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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Selvatico, Pietro: La photographie dans l'enseignement du dessin
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0469

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LA PHOTOGRAPHIE

DANS L'ENSEIGNEMENT DU DESSIN

ans un chapitre de mon livre Scritti d'Arte t) j'ai signalé tous les ser-
vices que peut rendre à l'artiste la photographie, m'arrètant de pré-
férence sur celui de fournir, fixées sur le papier, les images exactes de
ce qu'il y a de plus instantané dans les mouvements du corps humain.
A part quelques critiques qui me furent lancées par une demi-douzaine
de classiques pur sang, scandalisés d'une opinion qui, selon ces mes-
sieurs, vise à pousser l'art au réalisme le plus dégradant, et par consé-
quent à l'extermination de l'idéal, personne n'a trouvé à redire sur la
justesse de ma thèse qui d'ailleurs ne m'appartenait pas exclusivement,
car elle était partagée par tous les bons artistes.

Bien que j'eusse spécifié une foule d'autres avantages que la photographie apporte aux beaux-
arts, je ne soupçonnais pas alors qu'on aurait pu l'appliquer à l'enseignement du dessin. Cependant
un jour, examinant une mauvaise copie d'une photographie qu'un jeune enfant venait de barbouiller,
l'idée m'est venue qu'on pourrait tirer quelque parti de la précieuse découverte en lui donnant une
place dans les études élémentaires du dessin. Voici les réflexions qui m'ont amené à cette conclusion.

L'écolier qui fait la copie d'une gravure tirée d'un modèle en relief sait très-bien qu'au lieu de
reproduire ce modèle tel qu'il lui apparaîtrait dans l'original, il ne fait qu'imiter la manière selon
laquelle l'a interprété le graveur. Il ne croit reproduire véritablement et exactement l'objet lui-môme
que quand il l'a devant lui dans sa réalité. Mais alors combien de difficulté, d'embarras, d'incertitudes
dans la marche de son travail, quoique soutenu, encouragé par la voix de son maître! C'est qu'il
n'arrive pas à bien saisir, et par conséquent à rendre les apparences du contour et du clair-obscur de
son modèle. f

En effet, il est très-difficile pour un commençant de comprendre comment il est possible, par
des moyens purement conventionnels, de représenter les apparences variables des objets : c'est seule-
ment par un long exercice qvi'on parvient à trouver le rapport entre l'objet réel et sa reproduction.
On ne peut donc s'étonner si l'écolier dans ses premières tentatives se persuade qu'il travaille en plein
à peu près, sans aucun critérium qui le mette à même de reconnaître s'il a bien saisi ou non son
modèle. Mais si, au contraire, cet élève avait devant lui, empreint sur un papier, ce même modèle,
tel qu'il est, sans aucune différence entre la réalité et l'image, comme le rend la photographie, il n'y
a nul doute qu'il se convaincrait aisément que les moyens dont il peut disposer (crayon ou encre de
Chine) lui permettent non-seulement de faire une copie exacte, mais d'arriver à comprendre ce qu'il
devra faire, pour reproduire par le dessin un solide quelconque.

La photographie lui apprend que l'image d'un corps n'est p,as celle qu'il croit voir, mais l'autre,
que le soleil imprime sur un papier et réduit à une production, pour ainsi dire, artistique. Or, comme
les formes de l'art sont toujours plus compréhensibles à l'esprit que celles de la nature, il s'ensuit que,
pour ceux qui s'adonnent à l'étude du dessin, la photographie est un excellent intermédiaire pour se
préparer à la copie des reliefs. On a devant soi un produit artistique adéquat à la réalité, et qui nous
montre la manière de la représenter. Il va sans dire que les plus difficiles problèmes du clair-obscur,
sur lesquels on a encore des idées si confuses et si contradictoires, se trouvent résolus aussi complé-

*

i. Firençe Barbara} 18^9, un vol. in-8°, p. 333.

MO LU h
 
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