerces pas destinées à
l'impression. Dans quelle circonstance et à quelle fin
furent-elles rédigées ? Nous l'ignorons complètement.
M. Henri Jouin, qui a dressé un excellent catalogue de l'œuvre
de David d'Angers, et qui prépare depuis longtemps la publication
de ses lettres et de ses écrits sur l'art, nous a appris qu'il existe
un certain nombre de notes identiques sur les travaux exécutés
pendant le règne de Louis-Philippe. Si les pages qu'on va lire ont
le mérite de l'inédit, ce n'est ni leur seul, ni même leur principal
intérêt. Les révélations piquantes qu'elles renferment sur l'admi-
nistration des Beaux-Arts de 1830 à 1847 environ nous déter-
minent à les publier telles qu'elles nous sonc parvenues.

Nous venons de fixer la date de la rédaction à l'année 1847,
en voici la raison : l'auteur parle des fontaines Cuvier, Molière
et Saint-Sulpice. Les deux premières étaient terminées depuis
longtemps quand il écrit. Or elles datent de 1839 et 1844; quant
à la dernière, la fontaine qu'on voit devant l'église Saint-Sulpice,
elle n'était pas encore construite; mais déjà David connaissait
les principales. figures qui devaient entrer dans sa décoration.
Comme la fontaine Saint-Sulpice fut construite par Visconti
en 1847, est évident que David écrivait ces notes au commen-
cement de l'année 1847 ou à la fin de l'année précédente.

Nous ne pouvons entrer ici dans la discussion de ses appré-
ciations et de ses critiques. Nous nous contenterons de repro-
duire l'opinion d'un homme de haute valeur qui avait le droit
d'être même intolérant et excessif parce que son cœur ardent
était accessible aux généreux enthousiasmes et aux fortes convic-
tions. Si, pour ce motif, il ne faut accueillir qu'avec une cer-
taine défiance les jugements de David d'Angers, les moindres
écrits échappés à sa plume méritent d'être conservés et publiés
parce qu'ils portent l'empreinte d'un caractère et d'une person-
nalité.

J. J. G.

NOTES DE DAVID D'ANGERS ».

Après la Révolution de 1830, le préfet de Paris, Odilon
Barrot, commanda quatre tableaux pour la décoration de la
grande salle de l'Hôtel de ville. Delaroche eut à exécuter le
Retour des vainqueurs de la Bastille. — Cogniet, La Fayette
nommé maire de Paris, — Drolling, l'Entrée de La Fayette et du
lieutenant Louis-Philippe à l'Hôtel de ville, — et Schnetz, une
Barricade sur la place de l'Hôtel-de-Ville en 1830.

Une année après, le chef du bureau des Arts dit aux artistes
que, s'ils s'obstinaient à continuer leurs tableaux, ils auraient le
désagrément de les voir roulés et mis dans les greniers, qu'en ne
les faisant pas, il leur serait donné d'autres travaux afin qu'ils
n'éprouvassent aucune perte.

Schnetz et Cogniet n'ayant pas tenu compte de cet avis,
leurs tableaux sont actuellement roulés et cachés dans l'Hôtel de
ville; pour Drolling, on lui a donné une chapelle à décorer, et
Delaroche a été indemnisé des commencements de son travail.

Pour la Chambre des députés, M. Petitot avait fait un bas-
relief représentant la distribution des drapeaux à la garde natio-
nale par Louis-Philippe assisté de La Fayette, alors général de
cette garde civique. Le statuaire avait copié l'événement comme
il s'était passé en 1830; mais il lui avait fallu deux ans pour
faire son travail et La Fayette n'était plus le bon ami; aussi le
Roi, quand il vit la figure du général, dit : 1 Pourquoi a-t-on
mis cet homme? — Sire, dit alors l'architecte Fontaine, il est

bien facile de le faire disparaître, on peut facilement le remplacer
par l'un de vos fils, le duc de Nemours, par exemple. — Parfai-
tement bien, répondit Louis-Philippe, « et le lendemain le docile
sculpteur coupait la tête de La Fayette pour faire un Nemours.

