L'ART.
48
Nous citerons un paysage (n° 312 . bis) qui a atteint
1,300 francs, le n° 415, Dans le Tyrol. au confluent d un lac.
1,450 francs, une Prairie (n° 454), qu'on a poussée à 1,710 francs,
une Vue de Naples. d'après une photographie, qui est parvenue
à 1,055 fraPcs-
Les dessins et pastels ont été moins disputés encore et pour
la même raison. La moyenne des prix ne s'est pas élevée à
50 francs.
Les tableaux de sa collection n'ont pas eu un sort plus bril-
lant. Sauf quatre Daumier : les Curieux à l'étalage (1,500 fr.),
— l'Amateur d'estampes (1,550 fr.), — le Barreau (1,160 fr.),
— les Conseils au jeune artiste (1,520 fr.), — une Marine, de
J. Dupré (1,805 fr-)) — ^a Couseuse. de Ed. Frère (2,000 fr.),
— il n'y avait là rien de bien remarquable.
Au point de vue spécial de la biographie de Corot, cette
vente donne lieu à une observation qui a son intérêt et qui résulte
du nombre même des tableaux, esquisses et dessins de toute
nature qu'il a laissés. Quelle qu'ait été la facilité de l'artiste, une
pareille multitude d'œuvres suppose une puissance et une persis-
tance de travail qu'on ne saurait trop admirer. Ainsi, parmi les
toiles vendues comme tableaux et esquisses terminés, il y en a
quarante-sept qui datent de 1822 a 1824; dix-sept appartiennent
à la seule année 1834. L'âge même n'a en rien refroidi son
ardeur; dans les quatre années qui ont précédé sa mort, de 1870
à 1875, quand il avait près de quatre-vingts ans, nous trouvons
trente-neuf tableaux terminés, sans compter les esquisses ina-
chevées. Quand on songe de plus que ce catalogue ne contient
qu'une seule des grandes œuvres par laquelle il a porté dans le
monde entier la gloire de l'Ecole française, on ne peut s'empê-
cher de sourire en pensant aux réclamations indignées des
artistes incompris qui, après avoir brossé trois ou quatre toiles,
s'étonnent d'avoir encore à travailler pour devenir célèbres et
s'emportent contre l'ingratitude du siècle.
Le 2 juillet a eu lieu, à l'hôtel Drouot, par le ministère de
M« Charles Pillet, —expert, M. Féral, — la vente de soixante et
une aquarelles, portant pour titre : Histoire de mon temps, et
provenant de la célèbre galerie SanDonato, par Eugène Lami, le
FAITS
Le 5 août a eu lieu à Saint-Malo l'inauguration de la statue
de Chateaubriand, œuvre de M. Aimé Millet. Des discours ont
été prononcés, au nom de l'Académie française, par son direc-
teur, M. Camille Doucet, et par M. le duc de Noailles, qui a
succédé à Chateaubriand; au nom de la Société des gens de let-
tres, par M. Paul Féval. Les sociétés chorales ont chanté : Com-
1 Magister elegantiarum, le roi des aquarellistes et l'aquarelliste
des rois. Il est certain, en effet, que l'on pourrait refaire avec les
aquarelles de Lami une partie de l'histoire de notre temps, l'histoire
des modes, des raffinements du luxe, de; bals et des fêtes de cour,
des costumes et des plaisirs de l'aristocratie. Sa gloire est telle
qu'il a en Angleterre et en France des admirateurs qui ne
craignent pas de le comparer à Lawrence et même à Watteau.
Il est certain que nul de notre temps n'a paru mieux doué que
lui pour la spécialité dont il a fait son domaine, et hors de laquelle
il n'a jamais voulu se laisser entraîner, malgré les succès aux-
quels son talent lui permettait d'aspirer.
Parmi ces soixante et une aquarelles, voici celles qui ont
atteint les plus hauts prix :
3 '. Les Sciences et les Arts. (IL, 18 c. ; L., 22 c.) 305 fr. —
10. Un Intérieur de Famille. (H., 18 c. ; L., 30 c.) 425 fr. —
11. Intellectuels. (II., îc, c. ; L., 40 c.) 325 fr. — 12. Le Foyer
de la danse à l'Opéra. (H., 26 c. ; L., 48 c.) 455 fr. — 13.
Fêtes de Versailles. (H , 30 c. ; L., 26 c.) 1,065 fr. — 14. Fêtes
de Versailles (l'Armée). (H., 24 c. ; L., 35 c.) 450 fr. — 15.
Fêtes de Versailles (les Peintres). (H., 24 c; L., 34 c.) 310 fr. —
17. L'Arrivée au bal de la Ville. (H., 21 c; L., 28 c.) 405 fr. —
20. La Retraite. (H., 20 c. ; L., 30 c.) 425 fr. — 22. Un Poète
d'à présent. (H., 19 c; L., 25 c.) 480 fr.— 25. Le Départ pour
le bal masqué. (H., 20 C. ; L., 27 c.) 400 fr. — 28. Les Amis
de collège. (H., 20 c; L , 27 c.) 405 fr. — 31. Héraclite et Dé-
mocrite. (H. 21 c; L., 27 c.) 305 fr. — 36. La Fontaine de Jou-
vence. (H., 26 c. ; L.,48 c.) 405 fr. — 37. Le Bal d'enfants. (H.,
18 c; L., 40 c.) 505 fr. — 41. Les Maris au bal de l'Opéra.
(H., 28 c; L., 42 c.) 305. — 43. Le Monde. (H., 22 c; L., 32 c.)
350 fr. — 44. Une Convalescence. (H., 26 c. ; L., 35 c.) 310 fr.
— 45. Un IVhist diplomatique. (IL, 20 c. ; L., 25 C.) 600 fr. —
46. State Horses. (H., 25 c; L., 38 c.)405 fr.—48. L'Apr'es-dînée
en province. (H., 27 c. ; L., 34 c.) 405 fr. — 49. Le Contrat de
mariage. (H., 24c; L., 44 c.) 1,220 fr. —- 52. La Colère. (IL,
19 c. ; L., 40 c.) 470 fr. — 53. La Luxure. (H. 20 c. ; L., 26 c.)
310 fr. — 37. Les Contrastes. (H., 13 c. ; L., 38 c.) 330 fr. —
60. Un Stceple-chase. (IL, 21 c. ; L., 36 c.) 930 fr.
Le total général s'est élevé à 18,990 fr.
DIVERS
bien j'ai douce souvenance. Cette cérémonie avait attiré une
foule énorme de tous les points de la France et même de l'An-
gleterre.
La statue de Chateaubriand est érigée devant la maison où
il est né, sur la place Saint-Vincent, qui désormais quitte son
nom pour prendre celui de l'auteur des Mémoires d'outre-tombe.
NÉCROLOGIE
— M. Isidore Alexandre Augustin Pils, qui vient de
mourir, était depuis longtemps souffrant. Né à Paris le
19 juillet 1813, élève de M. Picot et de l'École des Beaux-
Arts, il remporta en 1838 le grand prix de Rome; le
sujet du concours était Saint Pierre guérissant les boiteux à
la porte du temple. Il débuta par des tableaux religieux et
quitta ce genre pour les sujets militaires; ses meilleurs
tableaux sont indiscutablement ceux qui lui ont été inspirés
par son séjour à l'armée d'Orient pendant la campagne de
Crimée.
Chevalier dp la Légion d'ho.meur en 1857, il devint
officier en 1867, fut nommé professeur de peinture à l'Ecole
des Beaux-Arts, lors de sa réorganisation, en décembre 1863,
et, le 7 novembre 1868, il succéda à l'Académie des Beaux-
Arts à son maître M. Picot. ,
M. Pils vivra par quelques-unes de ses toiles militaires,
par sa très-importante décoration de l'escalier du nouvel
Opéra et aussi par une foule d'aquarelles du faire le plus
artiste que se disputeront toujours vivement les connais-
seurs.
1. Numéros du catalogue.
U Gérant, HIPPOtiYTE HEYMANN.