M. Ramey a exécuté le bas-relief qui fait pendant à celui-là;
comme ce statuaire est très-long, qu'il n'a donné son ouvrage
que quatre années après la Révolution, c'est inouï toutes les mo-
difications qu'il a dû être obligé de faire subir aux figures des
hommes politiques qui sont représentés dans ce bas-relief.

En 1830, M. Guizot signa le programme du fronton du Pan-
théon avec tous les personnages qui composent actuellement cet
ouvrage. M. d'Argout arriva au ministère, et l'un de ces mes-
sieurs trouva ridicule que l'on pensât à faire un Panthéon. Il
critiqua fort le choix des personnages et ne voulut plus en
entendre parler. Vint M. Thiers en 1834. Ce ministre signa de
nouveau le programme. Il n'eut qu'une objection à faire : c'est
qu'il ne voulait pas voir les élèves de l'Ecole polytechnique
faire partie de ce bas-relief. Du reste il dit au statuaire : « Je
vais vous donner un titre incommutable. Allons, faites vite,
entendez-vous... » En 1837, le fronton était terminé. Le ministre
Montalivet avait donné l'ordre de démolir de suite l'échafaud
pour les fêtes de Juillet, et même il demandait si l'on pourrait
l'éclairer la nuit comme le cadran de l'Hôtel de ville; mais,
quand l'échafaud commençait à disparaître, l'archevêque de
Paris fut en hâte à la cour exprimer son mécontentement et à
onze heures du soir l'ordre fut transmis à l'architecte de ne pas
continuer la démolition de l'échafaud. On fit offrir au statuaire
le fronton de la Chambre des députés. Ce fut M. De la Borde
qui fut chargé de cette communication. Le statuaire proposa pour
sujet le serment du Jeu de Paume : « Bravo, dit M. De la Borde,
c'est un sujet national. » L'esquisse fut bientôt présentée; mais
on aurait voulu faire changer presque toutes les figures du fron-
ton du Panthéon, et comme le statuaire tint bon pour ne rien
céder, on lui rendit l'esquisse du serment du Jeu de Paume en
lui disant qu'il se rendait désormais impossible pour les travaux
du gouvernement.

Dans la distribution des travaux d'art, on a bien plutôt en
vue de faire un grand nombre d'amis au gouvernement que de
laisser des monuments parfaits à l'avenir, de même que l'on vou-
drait encore augmenter le nombre des employés. Ainsi l'on pense
à s'attacher les artistes par cet appât des travaux, qui cependant
ne sont donnés que lorsqu'ils sont demandés par des députés.
MM. de Caillaux et Cavé ont un ordre formel de haut lieu à cet
égard. L'un d'eux disait un jour à l'un de mes amis : 1 On ne
peut plus dire les arts libéraux, mais les arts électoraux. 1

A l'égard du Musée de Versailles, selon les séides du pou-
voir, cette pensée appartiendrait exclusivement au Roi, tandis que
c'est la Convention nationale qui décréta la formation du Musée
français des Petits-Augustins. Là, toutes les époques de notre
histoire se trouvaient indiquées par les ouvrages d'art.

L'idée du Musée de Versailles était pour faire oublier le
Panthéon dont on n'a jamais voulu et qui a été arraché après 1830
par force à l'autorité.

Ce Musée de Versailles est formé de tableaux pris dans les
magasins du Louvre qui étaient encombrés de vieux portraits des
époques les plus reculées jusqu'à la nôtre. On a cherché dans nos
ateliers les bustes de maréchaux, de généraux, etc., et ces plâtres
n'ont rien coûté au gouvernement parce que les artistes attachent
peu de prix à un modèle qui a été exécuté en marbre ou qui n'a
pas pu avoir de destination.

1. Le manuscrit occupe six pages pleines de papier à lettres in-40. Il n'est pas signé; mais l'écriture comme le style ne laissent aucun doute sur son auteur
 
Annotationen