48
Nous citerons un paysage (n° 312 . bis) qui a atteint
1,300 francs, le n° 415, Dans le Tyrol. au confluent d un lac.
1,450 francs, une Prairie (n° 454), qu'on a poussée à 1,710 francs,
une Vue de Naples. d'après une photographie, qui est parvenue
à 1,055 fraPcs-
Les dessins et pastels ont été moins disputés encore et pour
la même raison. La moyenne des prix ne s'est pas élevée à
50 francs.
Les tableaux de sa collection n'ont pas eu un sort plus bril-
lant. Sauf quatre Daumier : les Curieux à l'étalage (1,500 fr.),
— l'Amateur d'estampes (1,550 fr.), — le Barreau (1,160 fr.),
— les Conseils au jeune artiste (1,520 fr.), — une Marine, de
J. Dupré (1,805 fr-)) — ^a Couseuse. de Ed. Frère (2,000 fr.),
— il n'y avait là rien de bien remarquable.
Au point de vue spécial de la biographie de Corot, cette
vente donne lieu à une observation qui a son intérêt et qui résulte
du nombre même des tableaux, esquisses et dessins de toute
nature qu'il a laissés. Quelle qu'ait été la facilité de l'artiste, une
pareille multitude d'œuvres suppose une puissance et une persis-
tance de travail qu'on ne saurait trop admirer. Ainsi, parmi les
toiles vendues comme tableaux et esquisses terminés, il y en a
quarante-sept qui datent de 1822 a 1824; dix-sept appartiennent
à la seule année 1834. L'âge même n'a en rien refroidi son
ardeur; dans les quatre années qui ont précédé sa mort, de 1870
à 1875, quand il avait près de quatre-vingts ans, nous trouvons
trente-neuf tableaux terminés, sans compter les esquisses ina-
chevées. Quand on songe de plus que ce catalogue ne contient
qu'une seule des grandes œuvres par laquelle il a porté dans le
monde entier la gloire de l'Ecole française, on ne peut s'empê-
cher de sourire en pensant aux réclamations indignées des
artistes incompris qui, après avoir brossé trois ou quatre toiles,
s'étonnent d'avoir encore à travailler pour devenir célèbres et
s'emportent contre l'ingratitude du siècle.
Le 2 juillet a eu lieu, à l'hôtel Drouot, par le ministère de
M« Charles Pillet, —expert, M. Féral, — la vente de soixante et
une aquarelles, portant pour titre : Histoire de mon temps, et
provenant de la célèbre galerie SanDonato, par Eugène Lami, le
FAITS
Le 5 août a eu lieu à Saint-Malo l'inauguration de la statue
de Chateaubriand, œuvre de M. Aimé Millet. Des discours ont
été prononcés, au nom de l'Académie française, par son direc-
teur, M. Camille Doucet, et par M. le duc de Noailles, qui a
succédé à Chateaubriand; au nom de la Société des gens de let-
tres, par M. Paul Féval. Les sociétés chorales ont chanté : Com-
1 Magister elegantiarum, le roi des aquarellistes et l'aquarelliste
des rois. Il est certain, en effet, que l'on pourrait refaire avec les
aquarelles de Lami une partie de l'histoire de notre temps, l'histoire
des modes, des raffinements du luxe, de; bals et des fêtes de cour,
des costumes et des plaisirs de l'aristocratie. Sa gloire est telle
qu'il a en Angleterre et en France des admirateurs qui ne
craignent pas de le comparer à Lawrence et même à Watteau.
Il est certain que nul de notre temps n'a paru mieux doué que
lui pour la spécialité dont il a fait son domaine, et hors de laquelle
il n'a jamais voulu se laisser entraîner, malgré les succès aux-
quels son talent lui permettait d'aspirer.
Parmi ces soixante et une aquarelles, voici celles qui ont
atteint les plus hauts prix :
3 '. Les Sciences et les Arts. (IL, 18 c. ; L., 22 c.) 305 fr. —
10. Un Intérieur de Famille. (H., 18 c. ; L., 30 c.) 425 fr. —
11. Intellectuels. (II., îc, c. ; L., 40 c.) 325 fr. — 12. Le Foyer
de la danse à l'Opéra. (H., 26 c. ; L., 48 c.) 455 fr. — 13.
Fêtes de Versailles. (H , 30 c. ; L., 26 c.) 1,065 fr. — 14. Fêtes
de Versailles (l'Armée). (H., 24 c. ; L., 35 c.) 450 fr. — 15.
Fêtes de Versailles (les Peintres). (H., 24 c; L., 34 c.) 310 fr. —
17. L'Arrivée au bal de la Ville. (H., 21 c; L., 28 c.) 405 fr. —
20. La Retraite. (H., 20 c. ; L., 30 c.) 425 fr. — 22. Un Poète
d'à présent. (H., 19 c; L., 25 c.) 480 fr.— 25. Le Départ pour
le bal masqué. (H., 20 C. ; L., 27 c.) 400 fr. — 28. Les Amis
de collège. (H., 20 c; L , 27 c.) 405 fr. — 31. Héraclite et Dé-
mocrite. (H. 21 c; L., 27 c.) 305 fr. — 36. La Fontaine de Jou-
vence. (H., 26 c. ; L.,48 c.) 405 fr. — 37. Le Bal d'enfants. (H.,
18 c; L., 40 c.) 505 fr. — 41. Les Maris au bal de l'Opéra.
(H., 28 c; L., 42 c.) 305. — 43. Le Monde. (H., 22 c; L., 32 c.)
350 fr. — 44. Une Convalescence. (H., 26 c. ; L., 35 c.) 310 fr.
— 45. Un IVhist diplomatique. (IL, 20 c. ; L., 25 C.) 600 fr. —
46. State Horses. (H., 25 c; L., 38 c.)405 fr.—48. L'Apr'es-dînée
en province. (H., 27 c. ; L., 34 c.) 405 fr. — 49. Le Contrat de
mariage. (H., 24c; L., 44 c.) 1,220 fr. —- 52. La Colère. (IL,
19 c. ; L., 40 c.) 470 fr. — 53. La Luxure. (H. 20 c. ; L., 26 c.)
310 fr. — 37. Les Contrastes. (H., 13 c. ; L., 38 c.) 330 fr. —
60. Un Stceple-chase. (IL, 21 c. ; L., 36 c.) 930 fr.
Le total général s'est élevé à 18,990 fr.
DIVERS
bien j'ai douce souvenance. Cette cérémonie avait attiré une
foule énorme de tous les points de la France et même de l'An-
gleterre.
La statue de Chateaubriand est érigée devant la maison où
il est né, sur la place Saint-Vincent, qui désormais quitte son
nom pour prendre celui de l'auteur des Mémoires d'outre-tombe.
NÉCROLOGIE
— M. Isidore Alexandre Augustin Pils, qui vient de
mourir, était depuis longtemps souffrant. Né à Paris le
19 juillet 1813, élève de M. Picot et de l'École des Beaux-
Arts, il remporta en 1838 le grand prix de Rome; le
sujet du concours était Saint Pierre guérissant les boiteux à
la porte du temple. Il débuta par des tableaux religieux et
quitta ce genre pour les sujets militaires; ses meilleurs
tableaux sont indiscutablement ceux qui lui ont été inspirés
par son séjour à l'armée d'Orient pendant la campagne de
Crimée.
Chevalier dp la Légion d'ho.meur en 1857, il devint
officier en 1867, fut nommé professeur de peinture à l'Ecole
des Beaux-Arts, lors de sa réorganisation, en décembre 1863,
et, le 7 novembre 1868, il succéda à l'Académie des Beaux-
Arts à son maître M. Picot. ,
M. Pils vivra par quelques-unes de ses toiles militaires,
par sa très-importante décoration de l'escalier du nouvel
Opéra et aussi par une foule d'aquarelles du faire le plus
artiste que se disputeront toujours vivement les connais-
seurs.
1. Numéros du catalogue.
U Gérant, HIPPOtiYTE HEYMANN.